À Bordeaux, les suiveurs du Tour de France de Chroniques se tiennent au fait de l’actualité de l’architecture contemporaine dans la gironde capitale. Pot-pourri !
Après les efforts consentis en montagne, pour cette étape toute plate à travers les Landes, l’équipe maillot jaune sera tout heureuse de laisser le contrôle de la course aux équipes de sprinteurs, ces derniers ayant une nouvelle occasion de faire parler leur pointe de vitesse à l’issue des deux kilomètres de ligne droite sur les quais de Bordeaux à l’arrivée place des Quinconces. Une configuration d’étape qui ne laisse aucune chance aux échappés qui voudront mouiller le maillot pour le montrer à la télé.
Les suiveurs du tour de France contemporain de Chroniques iront donc directement à Bordeaux car ils auront de quoi s’occuper durant cette étape sans enjeux. Il y a tant à voir et tant à dire qu’ils prendront le parti de n’aller voir, avant l’arrivée des coureurs, que quelques ouvrages parmi les derniers réalisés récemment et ici présenté dans le désordre. Pot-pourri ?
Ils commenceront dans le quartier des Bassins à Flot où ils poseront leurs bagages au Dock G6 Radisson Blu, hôtel livré en 2018 par l’Atelier d’architecture King Kong, où ils passeront la nuit. Avant que l’agence Nicolas Michelin et Associés ne définisse le Programme d’Aménagement d’Ensemble (2010), la dalle portuaire était un site industriel constitué de hangars, de formes de radoub, d’une base sous-marine, de grues.
Aujourd’hui, le Radisson Blu offre l’identité architecturale d’un exosquelette habité dialoguant avec le genius loci. « Bénéficiant d’une large visibilité, Dock G6 se distingue des immeubles avoisinants par sa volumétrie : typologie, forme et hauteur paraissent hors-système », souligne l’agence.
À partir de là, les suiveurs pourront aller découvrir le bâtiment mixte tertiaire-commerces livré en septembre 2021 par l’agence parisienne ChartierDalix (Frédéric Chartier et Pascale Dalix) pour Fayat Immobilier et Pitch Promotion, un ouvrage de 9 890 m² reprenant selon ses auteurs « les codes de l’ancien territoire industriel ».
« L’architecture est guidée par trois thèmes : fonctionnalité, sobriété, poésie », disent-ils. L’édifice est divisé en trois lanières programmatiques qui s’étirent dans la longueur du site. Les deux bandes bâties liées à la rue et au paysage abritent des activités tertiaires. Largement ouverts sur l’espace public, les 1 500 m² de commerces ceinturent le bâtiment au rez-de-chaussée ; les bureaux se situent quant à eux dans les niveaux supérieurs.
Une série de sheds, répondant à une règle urbaine commune, évoque les hangars disparus présents historiquement sur le pourtour des Bassins, et offre des espaces de bureaux en double hauteur avec mezzanines sur le niveau inférieur. Leur rythme régulier est interrompu par deux tourettes de sept et huit étages, sortes de vigies qui s’élèvent dans le ciel, court-circuitant l’horizontalité des lignes de toit.
Pendant qu’ils sont dans le quartier des Bassins-à-Flot, les suiveurs peuvent poursuivre jusqu’au nouveau cinéma livré en 2021 par l’agence parisienne Hardel Le Bihan Architectes (Mathurin Hardel et Cyrille Le Bihan), là encore pour le groupement de maîtrise d’ouvrage Pitch Promotion et Fayat Immobilier. Le multiplexe de 13 salles (7 570 m²) surplombe un niveau de commerces (4 724 m²) et se veut « généreusement ouvert sur la ville ».
Le cinéma est composé de deux volumes presque identiques bâtis parallèles aux bassins. Ces volumes sont reliés par une sente couverte et une passerelle, et sont coiffés d’une succession de toitures à deux pentes, opaques ou vitrées.
La forme de l’ensemble s’inspire de l’architecture portuaire et des hangars industriels qui ont fait l’histoire du lieu. La hauteur des volumes (12 m. à la gouttière et de 16 m. au faîtage) permet aux futurs programmes situés de l’autre côté de la rue Lucien Faure de profiter de la vue des bassins, et au nouveau cinéma de porter moins ombre sur le quai orienté nord.
Enfin, sur environ 150 m. de long, ponctuée par des terrasses et par la passerelle vitrée reliant les deux volumes, la circulation constitue une promenade qui offre de larges perspectives sur les bassins.
Avant de quitter les bassins à flot, les suiveurs iront récupérer leur véhicule dans le parking livré en 2022 par l’agence Ferrier Marchetti Studio (Jacques Ferrier, Pauline Marchetti), un ouvrage de 12 900 m² et de 424 places érigé au-dessus de 900 m² de commerces en rez-de-chaussée.
