En octobre 2018, l’agence Architecture Patrick Mauger a inauguré à Paris pour la RIVP un Centre de recherches interdisciplinaires (CRI) dont le programme commandait des salles d’enseignement, une salle de conférences, un ‘learning center’, des laboratoires, des bureaux, une lounge, etc. En même temps, Eddy Vahanian livrait les 55 logements pour la résidence de chercheurs. Communiqué.
Le défi pour le groupement Eddy Vahanian, Architecture Patrick Mauger et Daniel Lefèvre, lauréat du concours lancé en 2013 par la RIVP, était de concevoir un CRI de 5 350 m², comptant notamment parmi ses activités FabLab, GameLab, MobileLab, MOOC Factory, etc. ainsi qu’un résidence dévolue au chercheurs dans 1 950 m², le tout avec 1 500 m² de surface neuve dans un budget de 19,94M€.
Situé au cœur du quartier historique du Marais, à deux pas du village Saint-Paul, le CRI est implanté en limite d’un cœur d’îlot occupé par des terrains de sport municipaux. L’ensemble immobilier, restructuré dans le cadre d’une opération mixte, est soumis aux contraintes du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) du quartier du Marais et à celles du Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) du département de Paris.
La réhabilitation et l’extension de ce complexe immobilier répondent à plusieurs objectifs. Le premier était d’inscrire en harmonie, dans leur environnement privilégié, les deux bâtiments largement transformés et rénovés. «Il s’agissait de renforcer la typologie de l’hôtel particulier entre cour et jardin, de concevoir, au 8 rue Charles V, une extension à l’écriture contemporaine, sensible aux enjeux environnementaux», explique Patrick Mauger.
Le second objectif était de favoriser la rencontre, le dialogue et la communication en insufflant un esprit commun à la réhabilitation. «La cohérence de l’ensemble s’exprime par la distribution topographique de ses fonctions, la grande lisibilité du plan, la fluidité des circulations horizontales et verticales, et aussi par la possibilité de ses évolutions, voire de mutations, de son organisation spatiale, plasticité indispensable à l’innovation», poursuit l’architecte.
Un autre enjeu était de concevoir un centre de recherche à la pluralité fonctionnelle, en développant des espaces étroitement liés, avec un socle commun de lieux d’échanges sur deux niveaux, ainsi qu’une flexibilité des étages superposés, pour permettre l’évolution des fonctions d’enseignement et de recherche. «Il s’agissait également d’articuler les espaces communs d’échanges et la résidence étudiants, par la recherche de transparence et de communication visuelle entre eux», souligne Patrick Mauger.
Enfin, le projet entend afficher la transition écologique comme moteur de la mutation architecturale, par la diversité des volumes et des perspectives, la lumière et la transparence, l’homogénéité des matériaux, la simplicité des installations techniques, les faibles dépenses énergétiques et la facilité de maintenance.
Composition
L’ensemble des bâtiments des n° 8 et 10 de la rue Charles V, aujourd’hui réunis sur la même parcelle, se composent de deux entités bien distinctes.
Au n° 10, l’ancien Hôtel de Maillé édifié au XVIIe siècle, était composé à l’origine d’un corps de logis principal entre cour et jardin. Deux ailes en retour sur cour le relient à celle des communs donnant sur la rue Charles V (anciennement rue Neuve Saint-Paul), par une grande porte à imposte sculptée sous Louis XVI. Ce corps principal et les deux ailes en retour sur cour ont été surélevés de plusieurs niveaux.
Construit bien plus tard, en 1938 et accompagné d’annexes, le bâtiment de cinq étages du n° 8 remplace un ensemble de constructions anciennes. Tant par son échelle que par son retrait de l’alignement, ce bâtiment qui abritait une laiterie industrielle marque, sur rue, une rupture avec les constructions voisines. Dans un tissu urbain relativement homogène, ceci lui confère un statut singulier. La totalité de cette partie du terrain est occupée par des constructions qui s’articulent en trois parties : un bâtiment sur rue de cinq étages, voué à l’origine à des bureaux, un bâtiment à trois étages (rez-de-chaussée surmonté de deux étages carrés) en fond de parcelle, et une aile d’un niveau reliant les deux volumes au rez-de-chaussée.
