L’agence parisienne Olivier Palatre Architectes a livré en août 2019 pour la ville de Paris la restructuration et surélévation de deux crèches de 144 places (1 593.2 m² SDP ; 2,75M€). Rue Max Jacob (Paris XIIIe), la crèche entend se singulariser par l’attention minutieuse conférée à l’espace et au(x) temps. Communiqué.
Histoire d’un projet de réhabilitation innovant
Dans un édifice existant caractéristique du «Style international» par son volume simple, sa structure mixte en briques couronnée par des bandeaux bétons et ses baies vitrées généreuses aux proportions très maîtrisées, livré en 1973 par l’architecte Philippe Dubois-Brunet, le projet prévoyait l’installation de deux unités de crèches distinctes mais fonctionnant en parfaite harmonie.
Sur un terrain de 3 900m², à la place d’une crèche collective de 66 places, d’un jardin d’enfant de 60 places et d’un logement de fonction sur trois niveaux (sous-sol, rez-de-chaussée et 1er étage), s’épanouit désormais un ensemble qui, grâce à sa restructuration, répond aux besoins des utilisateurs ainsi qu’aux normes contemporaines.
Le principe d’attention, coeur du projet
Une crèche est un lieu tourné vers l’attention envers les enfants et leur épanouissement. En conformité avec les principes clefs de l’agence, bien-être, respect de l’environnement et durabilité, l’aménagement et la revalorisation de l’espace existant comme de celui à venir se sont concentrés sur la création d’un tout spatialement et visuellement homogène, comprenant l’architecture et la végétation environnante.
Du bâtiment, positionné dos au boulevard qui surplombe le site (6m de dénivelé), vecteur de nuisance sonores, tandis que la façade sud où étaient localisées les salles de jeux s’ouvrait largement sur la rue Max Jacob et que la façade nord abritait les locaux de service (cuisine, sanitaires, …), se dégageaient les intentions urbaines de son implantation d’origine dont la polarité devait être conservée tout en s’adaptant aux besoins actuels. L’importante ouverture en façade, les modifications de la structure pour la rendre poreuse à la lumière et le doublage thermique concourent respectivement à assoir trois points forts caractérisant les nouveaux bâtiments : confort, fonctionnalité et performance énergétique.
«Tout, de l’ample ouverture des façades à la douce mise en couleur des locaux, participe à pérenniser l’usage d’une structure dont la fonction sociale est un des fondements majeurs de nos sociétés», explique Olivier Palatre.
(Ré)intégrer l’Histoire, la nature, le corps
Du point de vue conceptuel et constructif, le principe d’attention à l’espace et au bâtiment a ouvert des réflexions fructueuses quant à l’intégration de la structure architecturale dans un «environnement» aux multiples perspectives : urbaine, historique, écologique.
Les qualités architecturales du bâtiment et sa nature patrimoniale imposaient de créer une synergie entre le passé de l’équipement et son futur, résolument orienté vers une démarche écologique, en réfléchissant à l’intégration d’un tiers élément : la végétation environnante. Dans cette perspective de conservation intégrante, la sobriété des interventions a permis de préserver l’aspect de l’existant tout en adaptant ses fonctionnalités aux usages et attentes d’aujourd’hui.
La démolition d’une partie des porteurs a permis l’ouverture de grandes fenêtres. Libérant la lumière dans un espace redessiné et restructuré, ces nouveaux rythmes de percement répondent à un usage et une fonction précis et impulsent un mouvement nouveau sur l’ensemble de la façade. «Valorisant l’édifice existant, l’épuration de la structure incite à poser un regard neuf sur une architecture de qualité aux lignes contemporaines», souligne Olivier Palatre.
Une nouvelle perspective sur l’environnement
Construite sur la surface offerte par le toit plat caractéristique des constructions des années 70, l’extension se distingue en termes de registre formel et de matériaux tout en s’harmonisant avec l’existant par ses couleurs, sa hauteur, le rythme de ses façades. Ainsi, le bâtiment présente différentes strates laissant lisible l’histoire de la vie du projet.
La transformation par Olivier Palatre de la cour en espace de jeux moderne participe également, par le dynamisme de son chromatisme et l’intégration de la végétation, à la valorisation de l’édifice existant, tandis que la seconde cour aménagée à l’étage fournit aux enfants et au personnel un espace semi-extérieur agréable où l’usage de la menuiserie de bois ouvre de nouvelles perspectives sur l’intégration de la nature dans l’environnement urbain, tant en terme de matériaux employés que de rôle dans la revalorisation formelle et structurelle des espaces et leur agencement à différentes échelles (ville, rue, bâtiment).
Ainsi intégrée à l’édifice, l’omniprésence discrète de la Nature et de ses rythmes crée un nouvel environnement, durable et modulable, où se tissent et se régénèrent les liens invisibles entre des espaces et des corps, ceux du lieu, de l’espace urbain et de leurs occupants, enfants, parents et personnel éducatif.
Au-delà d’un principe et d’une éthique, la mise en perspective environnementale confère sa ligne directrice à l’ensemble de la conception des bâtiments et les transforme en un lieu fonctionnel adapté et adaptable au confort de ses divers occupants.
L’extension, légère dans sa matérialité et son intégration, dispense aux différents espaces intérieurs un apport continu et maîtrisé de lumière et de ventilation naturelles. Reposant sur des jeux de cadres et de transparences dans lesquels la bande de béton horizontale existante se présente comme une seconde ligne de sol sur laquelle s’appuyer, l’extension marque la distinction entre premier et second niveaux tout en offrant un espace lumineux dans lequel évoluer.