Nous avons déjà évoqué brièvement cet équipement technique réalisé à Villard-de-Lans sur le plateau du Vercors (Isère) par Atelier PNG (Pedro Petit, Nicolas Debicki, Grichka Martinetti)*. Le programme de 1500 m² (2 M€ HT) compte un quai de transfert pour le traitement des déchets, des bureaux, des ateliers et des garages. Une construction 100% bois du Vercors soit 186 m3 de bois massif scié, débité et transformé sur le plateau. Présentation complète. Communiqué.
Sur le plateau du Vercors, un éco-site a été constitué, en quelques années, pour gérer durablement et convenablement, ressources et déchets. L’équipement était attendu, pour une activité en toute saison, afin que la difficulté de la tâche quotidienne des utilisateurs soit allégée par un environnement chaleureux, généreux.
Un volume principal, technique, des volumes servants, domestiques, la demande était aussi de valoriser une ressource en partage : le bois des forêts communales. Implantée en lisière, au plus près des souches, la construction est dessinée, dimensionnée, selon les essences, l’outillage, et les savoirs disponibles localement, sur le plateau.
Les grumes coupées l’an passé ont pu sécher, à l’ombre des arbres encore sur pieds. Elles sont débitées, non traitées, pour être utilisées par tous les corps de métiers. Structure, poutres, vêtures et plafonds, portes, fenêtres, parements et cloisons, le bois est dans des états variés de transformation : brut, non déligné, raboté, poncé, huilé…
L’équipement, construit et recouvert d’une matière plus que d’actualité, illustre le savoir d’ouvrager en produits la nature, ton sur ton, bois sur bois.
La maîtrise d’ouvrage est un grand propriétaire forestier, au travers de ces communes, et dispose de très beaux arbres, épicéa et sapin, pour le bois d’oeuvre. Le bois, principale ressource proposée pour construire l’équipement, est largement représenté dans les forêts avoisinant le site. « Nous sommes donc partis faire connaissance avec les artisans locaux et les acteurs de la filière bois sur le plateau », explique PNG.
Le premier travail a consisté à penser et co‑produire tout le projet selon trois axes :
– tout ce qui peut, dans le projet, se fabriquer avec du bois, le sera ;
– tous les ouvrages en bois seront pensés avec les qualités et les contraintes des essences disponibles sur le plateau, pour limiter les transformations et les traitements ;
– toutes les transformations seront pensées en fonction du savoir-faire et des outils disponibles sur le plateau.
Sur un socle en béton préfabriqué, monté au cœur de l’hiver, la préfabrication a engagé : la charpente, les ossatures de façade, le bardage, les menuiseries extérieures, les menuiseries intérieures, les cloisonnements, des parements intérieurs…
Des discussions avec le charpentier, l’ingénieur structure et le bureau de contrôle, ressortent des qualités et des contraintes, pour projeter :
– résistance de l’essence, en bois massif non contrecollé ;
– dimensionnement des éléments de bois sur la longueur du banc de sciage du charpentier, avec une seule section de bois ;
– assemblages à secs, avec des éléments métalliques.
Ce travail d’anticipation et de partage des contraintes s’est effectué autour de la maquette afin d’optimiser la fabrication.
L’épicéa disponible dans le Vercors étant un bois non adapté à la mise en œuvre en bardage extérieur car naturellement sensible aux intempéries, classe 2, des discussions avec le charpentier, l’ingénieur structure et le bureau de contrôle, il ressort une mise en œuvre compatible avec le climat montagne et les expositions :
– du bois brut de sciage, pour limiter l’ouverture des pores du bois ;
– du bois non déligné pour limiter les transformations et conserver un état brut en extérieur ;
– du bois mis en œuvre avec des espaces entre les bois, pour le séchage naturel ;
– du bois mis en œuvre penché, pour limiter l’exposition à la pluie.
Cette dernière disposition, suggérée par le bureau de contrôle, permet de ne pas avoir à traiter le bois puisqu’il est protégé par la géométrie, les normes françaises permettant alors de poser du bois de classe 2.
Ce travail partagé en études s’est prolongé pendant le chantier, avec des prototypes et des développements dans la mise en œuvre des éléments préfabriqués.
Tout ce qui peut, dans le projet, se fabriquer avec du bois, le sera :
– ossature de façade, cloisonnement, revêtement, menuiserie extérieure ;
– les bois sont mis en œuvre avec plus de transformations : rabotage, ponçage ;
– les bois sont non traités et non collés mais séchés par le charpentier, chauffés par la sciure de son atelier.
La menuiserie intérieure comme la menuiserie extérieure est tantôt assemblée pour fabrique des parements, tantôt assemblée pour fabriquer des éléments ouvrants. Les détails mis au point avec le charpentier, également menuisier, tendent à effacer la distinction entre éléments fixes et éléments ouvrants.
Dans l’atelier et les vestiaires, le bois est complété par des panneaux de béton-bois Viroc, pour les zones les plus sollicités. Murs pour le travail, murs pour les vestiaires, le béton réapparaît sous forme de panneaux de parements, usinés par le menuisier bois.
*Lire notre article A Paris, il faut arrêter le cirque pseudo écolo de la construction bois !