Après avoir livré en 2018 à Saint-Martin-Le-Vinoux, petite ville iséroise située à quelques kilomètres de Grenoble, un programme mixte de logements et bureaux, Séméio architecture (Ivan Le Garrec, Carine Deschamps, Paul Jubert, Silvère Weiss et Andreina Risi) a inauguré en février 2020, juste à côté et pour le même promoteur, une résidence étudiante de 4 563 m² SDP (budget : 5,95 M€). Communiqué.
Ces nouvelles constructions font partie d’un vaste programme de requalification lancé par la ville, qui souhaitait redynamiser son territoire et créer une centralité jusqu’à présent absente. La morphologie de la ville de Saint-Martin-Le-Vinoux, qui se trouve dans un territoire long et étroit surplombé par la silhouette imposante du massif du Néron, ne favorise pas en effet la création d’une centralité bien définie, que la ville voulait créer grâce à l’implantation d’un bâtiment emblématique sur la place 26 mai 1944.
La résidence étudiante – qui compte 141 studios T1, 7 logements T3, 1 logement pour le gardien et un socle commun destiné à la vie des résidents – se devait donc de devenir un ‘landmark’ de la ville.
« Il fallait dynamiser la place en construisant un bâtiment signal qui surgisse du tracé de la ville et qui soit visible de loin, tout en l’adaptant à son environnement », explique Silvère Weiss, l’un des cinq associés de l’agence et chef de ce projet.
« Ce contexte d’ambition et d’exigence, nous a conforté dans notre volonté d’adjoindre très tôt les compétences et les savoirs d’une équipe de conception sachant écouter et proposer, à la fois téméraire et séduisante, et osant proposer une expression architecturale et urbaine empreinte de poésie », souligne Christian Gardoni, directeur général de SAFILAF, promoteur du projet.
Un nouveau ‘landmark’ pour la ville
Ce bâtiment marqueur était délimité d’un côté par la nouvelle ligne de tramway et de l’autre par une voie sur laquelle donnent une série de constructions résidentielles basses.
« Le plan du bâtiment prend sa forme des contours irréguliers de la parcelle, des contraintes liées aux risques naturels et de l’empreinte au sol limitée », poursuit Silvère Weiss. « D’un côté nous étions limités par le passage de la ligne de tramway et de l’autre nous avons voulu garder un recul de huit mètres de la voie pour éviter d’ombrager les résidences existantes. D’où la forme trapézoïdale de notre résidence. Le projet permet d’un côté de structurer l’avenue élargie par la ligne de tramway, et de l’autre de s’adapter à l’échelle résidentielle du contexte. Sa forme sculpturale répond à la présence tellurique de la montagne », dit-il.
Ce trapèze s’élève sur cinq étages sur toutes les façades sauf celle au sud, qui compte deux étages supplémentaires.
« Nous avons voulu à la fois respecter le voisinage et assumer le geste architectural fort voulu par la mairie en articulant plusieurs hauteurs de façades », indique Silvère Weiss.
Sur cette façade – en métal bronze clair, tandis que les autres sont recouvertes en Equitone gris clair – les architectes ont extrait un volume simple qu’ils ont magnifié avec une césure en forme triangulaire fine comme une lame, en créant un élément marquant, symbole de la centralité recherchée par la Ville. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, cette forme scupturale modelée par le contexte est aussi la conséquence de l’organisation des plans intérieurs, que l’agence a développée avec une finesse toute particulière.
« Nous cherchons à créer des espaces inattendus et uniques. La forme singulière de la résidence permet de décliner à chaque niveau des logements différenciés. Ceci nous permet de créer un espace exclusif pour chaque usager, un lieu qui n’appartienne qu’à lui. Chaque logement bénéficie de grandes ouvertures qui apportent lumière et respiration », raconte Silvère Weiss.
« Lors de la conception d’un volume nous travaillons sur une dimension sculpturale qui génère des mouvements et des vibrations à l’extérieur et une grande diversité spatiale à l’intérieur. Cette approche est mue par un profond désir d’altérité, la force du contexte permet d’offrir des espaces de vie ou chaque habitant est considéré comme un être unique, et d’alléger la densité visuelle de nos bâtiments », conclut-il.