Dans le contexte des mouvements initiés à l’ENSA de Rouen et s’étendant dans l’ensemble des ENSA, l’UNEAP (Union Nationale des Étudiants en Architecture et Paysage) et l’UNSFA (Union Nationale des Syndicats Français d’Architectes) témoignent de leur regard commun sur la dégradation des conditions d’enseignement dans les écoles nationales supérieures d’architecture. Tribune.
Puisque l’échelle de raisonnement des budgets et déficits de l’Etat est le milliard d’euros, les problèmes budgétaires de l’enseignement de l’architecture relèvent du dérisoire.
Les écoles se voient ainsi contraintes d’affronter les choix de la pauvreté en effectuant des arbitrages nécessairement perdants impactant directement les conditions de formations, comme par exemple :
– des heures d’enseignements annulées et des retards administratifs graves, dus à un plafond d’emploi trop bas qui ne permet pas un remplacement des enseignants ou des personnels administratifs en cas d’absence de ces derniers ;
– des activités d’accompagnements et des voyages d’études réduits ou supprimés ;
– une maintenance des équipements et des locaux déficiente ;
– un fonctionnement et une efficacité des équipements de soutien et de ressources défectueux (numérique, atelier maquette et photo…) ;
– des espaces d’enseignements et de vie sous dimensionnés face à une capacité d’accueil maximale souvent atteinte et parfois dépassée.
Pourtant, les enjeux climatiques et le rôle des architectes pour accompagner la transition énergétique sont connus de tous. Les évolutions sociétales et familiales de ces dernières années appellent les citoyens à demander plus de qualité d’usage, de confort, de santé et de frugalité choisie pour leur cadre de vie.
L’Etat rappelle régulièrement qu’il compte sur les architectes pour accompagner ces transitions et que la société a besoin de leur vision globale de l’acte de construire pour parvenir à relever les défis concomitants de la transition écologique et du bien vivre ensemble.
Le budget alloué par étudiant en école d’architecture est cependant l’un des plus bas de l’enseignement supérieur au regard des autres formations de nature comparable, laissant les étudiants à la sortie de l’école de plus en plus démunis face à la complexité grandissante de l’exercice de la maîtrise d’œuvre.
De plus, le nombre d’étudiants diplômés et d’étudiants choisissant d’exercer la maîtrise d’œuvre reste constant depuis des années alors que pour atteindre les objectifs globaux de rénovation pour 2050, les effectifs des professionnels de la maîtrise d’œuvre compétents et performants sont déjà très largement déficitaires.
Ces constats montrent une incohérence criante entre discours politique et réalité de terrain.
C’est pourquoi l’UNSFA et l’UNEAP demandent conjointement :
– que plus d’étudiants soient formés pour répondre aux besoins actuels et à venir ;
– que de nouvelles écoles soient créées dans les zones blanches du territoire ;
– que l’Etat alloue pour cela aux ENSA des budgets décents et compatibles avec la qualité de formation attendue de l’enseignement supérieur ;
– que la qualité des études soit renforcée, et que les écoles soient en capacité de former des étudiants suffisamment armés face à la complexité grandissante de l’exercice de leur profession.
L’UNSFA et l’UNEAP appellent l’Etat à donner à l’enseignement de l’architecture les moyens de former les acteurs attendus par la population pour répondre aux grands enjeux sociétaux et environnementaux.
Donnez-nous les moyens de vos ambitions !
UNSFA UNEAP
14 mars 2023