Associant désormais résidence et recherche dans un ensemble unitaire, qui fait oublier la disparité de l’ensemble immobilier d’origine, les nouveaux aménagements architecturaux se caractérisent par leur fluidité, leur modularité et les particularités techniques d’un lieu à usages multiples.
Le CRI et la résidence étudiante fonctionnent en synergie grâce à la perméabilité des espaces du corps central du bâtiment, qui assure l’interaction entre les deux institutions. Dans la cour, trois accès desservent les différentes parties du programme.
Le rez-de-chaussée haut et le rez-de-chaussée bas, aménagé dans l’ancien sous-sol excavé sont autant d’espaces communs partagés. Au rez-de-chaussée haut, le ‘lounge’, espace pivot commun, se déploie en double hauteur entre cour et jardin. Dans cette faille prennent place deux escaliers, celui de la résidence dessert la laverie et l’espace de détente, celui du centre de recherche donne accès au rez-de-chaussée bas, où le foyer dessert l’amphithéâtre, la salle d’enregistrement des MOOC (massive open online courses) et l’’escape’ room.
Surplombé par les passerelles du lounge, le hall situé le long du foyer et de ses dépendances permet d’admirer, sur une double hauteur baignée de lumière naturelle, l’ensemble des espaces de détente des rez-de-chaussée haut et bas, visuellement reliés.
L’amphithéâtre modulable de 126 (+4 pmr) places est situé sous le jardin. Large et peu profond, celui-ci réunit huit rangs de sièges sur quatre gradins.
Les salles d’enseignement, les laboratoires et les bureaux disposent des plateaux modulables des cinq niveaux supérieurs sont regroupés sur les niveaux R+1 à R+5 dans une réelle mixité fonctionnelle, qui favorise les échanges entre les utilisateurs autour des noyaux techniques et des espaces servants.
L’implantation des espaces de recherche est privilégiée dans l’aile nord, les lieux dédiés aux études étant plutôt en partie centrale, entre les pôles de recherche et d’enseignement, où sont installés des modules de bureaux, voués selon les niveaux aux différentes activités. Sur rue, dans l’aile sud, se trouvent des bureaux et quelques salles de réunions et de groupes.
La réouverture des façades historiques
Les façades historiques ont fait l’objet d’un travail de réordonnancement, afin de retrouver la lecture d’un rez-de-chaussée noble sur la cour d’honneur, des grandes haies centrées sur les ailes latérales. Sur la rue, au 8 rue Charles V, les haies du bâtiment des années 1930 ont été abaissées pour laisser voir l’animation des espaces du ‘learning center’.
La résidence étudiants et chercheurs
Constituée d’espaces très différenciés dans un ensemble lui-même composite, la résidence s’étend du bâtiment sur rue en étages (n°10) vers le bâtiment central sur toute sa hauteur. Elle rassemble 55 logements meublés de typologies très variées, répartis entre l’entresol et le 4ème étage, et une salle commune, qui contribue aux échanges et à la convivialité. Eddy Vahanian, architecte de l’ouvrage, s’est laissé guider par la volumétrie de l’existant pour faire de chaque logement un petit projet à part entière, avec le parti pris d’une écriture contemporaine en « seconde couche ».
La typologie de l’hôtel particulier entre cour et jardin donne vie à cet ensemble qui respecte toutes les contraintes du plan climat de la Ville de Paris. Selon leur situation, les façades ont été restaurées avec des menuiseries bois ou composées avec des
L’architecture du nouveau site contribue à consolider la place de Paris comme premier pôle de recherche en France. En rassemblant sous un même toit les nombreux projets du CRI et ses formations innovantes, elle renforce la cohérence et la reconnaissance de l’institution ouverte sur la ville.