Le nouvel hôtel des Archives de Bordeaux (Archives Bordeaux Métropole), signé de l’agence belge Robbrecht en Daem, a été livré au début de l’année 2016 sur le plus ancien entrepôt ferroviaire de Bordeaux, la halle des magasins généraux, sur la rive droite de la Garonne. Communiqué.
En 2006, la Ville de Bordeaux a décidé la relocalisation des Archives de la Ville dans un nouveau bâtiment, une extension neuve devant répondre aux exigences actuelles de conservation des documents et d’accueil des publics, au-delà des seuls chercheurs habitués de la salle de lecture.
En 2010, Paul Robbrecht, de l’agence Robbrecht en Daem de Gand, est lauréat du concours international avec une architecture marquée par la masse et l’alignement des boîtes d’archives, des «moments d’histoire compactés» selon l’homme de l’art. L’architecte a en effet conçu un empilement de magasins — grandes boîtes de béton — dont le décalage dessine une voûte au-dessus de la salle de lecture et dégage, à l’inverse, des galeries de circulation pour le personnel.
L’aile basse des bureaux et salles d’exposition et de conférence, déployée d’équerre, forme un espace public entre place et jardin. Conçu à l’usage des lecteurs et du personnel autant que des riverains, sa convivialité matérialise la volonté d’accueil et d’ouverture des Archives.
«La fonction d’archivage consiste à travailler avec le plein et non avec le vide. Il s’agit de stocker des éléments lourds, l’idée est intéressante parce que c’est l’envers de ce que l’on fait normalement en architecture. Habituellement il faut dessiner des vides, or là, on doit construire des blocs pleins. Dans un bâtiment d’archives on est confronté à cette sédimentation de l’histoire d’une ville, aussi est-il important de pouvoir lire cela à un moment donné. A Bordeaux nous avons montré cette superposition de couches comme des moments d’histoire compactés et, dans l’espace, se lit la gravité des éléments empilés», indique Paul Robbrecht.*
Les fonctions d’accueil du public, d’expositions, de conférences et d’ateliers sont rassemblées dans une nouvelle aile perpendiculaire à la Halle aux farines. Ces deux volumes délimitent l’espace du jardin sans le clore. Les fonctions tertiaires prennent place à l’étage du bâtiment créé. Elles sont réparties de manière à offrir à chaque agent une vue sur le jardin depuis son poste de travail. Le long de l’autre façade sont rassemblés les ateliers dont l’occupation est de nature moins statique.
Les espaces du rez-de-chaussée, destinés à l’accueil du public sont conçus pour un maximum de polyvalence. Le hall d’accueil est vaste et généreux, il reçoit dans son volume les petites fonctions de vestiaire et de détente. La salle d’exposition peut s’ouvrir grâce à une porte coulissante vers le hall et les ateliers pédagogiques, permettant la tenue d’expositions de plus grande ampleur. Les deux ateliers pédagogiques ne sont séparés que par une cloison acoustique mobile. En les rassemblant, on obtient un bel espace de conférence ou d’événement divers.
L’étage est également maintenu le plus ouvert possible. Les bureaux ne sont pas cloisonnés (en open space). Les ateliers communiquent entre eux générant une double circulation formelle et informelle.
La structure du nouveau bâtiment est volontairement répétitive, la peau extérieure des panneaux béton ayant une fonction protectrice et décorative. Le traitement par balayage de la surface permet d’apporter des variations de textures. Il est possible de jouer sur l’orientation des stries et faire varier subtilement l’accrochage de la lumière. Un jeu de sheds (toiture à redans partiels à partie vitrée) distribue un éclairage naturel uniquement là où il est utile.
La halle conserve son aspect originel avec ses pierres de taille. La plupart des appuis ont été refaits et réalisés en pierre naturelle pour ne pas défigurer la façade et respecter son alignement. L’enduit est restauré à la chaux.
* Propos recueillis par Sophie Trelcat