Dans le nouveau quartier République de l’Ile de Nantes, la construction pour Harmonie Habitat, maître d’ouvrage, d’un programme de 4 200 m² comptant 39 logements locatifs sociaux familiaux et 19 logements en accession sociale (et une surface commerciale), est l’occasion d’une dialectique féconde entre la radicalité constructive portée par Atelier Martel et la générosité sociale défendue par Atelier Rita.
L’esprit de l’île de Nantes
Un souffle créatif et progressiste anime le projet urbain de l’île de Nantes, depuis le premier plan guide élaboré par Alexandre Chemetoff et l’Atelier de l’île de Nantes. L’actuelle équipe de maîtrise d’œuvre urbaine AJOA-laq défini un quartier République conciliant, une délicate attention aux pratiques quotidiennes, avec de hautes ambitions sociales et environnementales, et un sens aigu de l’évolutivité de l’espace urbain.
D’où l’échelle spécifique des grands îlots, leur découpage parcellaire, leur irrigation par le végétal, la mutabilité du sol et la variété altimétrique et typologique des constructions à venir mais aussi la caractérisation de l’espace public, la place faite au piéton, les frontages ou l’animation commerciale des rez-de-chaussée, la gestion surfacique des eaux pluviales et la riche palette végétale.
À cette pratique vertueuse de la fabrique de la ville, s’ajoute l’exceptionnelle ambition du maître d’ouvrage, Harmonie Habitat, filiale d’une mutuelle santé qui place la santé des habitants au sommet de ses préoccupations. Pour inciter à l’exercice physique, l’escalier doit être plus désirable que l’ascenseur, et les circulations à l’air libre. Pour la qualité de l’air, les appartements sont tous traversants (même les T1), bien ensoleillés mais sachant rester frais, et les matériaux sont rigoureusement choisis pour leur pérennité et leur durabilité.
Le contact avec la nature doit être permanent, et chaque habitant à accès à la terre, il peut cultiver des légumes et autres plantes aromatiques.
Si ces valeurs sont portées de longue date par Atelier Martel et Atelier Rita, le contexte présente un rare alignement de planètes, et nous donne l’occasion de développer un projet manifeste. D’autant que le cadre économique, forcément contraint, impose une certaine radicalité, une réponse à l’appel de la frugalité heureuse.
Le projet architectural nait d’une dialectique féconde entre la radicalité constructive portée par Atelier Martel, la générosité sociale défendue par Atelier Rita, et les objectifs de bien-être d’Harmonie Habitat.
La méthode a amorcé un cercle vertueux, par lequel les solutions spatiales ou techniques motivées par la performance économique, nourrissent des réponses pertinentes aux ambitions écologiques, sociales, et sanitaires, qui elles-mêmes permettent d’aller de l’avant dans la rationalisation constructive.
Manifeste pour une île durable
Les ambitions sociales et écologiques doivent être envisagées en parallèle, et les bonnes pratiques afférentes coordonnées pour se nourrir les unes des autres, au service de la fabrication de cette ville résiliente et inclusive qui constitue déjà la réalité de l’île de Nantes. Les logements sont traversants, répondant simultanément à un objectif climatique – favoriser le confort estival – et sanitaire – améliorer la qualité de l’air intérieur.
On a évoqué plus haut les synergies entre activité physique, coursives et frontages végétaux. Mais l’inclusion architectonique du végétal sert aussi la stratégie de lutte contre l’îlot de chaleur, tout en apportant des bénéfices prouvés en termes de confort psychologique ; il peut être mobilisé comme outils de développement de la communauté habitante via les jardins partagés, vecteur d’activité physique et d’amélioration de l’alimentation.
Le végétal occupe trois niches écologiques, démultipliant les occasions pour les habitants de planter, de s’occuper de végétaux, et de consommer des fruits et légumes :
• Les coursives accueilleront des cultures en pots, fleurs et arbustes devant chez soi, un dispositif pensé comme des « frontages d’étages ».
• Les toitures terrasse accueilleront des cultures en bacs, permettant à tous les habitants des immeubles collectifs de disposer de leurs propres potagers privatifs.
• Le jardin en cœur d’îlot accueille de grands arbres en pleine terre, ainsi que des fruitiers à l’arrière des jardins des maisons.
Nous avons à cœur de favoriser par l’architecture une culture du vélo, dont le stationnement pourra éventuellement se rapprocher des appartements grâce aux larges coursives. Et plus généralement, il s’agit de favoriser les « promenades architecturales de santé », et de rendre la marche à pieds désirable au sein du lot :
• Donner envie de prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur (confort de marche, générosité spatiale, lumière naturelle, paliers-salons).
• Proposer de larges coursives paysagères, agrémentées de fleurs et d’herbes aromatiques
• Penser le lot Andy comme un réseau de destinations : le toit comme un belvédère, le jardin central comme un lieu de rencontres ouvert au collectif, les coursives comme des promenades permettant des échanges plus intimistes.
Des ateliers avec les futurs résidents seront organisés dès les premiers locataires désignés, pour définir les espaces partagés en terrasse et en cœur d’îlot. Il ne s’agit pas de projeter un lieu fantasmé mais de faire émerger de vrais besoins et envies des futurs résidents, et favoriser les mécanismes d’appropriation.
À la manière de l’urbanisme transitoire qui traduit une évolution des modes de faire, mettons l’usage au premier plan et l’usager en première ligne. Au fur et à mesure que le processus d’installation prend forme, nous souhaitons dessiner avec les futurs habitants, accompagner leurs décisions quant à l’usage et instiller une démarche participative. Ceci est une bonne pratique pour envisager des espaces partagés.
La volumétrie et la diversité économiquement maîtrisée
La volumétrie proposée par la fiche de lot nous offrait l’opportunité de prolonger de précédentes recherches typologiques. Nous développons ici des types très différents, comme autant de manières d’habiter l’îlot et la ville. Cette stratégie permet de proposer quatre types de toitures différentes et ainsi accentuer le rythme de la ligne de toiture et l’ensoleillement des logements et des espaces publics. Mais ces volumes fortement différenciés, renforcés par des façades marquées, sont pourtant issus d’un même principe constructif, simple et économique, systématisé et mutualisé à l’échelle du lot.
Atelier Martel – Atelier Rita
(Perspectiviste : Playtime)
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A propos de la SAMOA
La Samoa est une société publique locale créée en 2003 à l’initiative de Nantes Métropole. Elle est chargée jusqu’en 2037 de l’aménagement de l’île de Nantes et du développement économique des filières culturelles et créatives sur le territoire. Cette originalité lui permet d’expérimenter de nouvelles manières de fabriquer la ville et ses usages. Territoire de 337 hectares en mouvement, l’île de Nantes se positionne comme un véritable laboratoire in vivo.
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SAMOA
2, ter quai François-Mitterrand
BP 36 311 – 44263 Nantes Cedex 2