2017 est en France l’année du Japon. Officieusement au moins puisque pas moins de quatre expositions auront été consacrées à son architecture. De l’architecte oublié aux projets phares du Grand-Paris, la souplesse est de mise pour ce grand écart architectural. De Tokyo à Paris, l’occasion de se souvenir de la réalité des échanges et des fascinations mutuelles. Visites guidées.
Dans sa version express à l’UNESCO
Du 4 au 8 septembre 2017 à l’Unesco.
Suite au succès de l’exposition inaugurale «Cultures et créativité japonaises» organisée en octobre 2016, une nouvelle exposition intitulée «Voyage créatif au Japon 2017» s’est tenue du 4 au 8 septembre au Siège de l’Unesco, à Paris.
L’exposition de cette année a représenté les voyages au Japon basés sur le thème «Héritage des traditions et création d’une nouvelle culture», à travers les yeux des photographes, cinéastes et exposants des métiers et des cultures traditionnels.
Dans le cadre de cet événement étaient organisées deux projections spéciales de films d’animation japonais primés, exemples d’innovation et de diversité de l’expression artistique, mondialement reconnus.
Une spéciale ‘architectes’ au Pavillon de l’Arsenal.
Architectures japonaises à Paris 1867-2017, jusqu’au 24 septembre 2017
Les architectes japonais écrivent avec Paris une histoire singulière et méconnue, riche de multiples rencontres, expositions et installations, projets et réalisations emblématiques. L’exposition révèle le lien entre deux cultures forgé dès la fin du XIXe siècle et qui se traduit aujourd’hui par une dizaine de constructions majeures, en cours ou récemment livrées dans la métropole parisienne.
Si les échanges culturels entre le Japon et la France existent depuis l’ère Meiji (1868-1912), notamment avec la création de pavillons temporaires pour les différentes expositions internationales, ils s’intensifient à partir de 1928 avec l’arrivée des architectes Kunio Maekawa et Junzo Sakakura venus découvrir la modernité́ auprès de Le Corbusier.
L’attrait se transforme ensuite en curiosité́ réciproque dont témoigne l’attirance pour la culture nippone des intellectuels français. Portées par le très nippophile maire de Paris Jacques Chirac, les figures fondatrices de l’architecture japonaise moderne Kisho Kurokawa, KenzoTange ou Tadao Ando mettent en œuvre leurs premières réalisations parisiennes dans les années 1980-1990 au Grand écran, à La Défense ou à l’Unesco.
La scénographie réemploie et transforme les précédents aménagements de l’exposition «Paris – Haussmann» pour accueillir sous la lumière naturelle, une cinquantaine de maquettes, des croquis de conception, des documents historiques et des films qui racontent tant l’histoire de l’architecture japonaise à Paris que le développement urbain francilien. Relire l’histoire urbaine au travers de l’architecture japonaise à Paris offre ainsi une promenade inédite qui rappelle les grandes périodes de transformations et décline les grands items de la ville de demain
Au travers de soixante-dix projets emblématiques, la manifestation «Architectures japonaises à Paris, 1867-2017» explore l’histoire et l’actualité́ du Grand Paris sous le prisme d’un dialogue engagé il y a 150 ans.
La mise en abyme à Pompidou Metz
JaponMania, jusqu’au 8 janvier 2018 au Centre Pompidou Metz.
Une saison artistique du Centre Pompidou-Metz (septembre 2017 – mars 2018) sera sans conteste nippone. Au cœur de l’architecture audacieuse de Shigeru Ban, les artistes japonais sont à l’honneur à partir de l’automne 2017, avec une grande saison inédite consacrée aux multiples facettes de la création japonaise contemporaine.
Trente ans après la dernière exposition transversale consacrée au Japon, le Centre Pompidou-Metz propose une relecture sensible et pluridisciplinaire de la scène artistique japonaise. Deux expositions pluridisciplinaires consacrées aux mutations artistiques et architecturales du Japon, de l’après-guerre à nos jours, prennent place dans trois galeries de l’établissement, dépassant les clichés occidentaux et l’imagerie parfois réductrice du Japon traditionnel.
Le projet relatif aux arts visuels depuis 1970 offre des rapprochements cohérents et novateurs entre artistes, parmi lesquels Rei Kawakubo, Kenzo Tange, Yayoi Kusama, Hiroshi Sugimoto, Takashi Murakami, On Kawara, Toyo Ito ou encore Yasumasa Morimura, entremêlant les disciplines, croisant les regards, interpellant les univers. Dans un projet parallèle et nourri des convergences établies précédemment, une nouvelle histoire de l’architecture japonaise depuis 1945 expose et souligne les mutations des grandes villes japonaises.
En résonance avec les expressions artistiques exprimées dans les moindres détours du bâtiment de Shigeru Ban, un accrochage hommage est consacré à ce dernier, par une composition archipélique de ses maquettes et travaux, illustrant la cohérence plastique et formelle des nombreuses réalisations de cet architecte de renommée internationale, récompensé́ par le Pritzker Prize en 2014.
La rétrospective à la Maison de la culture du Japon à Paris
«Junzô Sakakura – Une architecture pour l’homme» jusqu’au 8 juillet 2017
Architecte japonais et disciple de Le Corbusier dans les années 1930, Junzô Sakakura (1901-1969) a été le fer de lance du mouvement moderne au Japon. Concepteur du Pavillon du Japon à l’Exposition internationale de Paris de 1937, il obtient à cette occasion le Grand prix d’architecture et devient ainsi le premier architecte japonais reconnu sur la scène internationale. 80 ans après, une exposition permet de redécouvrir son œuvre et sa carrière, à travers le prisme de ses séjours et ses liens parisiens.
Cette exposition a également été l’occasion de mesurer le travail des Archives nationales d’architecture moderne du Japon, ainsi que l’histoire des échanges franco-japonais et la contribution des architectes japonais au mouvement moderne.
Junzô Sakakura fait partie du cercle d’admirateurs et continuateurs de l’œuvre de Le Corbusier et les cinq années qu’il a passées, de 1931 à 1936, dans son atelier parisien ont été pour lui une étape fondamentale. De retour dans son pays natal en 1939, Sakakura ouvre son cabinet d’architecture et est le premier à faire connaître la pensée moderniste, en y insufflant un esprit typiquement japonais. Ses nombreux chefs-d’œuvre – logements individuels, bâtiments publics, meubles et projets d’urbanisme – jettent ainsi pour la première fois des ponts entre la France et le Japon dans le domaine de l’architecture.
Alice Delaleu