En juillet 2018, Nomade (Raphaël Chivot, Matthieu Laviolle, Vincent Le Garrec) a livré à Epinay-sur-Seine (Hauts-de-Seine) le Dojo Kùkí : 2 salles d’arts martiaux et vestiaires, 1 salle de remise en forme et 3 bureaux. Petite surface : 750 m², petit budget 1.91M€ HT mais pas manque d’ambition. Communiqué.
L’objectif de la mairie d’Epinay-sur-Seine, maître d’ouvrage, était de créer un équipement qui dépasse son simple rôle à l’échelle du quartier pour devenir un signal urbain, symbole du renouveau de cet ensemble.
Le quartier d’Orgemont, urbanisé à partir des années 1960, est un espace en mutation. Ce programme s’inscrit dans un projet plus global de Politique de la ville, mené en partenariat avec l’ANRU, pour la requalification du quartier.
De par son implantation, en lisière d’un parc urbain, face à un groupe scolaire et à la croisée d’un mail piéton et d’une rue structurante, il était aussi important que cet équipement soit facilement identifiable depuis de multiples directions, et offre des façades pérennes.
Enfin, le bâtiment étant largement vu depuis le dessus, par les tours avoisinantes, la toiture se devait d’agir comme une cinquième façade et présenter un traitement architectural soigné.
Urbanité
Le projet bénéficie d’un contact direct avec le récent (2014) mail piéton et paysager de désenclavement qui relie un foyer de travailleurs, un groupe scolaire, la mairie et le tramway. Au cœur d’Orgemont, la parcelle de 3 557 m² était un espace végétalisé avec une aire de jeux. Il fallait également prendre en considération l’aménagement d’un nouveau jardin public (avec une aire de Street work-out et un nouvel espace de jeux) et intégrer le volet paysager du futur parc.
Avec son enveloppe en béton, l’architecture, comparable à un origami, est peu ouverte vers l’extérieur. Le parti pris de Nomade a été d’imaginer, pour des raisons de sécurité, des espaces ouverts sur des jardins secrets au cœur du dojo. Tels des jardins japonais, ils sont plantés de pins Mügo ou encore d’érables.
Concept architectural
L’architecture offre un équilibre entre le bâti (le minéral des façades en béton) et les espaces laissés libres (les jardins et le végétal). Les deux jardins japonais introduisent la nature et la sérénité à l’intérieur des espaces. Leurs aspects et couleurs évoluent au rythme des saisons.
Le jardin zen ou Karesensui, accueille les visiteurs au sud-ouest, à l’angle de la rue de Strasbourg. Le jardin de contemplation ou Kanshoniwa, patio central végétalisé du projet, sépare les deux salles de pratique d’arts martiaux.
Fonctionnement
Organisée en plan carré, la répartition des quatre sections du programme, autour du patio, est équilibrée : l’accueil, les espaces dédiés au sport, la zone d’encadrement et les locaux techniques.
L’aile sud se compose de l’accueil, des espaces d’encadrement et des petits locaux nécessaires à la vie du bâtiment (local ménage, entretien …).
Les ailes est et ouest accueillent les salles d’arts martiaux et leurs vestiaires respectifs. L’aile nord est réservée aux locaux techniques (chaufferie, CTA) qui fonctionnent de manière indépendante et en liaison directe avec l’extérieur.
Le parcours se traduit comme une progression vers les salles d’arts martiaux, lieux traditionnellement dédiés à la méditation au sein d’un dojo.
Morphologie et système constructif
Structurellement, les espaces sont délimités par des prémurs béton gris (finition lasurée) porteurs d’une charpente en bois lamellé-collé (apparente dans le patio) qui fait écho à l’architecture traditionnelle japonaise.
La couverture zinc, soignée comme une cinquième façade, offre des hauteurs libres, entre 3 et 5 mètres, en fonction des espaces et de l’usage : faible pour les petits espaces et généreuse dans les salles de sport.
Dans le quartier d’Orgemont, l’équipement devient un signal grâce à son entrée identifiée par la surélévation de l’enveloppe qui réinterprète le traditionnel temple japonais.
La signalétique
Dans la logique d’une promenade architecturale, l’ouvrage ponctue les circulations avec des phrases et des mots-clés. Ils rendent plus ludique le cheminement vers les différents espaces grâce à des pictogrammes au design minimaliste et aux mots en japonais (accompagnés de leur traduction en français).