La «chapelle du 60» est une cerise sur un gâteau très long à préparer, explique l’architecte Didier Debarge. En effet, dans le cadre du renouvellement des quartiers anciens dégradés et paupérisés de Lille, en sus d’une habitation de 192m², l’homme de l’art a édifié pour la Province dominicaine de France, maître d’ouvrage, une petite chapelle de 46 m². Communiqué.
Avec les projets urbains du quartier de Moulins, la communauté dominicaine du 28 rue de Wattignies a été relogée dans l’immeuble réhabilité du 60 rue de Condé par la Fabrique des Quartiers. Il y était aussi possible de construire, à titre privé, une nouvelle chapelle.
Implantée dans le fond de la parcelle, exposée plein sud et particulièrement visible de la rue, on y accède par une allée pavée qui donne sur un jardinet reconquis. La porosité et la profondeur urbaines sont ainsi retrouvées.
Nul signe religieux ostentatoire. Seule une figure de clocheton compose avec la mémoire industrielle des arrière-plans. Un jeu de lignes croisées aussi, dans la composition volumétrique jusque dans une pierre trouvée, incrustée dans la porte d’entrée.
L’intérieur se construit de parpaings ordinaires et de pièces de bois, statiquement assemblés selon un principe de solidarité où chaque élément conforte l’autre. La lumière crue de l’est s’infiltre largement dans l’espacement des structures tout en coexistant avec la pénombre de l’espace discret.
Les matériaux ont la couleur du matériau, excepté une forme bleue qui construit la profondeur et qui donne au pare-vapeur apparent des allures de fond de ciel.
C’est un lieu d’accueil ouvert mais aussi un lieu d’office, avec son mobilier rituel. Les membres de la communauté du 60, élargie au quartier, s’y rassemblent sous la charpente, comme une nef retournée, échouée dans cette nouvelle clairière urbaine.