L’agence parisienne Atelier WOA a livré en décembre 2020 la requalification d’une friche industrielle à Stains (Seine-Saint-Denis). Opération mixte de plus de 33 000 m², le projet comprend le centre de recherche d’Engie, l’école de l’industrie du futur «L’Industreet» portée par la fondation Total, et un pôle service comprenant un parking silo, un restaurant d’entreprises 225 couverts et une résidence pour étudiants en co-living de 120 lits. Un parc central paysager de 5300m² articule les différents programmes. Communiqué.
Le site était exemplaire de la ville franchisée constituée de hangars et d’entrepôts, autant d’éléments urbains décriés. Le projet mené par WOA, aux objectifs autant architecturaux et urbains que sociaux et sociétaux, a transformé une parcelle délaissée en lieu de vie dynamique.
En effet, à partir de la station de tramway qui offre une connexion avec Paris, WOA est parvenu, au-delà de la seule parcelle concernée, à doter l’ensemble du site d’une conception urbaine faite de circulations et destinations diverses dans un espace ouvert et lisible. Avec l’arrivée d’Engie R&D, à la recherche de nouvelles facilités, et de Total, qui souhaitait créer une école de formation – Industreet -, cette vision a aujourd’hui acquis une dimension telle qu’elle est devenue le pivot urbain et architectural du quartier.
Engie avait des besoins spécifiques – une grande halle, des laboratoires de recherche industrielle, des bureaux – tandis que Total inscrit sa démarche en réponse à la politique gouvernementale de faire participer les entreprises du CAC40 à l’éducation, notamment pour les enfants et adolescents déscolarisés. Aussi, afin de ramener en ce lieu des éléments de la ville et créer une urbanité, WOA s’est appuyé sur un principe de densification, lequel a permis la création d’espaces publics et d’un parc, de libérer de l’espace foncier et de concevoir une place s’inscrivant désormais dans la continuité de la gare.
Plus précisément, le parti pris est celui de la création d’un pôle de services – parking et restauration notamment – commun aux différentes entités du Campus, les deux locataires se partageant le reste de la parcelle de part et d’autre du parc. Ici, malgré les petites dimensions du projet, le mot campus est tout à fait approprié tant il définit le lieu bien au-delà que les seuls bâtiments construits ou Industreet.
De fait, Engie et Total ont gardé une placette en commun, lieu de croisement et pivot des circulations de la parcelle tandis que le patio permet de relier la ville au parc et d’intégrer parfaitement tous les éléments du projet dans un environnement urbain en lien direct avec la gare.
Focus sur L’industreet
L’Industreet, même si elle délivre des diplômes reconnus par l’Etat, n’est pas d’une école de type Education nationale mais un lieu d’enseignement et de production, avec de vrais clients extérieurs, d’où notamment un parking permettant les livraisons et la giration des camions.
Le centre de formation est organisé autour du patio. A l’intérieur, le vocabulaire de la zone d’activité est réinterprété au travers d’une halle de grande amplitude – qu’autorise une poutre de 25m – et dotée d’une verrière ainsi que le serait un passage parisien. Cette amplitude a permis de faire disparaître des poteaux et d’offrir une grande polyvalence à la halle, les gradins/escaliers permettant autant de récupérer la déclivité du terrain que d’imaginer en ce lieu toutes sortes d’expressions, culturelles, sportives ou liées à la vie de l’école.
A partir de ces intentions sociales et sociétales, en bonne intelligence avec Total, WOA a développé le programme afin de favoriser polyvalence et souplesse d’usage : les cloisonnements sont plus aérés, les salles de cours peuvent être converties en bureaux et inversement, la répartition entre salles de cours et bureaux peut être aisément modifiée selon les besoins, les élèves peuvent s’approprier des salles de réunion et vice-versa.
Peu d’espaces ont une fonction précise mais presque tous se prêtent à de multiples fonctions, permettant la reconversion de l’ouvrage à l’arrivée d’un nouveau locataire. En l’occurrence, même la signalétique est adaptable, peut s’enlever et se remplacer. Cette ligne de conduite a rendu les espaces plus perméables qu’au sein d’une école classique, l’aspect professionnel de l’enseignement y étant privilégié.
L’architecture reflète ce côté perméable, le décloisonnement des espaces permettant de décloisonner les esprits. A L’industreet, l’effervescence liée à la présence des élèves, des professeurs et des invités extérieurs est visible et lisible.
Matériaux
Le bois, qui participe à la signature des ouvrages de WOA (Wood Oriented Architecture) procède ici d’une variation de vocabulaire dont témoigne la structure apparente. La variété de matériaux – bois, métal, béton – affectés au bon endroit au bon moment a permis de tenir l’économie du projet.
Ce triptyque de matériaux à l’état brut souligne la matérialité du projet. Les fluides, la structure, les réseaux, tous sont apparents et donnent à lire l’architecture. Le bâtiment étant en soi pédagogique, la mise en œuvre des éléments techniques a été particulièrement soignée.
WOA a fait le pari audacieux d’un mobilier destiné à s’user et être remplacé par les élèves. De fait, tous les plans des meubles ont été transmis au fablab de l’école à cette fin.