À Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), pour Sorbonne Université maîtrise d’ouvrage, Atelier Téqui Architectes a livré en 2024 au sein de l’hôpital Charles-Foix la transformation du bâtiment Louis Pasteur en centre de recherche sur l’autonomie. Surfaces : 1 545 m² (surface de plancher) ; 1 173 m² (surface utile). Coût : 3,7 m €. Communiqué.
Ce projet consiste en la restructuration lourde du bâtiment Louis Pasteur pour la création de l’UMS Autonomie, premier centre de recherche et d’innovation en Île-de-France, dédié aux personnes en perte d’autonomie, composé de bureaux, de salles d’expérimentation, d’un atelier de fabrication numérique, de salles de travail et de conférence.
Le site de l’hôpital Charles-Foix
L’hôpital Charles-Foix est situé au sud de la ville d’Ivry-sur-Seine, au sein de l’ancien « hospice des incurables » conçu par Théodore Labrouste en 1873. Son patrimoine bâti est composé de deux ensembles de bâtiments symétriques et ouverts sur une cour d’honneur intérieure. Des galeries perpendiculaires aux principaux bâtiments, et traversant la cour, font communiquer les différentes parties de l’hôpital entre elles, à l’abri des intempéries.
Les façades de l’hôpital sont classées, tout comme la laverie et la chapelle, et ses trois jardins sont intégrés à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Largement végétalisé, le site a gardé cette composante forte avec de vastes cours et des allées bordées d’arbres. S’étendant sur une surface d’environ 140 hectares, l’hôpital Charles-Foix se positionne aujourd’hui comme un pôle gériatrique majeur en Île-de-France.
Le bâtiment Louis Pasteur
Construit en 1964, le bâtiment Pasteur est situé à l’extrémité nord–ouest du site, un peu à l’écart des autres activités de l’hôpital, lui conférant une position privilégiée face aux jardins arborés à l’est et à la maison de retraite L’Orbe conçue par André Bruyère. Il est construit sur trois niveaux, dont un niveau bas de rez-de-jardin semi-enterré qui accueille la pharmacie de l’hôpital, un rez-de-chaussée comportant l’accès principal sur rue et un étage également accessible par deux escaliers extérieurs.
Les façades souffrent d’une écriture assez rigide et hermétique, où le rapport déséquilibré entre les pleins et les vides accentue l’aspect austère de l’édifice. La faïence en façade participe à inscrire le bâtiment dans son époque de construction.
L’UMS Autonomie, centre de recherche sur l’autonomie
Propriétaire du centre hospitalo-universitaire Charles Foix, l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) a mis à destination de Sorbonne Université les deux niveaux supérieurs du bâtiment Pasteur, pour y installer l’UMS Autonomie. Il s’agit du premier centre de recherche et d’expérimentation sur l’autonomie des personnes dans un environnement hospitalier, regroupant utilisateurs, chercheurs et cliniciens.
Plateforme de recherche en innovation technologique d’envergure internationale, son objectif est de favoriser les travaux de recherche et de développement afin de lutter contre la dépendance liée à la maladie, au vieillissement ou aux situations de handicap. Le centre de recherche se place ainsi en plein cœur de l’écosystème santé, au croisement de l’hôpital, de la ville et du domicile, dans un espace ouvert public-privé permettant synergies et collaborations en conditions de vie réelle.
La transformation du bâtiment
La structure du bâtiment est constituée d’une ossature poteaux-poutres avec des remplissages en maçonnerie de briques. Ce dispositif constructif permet une reconfiguration souple et aisée des espaces intérieurs et des façades. La disposition en L du bâtiment et la répartition des circulations verticales offrent une surface capable appréciable pour sa nouvelle destination, mais révèle un manque de lumière naturelle et de repères.
Aussi, afin d’améliorer la lisibilité et le confort des espaces, la majorité des ouvertures sont agrandies pour garantir un bon niveau de luminosité et des vues dégagées. Les cloisonnements sont revus intégralement afin de répondre aux besoins du programme, et les façades sont isolées et bardées permettant d’améliorer le confort thermique du bâtiment.
Des façades métamorphosées
Les façades sont isolées par l’extérieur avec de la laine de verre de 16 cm puis revêtues d’un bardage à faux claire-voie en Douglas massif d’origine française de 44 mm d’épaisseur. Ce bardage épais assure une très bonne tenue dans le temps et son traitement par imprégnation grise offre une protection durable par autoclave, qui permet de se rapprocher de l’aspect naturel obtenu après plusieurs années d’exposition en extérieur.
Un jeu de calepinage horizontal et vertical apporte rythme et structure aux façades, qui s’intègrent harmonieusement au contexte historique et fortement arboré de l’hôpital. Les volumes existants du bâtiment sont conservés et mis en valeur par un changement de teinte du bardage. Enfin, un travail particulier sur le hall s’attache à redonner de la lisibilité à l’accueil du bâtiment.
Une réhabilitation lourde
L’opération s’est déroulée partiellement en site occupé, afin de maintenir l’activité de la pharmacie hospitalière positionnée au sous-sol du bâtiment et non concernée par la réhabilitation. L’ensemble du bâtiment est désamianté et curé, et l’intégralité des cloisons intérieures est démolie. Seuls les poteaux et quelques refends porteurs sont conservés. Pour l’agrandissement des ouvertures, un important travail de démolition en façade a permis la création d’espaces baignés de lumière et tournés vers le parc. Les fenêtres ont été remplacées au profit de menuiseries bois-aluminium plus performantes.
Accueillir et connecter
Dans le but de connecter visuellement les étages entre eux et de donner aux espaces le volume et la qualité nécessaires aux nouveaux usages, des parties de dalles existantes, constituées de plancher en poutrelles-hourdis, ont été démolies. En façade, une double hauteur est conçue afin d’offrir à l’entrée principale un effet signal. Cet espace tampon est imaginé comme une nouvelle vitrine pour le bâtiment.
À l’intérieur, la création d’un nouveau hall aux dimensions généreuses et à l’échelle du nouveau programme, se traduit par la démolition d’une large portion de dalle. Ce volume, habillé de bois, est largement vitré sur l’étage supérieur. Il offre un environnement qualitatif, chaleureux et agréable aux usagers, loin de l’imaginaire hospitalier.
Prolonger l’histoire du bâtiment
La réhabilitation d’un bâtiment existant évoque instantanément la notion de patrimoine et de sa conservation. Quelle que soit l’époque de construction d’un édifice, il convient de se poser la question de ce qu’il serait intéressant de conserver d’un point de vue architectural mais aussi structurel. Ainsi, la préservation de la structure porteuse passe également par sa mise en valeur. À l’étage, les poutres bétons sont nettoyées et laissées apparentes, témoignage du bâtiment d’origine.
Au cœur du bâtiment, l’escalier principal est préservé en l’état, avec ses marches en pierres et ses mains courantes en chêne. Des pavés de verres existants permettent un jeu d’ombre perçu depuis le hall. Ils sont aussi le symbole d’une époque. Au détour de quelques traces du passé conservées, le bâtiment dialogue avec son histoire pour mieux écrire son avenir.