Le projet «Terres de Versailles» porté par ICADE avec Phytorestore, paysagiste, et l’agence d’architecture Lambert & Lénack, a été désigné lauréat en mars 2018 du concours pour l’aménagement de l’ancienne caserne Pion à Versailles (Yvelines). Ce projet original en matière de paysage écologique allie tradition paysagère du château de Versailles et innovations écologiques de la ville du futur. Livraison prévue : 2024. Communiqué.
Le projet paysager permet en effet de créer une agriculture urbaine participative réinventée et une valorisation des ressources naturelles innovante de l’eau.
L’équipe est composée de l’agence de paysage et design écologique Phytorestore, de l’agence d’architecture Lambert & Lénack et de la maison Deyrolle (AMO). La nouvelle cité-jardin prend place sur 20 ha et est parfaitement intégrée dans le contexte paysager du château de Versailles qui fait que le projet ne sera nullement visible depuis l’ensemble du site classé du château.
Etant donné sa situation exceptionnelle en bordure immédiate du domaine de Versailles, le projet a été conçu de manière à être totalement masqué par les aménagements paysagers.
Une «terrasse-fruitière» vient ainsi masquer les vues depuis le parc du château tout en offrant un cordon boisé et fertile aux futurs habitants. Reprenant les codes des grandes allées Versaillaises, elle sera plantée d’arbres fruitiers et deviendra un lieu de vie et de production fruitière intégrée dans le projet d’une nouvelle agriculture urbaine. Ce traitement paysager avec des arbres fruitiers s’inscrit déjà parfaitement dans l’héritage historique du parc de Versailles.
Faisant encore écho à la structure du parc de Versailles, les venelles intérieures prolongent les perspectives du domaine et viennent dessiner les différents espaces du quartier en harmonie avec cet héritage historique.
Un cheminement piéton central, promenade ouverte à tous en cœur de quartier propose un parcours de découverte associant œuvres d’art et mise en valeur de l’eau, deux éléments indissociables de l’histoire du Château de Versailles. Ce chemin de l’eau central devient aussi la colonne vertébrale du plan paysager et cela conformément à l’esprit des grands axes du parc paysager de Versailles.
Enfin, la pointe nord ne sera pas bâtie. Cette partie sera dédiée au maraîchage et aux sports et se terminera par un jardin lacustre venant souligner les lignes du grand paysage.
Au total, plus de la moitié de la superficie du site sera conservée en espaces paysagers, soit plus de 10 ha sur les 20 ha à aménager.
Un nouveau paysage écologique respectueux de l’héritage hydraulique du parc de Versailles
Loin de se cantonner à un rôle purement esthétique ou d’intégration des bâtiments, le paysage conçu par l’agence Phytorestore sera très innovant au niveau des thèmes de l’agriculture urbaine et de la gestion de l’eau innovante, thèmes incontournables dans le paysage d’aujourd’hui.
Le mail central servira à collecter les eaux de pluie de l’ensemble du quartier, les dépolluer en zéro rejet pour l’extérieur pour une pluie 100 ans et les mettre en valeur notamment via la création d’un plan d’eau avec qualité eau de baignade pouvant aussi servir à irriguer d’importants jardins potagers, créant ainsi une toute nouvelle approche de l’agriculture urbaine autonome en termes de ressources locales.
Une telle action de valorisation de l’eau s’inscrit bien dans l’histoire du parc de Versailles qui a toujours été à la pointe de l’innovation en matière d’hydraulique. Que ce soit avec la machine de Marly récupérant l’eau de la Seine ou via le drainage du plateau de Saclay par des rigoles recueillant les eaux de pluie, l’alimentation en eau du parc a été source de nombres d’inventions et innovations dans le thème de l’eau. Ce projet est donc bien un prolongement de cette tradition.
Ces eaux dépolluées réutilisées pour l’arrosage des cultures vivrières et la création de zones humides favoriseront aussi la biodiversité et la séquestration du carbone contre le réchauffement climatique. Avec une gestion in situ adaptée, le projet réduira l’impact entre 60t et 100t de C02. Enfin, le paysage sera aussi nourricier puisque des potagers et vergers participatifs occuperont la majeure partie de la pointe nord du site pour alimenter en cycle court le magasin de ce nouveau quartier.
Le cœur du projet sera notamment constitué d’un hôtel et d’un écocentre, qui pourra accueillir conférences et formations sur la permaculture. Situé au milieu d’une pièce d’eau dépolluée par jardins filtrants et de jardins nourriciers participatifs, il constituera un pôle essentiel de la philosophie du quartier. L’enjeu est bien de boucler les boucles écologiques et nourricières à l’échelle du quartier, in situ.
Ce projet illustre bien les tendances de fond du «paysage» du futur, plus orienté vers les solutions écologiques en matière de gestion de l’eau et de réduction de l’empreinte carbone, avec des projets tendant vers une autarcie écologique du quartier et pouvant intégrer une démarche participative avec les futurs habitants.
Un nouveau modèle de cité-jardin et une démarche innovante d’agriculture urbaine participative
Cette cité-jardin modèle a tout d’abord été pensée du point de vue de la participation et des innovations écologiques. Ici, l’écologie fonde l’économie afin de créer des cycles courts dans lesquels les habitants sont parties prenantes. La fertilité est au cœur du projet de cette nouvelle «cité-jardin» modèle qui viendra proposer une alternative aux modèles actuels de l’agriculture urbaine qui n’ont pas tous de véritables fonctions sociales ni parfois, de légitimité économique.
Dans cette cité-jardin, un nouveau modèle de jardin d’insertion et de production de produit bio sont conçus avec une logique de valorisation directe dans un cycle court pouvant être concrétisé par un magasin de vente dans le quartier, via l’enseigne alimentaire bio : « NaturéO ». Ici, il ne s’agit pas d’une agriculture urbaine gadget. Ce projet s’inspire directement des expérimentations en agriculture urbaine menées par la maison Deyrolle. Le lieu sera partagé entre production et participation des habitants. Sur le plan de la production, la ferme produira des fruits et légumes bios de saison à destination des habitants du quartier qui pourront s’impliquer directement dans le projet en cultivant leur propre jardin alimentaire.
L’objectif est donc de faire une véritable «éco-ferme de quartier» qui sera à la fois lieu de production et de formation. Ce modèle participatif, est déjà expérimenté avec succès dans le domaine de la Bourdaisière par «Fermes d’avenir». Le projet vise ainsi à devenir un lieu emblématique de la permaculture et de l’agroécologie en France avec une forte participation des futurs habitants du quartier.