
La résidence du Soleil, livrée en 2020 par l’agence Badia-Berger (Marie-Hélène Badia et Didier Berger), est un établissement d’hébergement pour personnes âgées (EHPA) de 4 340 m². Elle est implantée dans un beau quartier de logements sociaux – la cité des Planètes – à Maisons-Alfort (Val-de-Marne) construit à la fin des années cinquante au sein d’un grand parc ouvert sur la première boucle de la Marne. Pour la démolition et la reconstruction : 9,6 M€ HT. Communiqué.
Des tours de quinze niveaux bordent la rive, en second rang de petits bâtiments de cinq niveaux enserrent une grande pelouse centrale et se raccordent l’ensemble aux lotissements avoisinants dont le tissu quadrillé parallèlement au fleuve caractérise ce secteur de Maisons-Alfort.
Le bâti se fond dans les arbres. L’architecture est simple sans dureté. Les logements s’ouvrent volontiers sur l’extérieur, les balcons, les jardinets à rez-de-chaussée sont occupés sans être défendus.
Le parc est ouvert à tous les riverains. Une couronne d’équipements : école, crèche, foyer pour personnes âgées ceinture la pelouse, occasionnant les cheminements et les rencontres.
« Le projet est venu remplacer l’ancien foyer devenu vétuste qui marquait l’entrée par la rue du soleil. La forme est souple, les matériaux : cuivre patiné vert, béton et verre s’inscrivent sans rupture dans le paysage des arbres. Le rez-de-chaussée est quasiment transparent. La géométrie s’efface pour accompagner en douceur la limite du parc. C’est ce dialogue avec le parc qui construit l’architecture. La résidence apparait comme une belle maison », souligne Badia-Berger.

Dans la paroi vitrée quasi continue du rez-de-chaussée, l’entrée est marquée par un volume plein habillé de cuivre. Une fois franchie, on découvre le continuum spatial qui relie les espaces collectifs et le patio central autour duquel se déploient les logements.
Résolument confortable, l’espace d’accueil est conçu pour favoriser la rencontre entre résidents comme entre invités, on y plaisante, boit un café, joue aux cartes ou lit le journal. Il profite d’une terrasse couverte qui ouvre sur le jardin et au-delà sur le parc.
Le restaurant totalement transparent en est contigu. Une salle de gymnastique, une bibliothèque, une chambre d’hôtes et une laverie complètent le programme des espaces collectifs accessibles. Le bloc des services : cuisine, locaux du personnel, accès aux locaux techniques et au parking des résidents, est ouvert sur la rue et mis à distance par une noue plantée.

« Dans un programme comme celui-là plus qu’ailleurs, le vivre ensemble doit être stimulé. L’appropriation est ici le maître mot. Les lieux de rencontre, petits salons, terrasses, jardins sont conçus comme des lieux de vie appropriables par tous. On retrouve ainsi à chaque étage une grande terrasse collective ouverte sur le patio, véritable jardin intérieur », poursuit Badia-Berger.
Enroulée autour de ce patio central, une coursive vitrée dessert les logements. Le traitement de cette dernière rompt avec l’anonymisation du couloir. Les espaces de rencontre sont multipliés. Chaque dilatation de la coursive est prétexte à la socialisation, on y partage un canapé, une vue, etc. Chacun est ainsi laissé libre d’habiter le projet comme il le souhaite. Les sous-espaces permettent une intimisation progressive qui répond à la diversité des modes de vie des résidents. La vie s’organise alors au gré de chacun dans les lieux intimes qui bordent le patio et ceux plus collectifs qui s’ouvrent sur le parc et la vie du quartier.

Le long des coursives intérieures, chaque logement est indiqué par un ensemble menuisé en bois qui réunit : la porte, la sonnette, le luminaire et une baie en imposte. Plus qu’une simple porte palière, le logement offre ainsi une véritable façade. En partie haute, la baie permet de laisser passer la lumière depuis le patio. Elle permet également, grâce à une tablette côté logement, de mettre en scène sont intérieur en disposant objets et plantes devant l’ouverture. Le logement, ainsi différencié, anime les parties communes.

« Tous les appartements profitent d’une généreuse loggia ouverte sur le parc. Elles sont délimitées de part et d’autre par des volumes verticaux habillés de cuivre qui les intimisent entre elles. Ces derniers dissimulent des celliers qui permettent le stockage », explique Badia-Berger.
On retrouve dans les finitions intérieures des logements le souci de qualité qui préside au projet. Parquet chêne, menuiseries extérieures en bois à l’intérieur et aluminium à l’extérieur, répondent à la qualité des prestations de la façade et des espaces communs.
Le projet combine les échelles pour proposer un ensemble qui prenne en compte les spécificités des attentes et des modes de vie des résidents.
« Cette compréhension fine du programme et son enrichissement ont été rendus possibles par l’accompagnement et l’expertise du gestionnaire Coallia tout au long des études. La Ville de Maisons-Alfort ainsi que Maisons-Alfort Habitat, maître d’ouvrage de l’opération, se sont engagés avec conviction, à chaque étape du projet dans la recherche de qualité, de confort, de sécurité, mais également et surtout de plaisir d’habiter », raconte Badia-Berger.

La porosité du rez-de-chaussée
Le rez-de-chaussée est aussi léger et transparent que possible au contact de sol pour assurer la continuité visuelle des plantations. Le hall constitue le lieu privilégié du contact avec l’extérieur et la distribution des différentes parties du la résidence. La transparence vers le patio crée un appel et incite le visiteur / résident à entrer et découvrir l’ensemble des activités ; c’est l’espace central de la résidence.

Des circulations comme espaces de rencontre
Les circulations horizontales du bâtiment forment une boucle autour du patio. Leur géométrie varie selon le parcours, se rétrécissant par moments ou se dilatant pour générer des espaces communs. Les logements rayonnent autour du patio central et de ces circulations et s’ouvrent sur le parc.
Le logement
Le logement est travaillé de façon à retrouver les différents composants spatiaux du domicile : l’espace d’entrée, l’espace de séjour, l’espace de sommeil, le coin repas et la salle d’eau. Tous les logements bénéficient de larges ouvertures vers l’extérieur et les généreuses échappées visuelles offrent le sentiment d’un espace agrandi. Un châssis fixe est implanté sur la circulation afin d’apporter de la lumière dans la cuisine. Chaque balcon bénéficie d’un cellier, qui permet le rangement de mobilier et fait office de séparatif.

Le cœur végétal du projet
Le patio est couvert de plantes tapissantes et vivaces (fougères, rodgersia, anémone, luzules…) soulignent les courbes des buttes d’où émergent quelques bouleaux et cerisiers à fruits décoratifs en hiver, dans un esprit de sous-bois. Des terrasses extérieures collectives s’implantent au rez-de-chaussée, et aux étages ; elles offrent à tous les résidents, et plus particulièrement à ceux qui habitent un appartement orienté au nord, un large espace extérieur orienté plein sud à chaque niveau.