La reconstruction de l’Ukraine sera celle d’un pays détenteur de multiples ressources naturelles constituant l’essentiel de sa richesse – d’un État dont l’empreinte humaine est puissante, mais dont l’identité économique balance entre deux époques et différentes forces. Chronique du philosophe.
Pour initier congrûment la réédification de ce territoire, les principes élémentaires de l’Europe doivent urgemment être adaptés à une période de trouble n’interrompant rien d’autre qu’un système se situant, quoi qu’il en soit, au bord du précipice.
La réécriture de l’Ukraine doit intervenir avec celle de l’Europe.
Le processus d’élargissement de l’UE actuellement en vigueur ne permettrait en aucun cas une incorporation de l’Ukraine à une Europe qui n’a pourtant d’autre alternative que de se vouloir aussi forte que réactive.
Néanmoins, ni les fondamentaux de l’Etat de droit, ni le fonctionnement des institutions démocratiques et de l’administration publique, et encore moins l’économie de l’Ukraine, n’auront acquis une quelconque stabilité avant la décennie prochaine.
Par conséquent, la France doit, en sa qualité de socle européen, aux côtés de l’Europe, représentant elle indépendamment le couvercle homéostasique d’un paradigme dont l’équilibre est fragile et subtil, agir physiquement et intellectuellement afin de proposer une possibilité d’intégration de l’Ukraine au sein de l’Union européenne en usant d’une écriture inédite.
Lors de sa visite à Kyiev le 8 avril 2022, le message de la Présidente de la Commission européenne était clair. Ursula von der Leyen a ouvertement déclaré que l’Ukraine faisait partie de la famille européenne.
Après l’invasion lancée par la Russie en février 2022, l’Ukraine a effectué une demande officielle d’adhésion à l’UE.
Cependant, c’est ici que le bât blesse ; la dimension technocratique de l’Europe en vigueur jusqu’ici rendait certaines adaptations économiques complexes, mais là, l’aspect administratif de l’Union européenne nous dirige vers une lenteur sophistique et inéluctable.
Parce que, contrairement aux idées reçues, la Commission ne décide pas de l’intégration d’un pays au sein de l’Union. Ce sont les États membres qui doivent approuver à l’unanimité l’adhésion d’un pays candidat, considérant que ce nouvel allié dispose d’atouts politiques, économiques et communautaires durablement établis et propices à conforter la stabilité de l’Europe.
Cependant, se résoudre à envisager que l’Ukraine nous rejoigne en respectant exactement cette lecture diplomatique revient à admettre une impossibilité politique.
Si nous souhaitons que l’Ukraine fasse partie de l’Union européenne, le ralliement de celle-ci ne doit pas nécessiter un assentiment des 27 États actuellement membres, étudiant alors les 35 chapitres de l’acquis communautaire comme ceux-ci furent expertisés durant le passé pour d’autres nations.
L’Ukraine est un allié idéal pour l’Europe.
Les temps ont changé, les droits de l’homme comme le respect des minorités ne sont plus bafoués de la même façon qu’ils l’ont été hier.
L’économie est aujourd’hui divisée en deux catégories ; la partie occidentale de l’Union dont nous représentons le peuple fort maîtrise parfaitement les savoir-faire financiers, en revanche, la productivité est ici en panne, à l’instar de la transformation et de la répartition de l’énergie.
De facto, malgré son défaut d’équilibre politique, l’Ukraine est à compter parmi les potentiels alliés valeureux d’une Union européenne dont la structure ne pouvait qu’être revisitée.
En 2019 le pays est le 7ème producteur mondial de minerai de fer (réserves 28 milliards tonnes), le 8ème producteur de manganèse (réserves 3 milliards de tonnes), le 6ème producteur mondial de titane, le 7ème de graphite et le 8ème d’uranium.
La valeur humaine et énergétique de l’Ukraine, tout comme l’indéfectible soutien que nous lui apportons depuis de nombreux mois troublés par conflits et attaques, doivent suffire à intégrer le pays dans l’Union européenne, au plus tôt et en définissant une nouvelle trame pour cette union politico-économique qu’il est urgent d’adapter aux segments contemporains de nos sociétés.
Tom Benoit
Retrouver toutes les Chroniques du philosophe