A Toulouse, l’agence Patrick Mauger, lauréate en février 2023 du concours de maîtrise d’œuvre, construira la restructuration du site des Archives Départementales de la Haute-Garonne. Maître d’ouvrage : le Conseil départemental de la Haute-Garonne. Surface : 7 700 m². Coût : 10,5 M€ HT. Livraison prévue : 2026. Communiqué.
Un bâtiment historique emblématique, dans un site contraint
Construit en 1955, le bâtiment des Archives Départementales de la Haute-Garonne est, à l’époque, l’édifice de dépôt le plus haut de France. Conçu par les architectes Castaing et Viatgé, il se démarque par son architecture moderne-brutaliste, le volume compact et vertical de son silo de stockage et sa façade modulaire et répétitive, entièrement vitrée.
Lieu de stockage de la mémoire, dont les dimensions sont dictées par les étagères d’archives qu’il accueille, ce grand parallélépipède rationnel s’articule avec un bâtiment de deux niveaux, à l’échelle de l’homme, dans lequel se trouvent la salle de lecture et les espaces ouverts au public. Le rez-de-chaussée sur pilotis est dégagé, le bâtiment imposant et majestueux s’ouvre à la ville.
En 1985, une première extension, reliée au silo d’archives par une passerelle, est construite au nord. En 1995, une nouvelle salle de lecture est adjointe au sud.
L’ensemble s’inscrit dans un site contraint : une parcelle très étroite, bordée à l’est par les voies de chemin de fer et, à l’ouest, par le canal du Midi.
Un bâtiment qui évolue avec son temps
Malgré les interventions successives, les modes constructifs de l’époque ne correspondent plus aux exigences thermiques et de sobriété énergétique actuelles du site, qui fait simultanément face au besoin croissant d’espace de conservation et de traitement des archives. En outre, son déploiement sur plusieurs bâtiments en contraint fortement l’usage, obligeant les agents à de nombreux déplacements.
Le programme comprend notamment : salle de lecture, salle d’exposition, accueil du public, restauration et traitement des archives, administration, logement de fonction.
La conception s’est articulée à partir de deux questionnements. Comment réhabiliter et étendre les Archives Départementales pour en faire un outil fonctionnel, qui réponde aux besoins de la collectivité, tout en magnifiant le bâtiment de 1955, labellisé « Architecture contemporaine remarquable » en 2017 ? Comment concevoir aujourd’hui, dans ce site urbain aux géométries contraintes et sous pression foncière, un projet peu consommateur de surface au sol et de matière, tout en satisfaisant aux problématiques environnementales, afin d’assurer la pérennité du projet ?
Un parti architectural qui repose sur trois points forts.
Créer un bâtiment unique, qui regroupe les nouveaux silos d’archives, les locaux administratifs, les nouvelles salles de lecture et d’expositions ouvertes aux publics. Les premières extensions sont démolies. Le nouveau bâtiment, construit et connecté au sud du bâtiment initial, assure des liaisons fonctionnelles et rapides entre tous les locaux. Le bâtiment bas existant fait office de rotule entre le silo d’archive historique et l’extension. Il conserve sa fonction d’entrée et d’accueil du public en rez-de-chaussée. Les entrées y sont concentrées et différentiées. A l’est, côté voies SNCF, le nouveau bâtiment regroupe les ateliers en rez-de-chaussée et les silos d’archives sur les huit étages supérieurs et, à l’ouest, ouvrant sur le canal, les espaces publics, administratifs et le logement de direction.
Concevoir une architecture verticale, qui reprend l’esprit initial des Archives. La perception du bâtiment historique labellisé est recréée, grâce à la démolition de l’extension nord de 1985. L’escalier de secours retrouve sa force de signal iconique, côté ville. La façade du rez-de-chaussée est reculée pour redonner la lecture des pilotis d’origine, l’édifice retrouve sa force et sa légèreté.
Le nouveau bâtiment affirme sa personnalité par des proportions et un rythme de façade qui reprend la cadence des bâtiments initiaux. Il est constitué de façades cadres en béton, dont le rythme, plus large en partie basse, permet d’ouvrir sur la ville les espaces d’expositions et la salle de lecture à l’étage. Plus resserré dans les étages, il protège de l’ensoleillement les bureaux. Au niveau des silos d’archives, l’intérieur des façades cadres reprend le motif géométrique de la façade historique, avec l’alternance de deux rectangles horizontaux, puis deux rectangles verticaux. Un dialogue se crée ainsi entre les deux bâtiments.
Un nouveau parvis public, ouvert et dégagé, clarifie l’accès au bâtiment et invite les visiteurs à y pénétrer.
Construire un bâtiment efficace et compact, dans une volonté de sobriété, de simplicité et de rapidité d’exécution du chantier, qui se déroulera en site occupé.
Le nombre de déménagements sera limité, le bâtiment existant fonctionnera le plus longtemps possible, avant que les archives et le personnel n’emménagent dans la nouvelle extension. La surface d’enveloppe est réduite et munie d’un système de double paroi, qui agit selon le principe d’une bouteille thermos. Ceci assure une sécurité climatique maximum pour les silos d’archives. Dans les espaces accueillant le public et le personnel, un système de ventilation par cheminée thermique solaire diminue les échauffements et limite les consommations d’énergie.
Le système de façades cadres, préfabriqué en usine, assure une pose rapide sur ce site contraint. Il est particulièrement adapté aux exigences de conservation des documents, fortement sensibles à l’humidité liée au séchage du béton.