« Notre conception est mue par le programme et par la manière dont celui-ci peut être servi par les moyens technologiques à notre disposition. Les produits industriels sont pour nous autant de ‘ready-made’ que nous assemblons de façon singulière pour répondre à des situations spécifiques. Nous agissons contre la nouveauté impulsive, mobilisant des ressources disponibles tout en créant un langage propre à chacun de nos bâtiments. Notre architecture cherche à révéler la matérialité et à renouveler la perception des dispositifs constructifs courants », explique Ferrier Marchetti Studio.
Architecture utile dont l’agence est le héraut ? L’utilité n’exclut pas ici la sensualité : les reflets des passants et les scintillements de l’eau sont captés par les sous-faces miroir des toitures côté quai. Réciproquement, vues par les passants, ces toitures renvoient l’image des mouvements à l’intérieur du parking. Le bâtiment est mis en résonance avec le bassin, les constructions voisines, les promeneurs. Il est de plain-pied dans la cité.
Prendre alors avec la voiture le chemin du quartier de Bordeaux Lac pour découvrir une curiosité : les nouveaux locaux de l’Ecole Supérieure de Design, d’Arts Appliqués et de Communication (ESDAC) un ouvrage de 600 m² sur deux étages livré en 2023 par l’architecte parisien Ramsès Salazar.
Pourquoi curiosité ? Parce que le bâtiment accueillait auparavant une école de coiffure ! Vous avez dit réversibilité ? « Partout, la transformation des lieux leur confère de l’ampleur. Auparavant ces locaux étant très encloisonnés, ces deux étages offrent aujourd’hui des espaces lumineux et dégagés. Élargis, les couloirs qui desservent les salles de classes et les bureaux sont devenus des lieux vivants, dans lesquels on peut s’arrêter pour discuter ou s’asseoir pour travailler », souligne Ramsès Salazar.
Poursuivre vers la place la place Ravezies pour jeter un œil sur l’opération immobilière I-TER (pour Inclure Inviter Innover), conçue par ECDM (Emmanuel Combarel et Dominique Marrec), laquelle se veut une opération qui « encourage la mixité des fonctions et usages dans la métropole ». La livraison est prévue fin 2023 mais les suiveurs doivent d’ores et déjà pouvoir se rendre compte.
Le projet consiste en deux bâtiments séparés par une large faille, dans le prolongement de la ligne verte, vaste promenade piétonne et cyclable qui emprunte l’ancienne voie ferrée. Sur 12 400 m² aménagés, 4 600 m² seront occupés par une école dédiée aux métiers du numérique du groupe YNOV, 6 600 m² seront dédiés à des activités tertiaires acquises par un fonds de Keys REIM (deux transactions réalisées par le département Investissement de Cushman & Wakefield) et environ 1 200 m² à des commerces.
« C’est à partir de l’articulation entre le parc et la place que nous abordons le redéploiement du site. Les bâtiments sont pensés comme une topographie, mêlant vides et pleins dans une gestion progressive de la hauteur. Les masses sont découpées, sculptées pour s’ouvrir à mesure que les bâtiments gagnent en hauteur. De larges terrasses autorisant une forte présence végétale sur les émergences y sont aménagées », explique ECDM architectes.
Enfin, s’il reste du temps, les suiveurs iront jeter un coup d’œil à l’Ilot Queyries de MVRDV. Livré en 2020 cet immeuble d’habitation de 23 000 m² sur cour combine, selon son auteur « aménagement urbain intime et vaste espace vert ».
Situé à l’est de la Garonne, à Bordeaux, en face du centre historique de la ville classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’immeuble fait partie d’un nouveau quartier composé de quatre bâtiments conçus par MVRDV aux côtés de Joubert Architecture.
Le projet sert de banc d’essai aux principes inscrits au plan directeur pour le quartier voisin de la Bastide-Niel, également conçu par MVRDV, visant à combiner les vertus de la ville historique de Bordeaux classée au patrimoine mondial de l’UNESCO – intimité, surprise et vivacité – avec la densité, l’écologie, la lumière et le confort de la ville moderne.
« Avec ce projet, nous avons pu tester certaines de nos idées, qui ont abouti à un plan directeur avec plus de végétation dans les rues, une meilleure optimisation des coûts pour les façades et des cours plus ouvertes », souligne Winy Maas.
Les suiveurs ne seront alors qu’à quelques minutes de la salle de presse et revenus largement à temps pour assister à la fin de l’étape et à la lutte pour le maillot vert de meilleur sprinteur.
Quand ils auront fini de bosser, les suiveurs qui ont eux-mêmes sprinté toute la journée, ne rencontreront aucune difficulté à Bordeaux pour trouver de bonnes petites tables qui satisferont tous les goûts de la nature, le tout arrosé comme de juste de boissons, avec ou sans alcool, qui sauront apaiser toutes les soifs.
Christophe Leray (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2023
– Toutes les Reconnaissances d’étape du Tour de France contemporain 2023
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les Reconnaissances d’étape du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018