A Roissy-Charles-de-Gaulle, l’agence Manuelle Gautrand Architecture a livré en mai 2022 un ensemble de deux hôtels 4* : un Residence Inn de 106 chambres et un Courtyard de 229 chambres partageant des équipements mutualisés (deux restaurants, un bar, un centre d’affaires, un centre de fitness, un parking souterrain de 50 places). Surface : 14 000 m². Montant des travaux : 33 M€ HT. Communiqué.
Le site du projet
Ces deux hôtels ont la particularité d’être situés sur le site de l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle à Roissy, un des plus importants aéroport au monde. Ils sont donc principalement destinés à une clientèle en partance pour un voyage, en transit entre deux vols et à une clientèle d’affaires qui souhaite la proximité d’un aéroport.
Le terrain qui accueille ces deux nouveaux hôtels s’inscrit dans un vaste site à proximité du Terminal Roissy 1, dénommé « Pôle Hôtelier » et développé dans le cadre du plan de renouveau de l’aéroport de Roissy.
Les différents bâtiments sont installés le long d’un axe urbain, mêlant à terme le tram, une double voirie de desserte de part et d’autre de l’axe du tram, et des voies cyclables et piétonnières longeant les parvis des hôtels.
Cet ensemble de flux se mêle à de larges esplanades plantées, le tout formant un axe vivant et attractif au sein de l’aéroport. Les différents hôtels vont pouvoir tirer profit de cette animation en accrochant leur lobby et leurs parties communes, dont certains restaurants, sur ce grand axe urbain.
Le terrain de ce projet se situe à la limite est de ce grand axe, juste avant son passage en dessous du « taxiway » dédié aux différentes circulations des avions avant et après le décollage. Cette situation en extrémité de l’axe donne au projet une forte visibilité totale, à la fois depuis l’axe lui-même, mais aussi et surtout depuis le taxiway, où une grande partie des avions est amenée à circuler.
Le projet est donc visible de toutes parts, tantôt par des flux de proximité circulant le long du nouvel axe urbain, tantôt par des flux plus éloignés, ceux des avions circulant sur le taxiway depuis le nord jusqu’au sud, et longeant le projet en dégageant une visibilité directe sur ses façades nord, est et sud.
La façade ouest, quant à elle, est longée par une grande traversée piétonne mêlée à une coulée verte, qui relie l’axe urbain avec le parvis du Pullman. Ce côté du site, plus végétal et intimiste, est l’inspiration pour imaginer au final un projet dont les quatre façades seront vues et vécues, tantôt par des flux piétons, tantôt par des avions ou des voitures…
La volumétrie du projet
Le programme est composé de deux hôtels de marques différentes en « combo », partageant un certain nombre de parties communes mutualisées.
La volumétrie générale met en valeur l’indépendance des deux marques, même si elles possèdent une vraie mutualisation de leurs espaces communs : Le projet est découpé en deux volumes distincts qui se faufilent l’un derrière l’autre et se greffent ensuite l’un à l’autre par un socle qui les relie.
Le projet est donc « un bâtiment » constitué de « deux volumes », lesquels permettent de conférer à l’architecture générale une plus grande légèreté dans son impact visuel, et une insertion plus douce dans le site : le projet évite ainsi une volumétrie « monobloc », et un alignement de plus de 80 m d’un seul tenant sur l’axe urbain.
Les deux volumes sont positionnés le long d’un axe est-ouest, mais sont décalés l’un par rapport à l’autre parallèlement à cet axe ; Enfin, ils sont légèrement désaxés pour créer entre eux une faille de forme triangulaire. Ainsi depuis l’axe urbain, ces deux volumes sont révélés successivement pour le promeneur, donnant au projet global une richesse de points de vue, tous différents.
Chaque volume correspond à un hôtel (une marque) ce qui permet de les repérer et de conférer à chacun d’entre eux, une identité bien distincte. Et chaque volume possède un fonctionnement intérieur, dans ses niveaux courants dédiés aux chambres, qui peut être totalement optimisé, sans perte de surface.
Le plus grand volume, linéaire, dédié à l’hôtel COURTYARD, longe la partie sud du terrain, avec un retrait de 1,90 m par rapport à la limite sud du terrain. Le plus petit volume, dédié à l’hôtel RESIDENCE INN, longe la partie nord du terrain, en s’installant directement sur l’alignement. Les deux volumes en coulisse ne sont donc pas tout à fait parallèles entre eux, ce qui crée une articulation riche entre les deux et un jeu de reflets inattendu.
Le tout permet également de dégager une belle place qui vient s’articuler sur l’axe urbain : cette place va devenir le décor unique des deux hôtels, mettant en scène leur articulation, offrant des lieux de vie et de détente pour les deux hôtels ainsi que pour le restaurant, avec une belle terrasse extérieure, un parvis prolongé par l’esplanade de l’axe urbain.
Les façades
Le projet est un travail itératif où nos recherches visent à affirmer une unité architecturale (parce que le projet est destiné à un seul groupe hôtelier), mais aussi à affirmer une complémentarité architecturale (parce que ce sont deux marques d’hôtels différentes). Les rythmes et les couleurs des façades ont fortement contribué à cette identité.
Elles accompagnent les fonctions de manière rigoureuse : au droit des chambres et de cet assemblage organisé, les façades sont organisées sous la forme d’un grand dégradé de tons, plus foncé en bas et plus clairs en haut. En partie basse, les façades sont majoritairement vitrées pour ouvrir au maximum les parties communes sur les vues extérieures.
La proximité des deux bâtiments est mise à profit pour travailler avec des matériaux satinés, voire parfois réfléchissants. Les façades des chambres sont revêtues de panneaux en aluminium laqué, ce qui permet de générer de nombreux reflets entre les parties en vis-à-vis des deux façades. L’objectif était de mettre en valeur cette proximité par un jeu de réflexions qui va donner l’impression que les couleurs d’une façade fluent vers l’autre façade. Cet entre-deux doit être riche d’effets colorés et de reflets divers comme si les deux hôtels étaient aimantés et se touchaient presque…
Les palettes de couleurs sont choisies à l’échelle de la parcelle, avec une palette plutôt discrète sur les faces extérieures des deux volumes, celles qui tangentent les limites du terrain. Ainsi, le dégradé est « noir et blanc », en partant du noir en bas, vers du blanc en partie haute.
Ensuite, pour les façades en retrait de la parcelle, les couleurs sont choisies dans une gamme très vive et gaie : en partant d’un rouge foncé vers le bas, elles s’éclaircissent successivement dans des roses puis beiges, pour ensuite se terminer dans des tonalités vertes sur le haut.
Cet effet multicolore va avoir un impact visuel important, mais cet impact sera toujours pondéré et intégré dans une palette plus contextuelle et classique, celle en noir et blanc qui va revêtir les façades au contact de l’espace public extérieur. Nous avons en effet la volonté d’imaginer une architecture forte et originale, mais de faire en sorte qu’elle s’intègre progressivement dans son environnement urbain.
Il y a aussi l’idée de créer des surprises et de faire en sorte que le bâtiment se dévoile différemment lorsqu’on le découvre d’un point de vue, puis d’un autre… Il semble changer, donnant la part belle à des tons monochromes noir et blanc, puis soudain à des tons extrêmement vifs et inattendus. Un peu comme dans un fruit que l’on découpe, la partie extérieure relativement neutre laisse soudain découvrir un intérieur différent, d’une autre couleur ou plus coloré.