Pour Paddy McKillen, maître d’ouvrage, Richard Rogers (RSHP), avec Demaria Architecture, a livré en 2021 au Château La Coste, le Puy-Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône), une nouvelle galerie destinée aux dessins. Tout en porte-à-faux, l’ouvrage est un élégant exosquelette en acier dont la galerie est le cœur.
La promenade d’art et d’architecture(s) du Château La Coste vient de s’enrichir d’une « sensationnelle » galerie toute en porte-à-faux. Le tout jeune retraité Richard Rogers parachève ici sa carrière, près de 44 ans après s’être fait connaître en France avec l’érection du Centre Georges Pompidou, longtemps qualifié de raffinerie multicolore.
Ni vin, ni art, ni architecture en plus mais un projet global unique
En 2004, l’homme d’affaires irlandais Patric McKillen achète le domaine de Château La Coste dont le vignoble n’occupe que 125 des 200 hectares. Amateur d’art et d’architecture contemporains, il se consacre à peupler le reste de la propriété d’œuvres – la plupart créées pour elle. Vont successivement y voir le jour la cuverie de Jean Nouvel (2008), le pavillon de musique* de Frank Gehry, le portail du domaine, une chapelle, le bench Origami, quatre « cubes pour contempler le paysage » et le centre d’art de Tadao Ando (2011), le pavillon d’exposition de photographies de Renzo Piano (2017), un centre d’exposition par Jean-Michel Wilmotte et une installation en bois dans une clairière de Kengo Kuma (2018).
Un vrai porte-à-faux… sinon rien !
En 2011, le maître des lieux invite Richard Rogers à venir choisir le site où bâtir une galerie d’exposition de dessins d’environ 120 m². Sur un versant nord arboré faisant face aux ruines antiques de La Quille, il retient un terrain escarpé traversé par une ancienne voie romaine et léché au sud par les vignes. L’architecte y concentre les trois gènes majeurs de son art, à savoir le moins d’appuis au sol, la couleur et la vue, tout en rendant hommage à la maison sur la cascade de Frank Lloyd Wright découverte au début des années soixante lors de ses études à Yale.
Accessible par une passerelle de 6,50 m, le parallélépipède rectangle (6 x 27 x 6 m) – à structure en poutrelles d’acier et habillé de cassettes aluminium – abritant la galerie s’enchâsse dans un exosquelette (8 x 30 x 7m) en tubes et ronds d’acier thermolaqué orange qui ne repose que sur deux rotules tout aussi colorées.
Ces dernières, comme les deux jeux de quatre câbles d’acier reprenant les efforts (1 000 t) depuis le bras le plus court, côté terre ferme, du cantilever, s’ancrent au sol via quatre massifs de béton lourdement ferraillés (100 m3) où sont noyés des micropieux tubulaires – verticaux (jusqu’à 20,70 m) et inclinés à 45° (jusqu’à 15,70 m) – allant chercher le bon sol sous les 20 m de couches argileuses et marneuses.
Préfabriquée en usine, l’ossature a été transportée par la route dans le Lubéron puis acheminée sur site par un semi-remorque via une piste agricole. Cet ouvrage en porte-à-faux projette avec grâce ses 239 tonnes dans le vide, dix mètres au-dessus du sol naturel.
Immaculée, la galerie de 27 m de long semble opérer à l’inverse d’une chambre noire en s’achevant en balcon d’où embrasser les ruines de la Quille se détachant à l’avant du Parc national du Lubéron !
*Initialement conçu pour la Serpentine Gallery en 2008
Article issu de la revue Matières (N° 11)
ConstruirAcier, l’association qui valorise l’architecture acier depuis 2008
Un musée, un stade, un centre commercial, une gare, un aéroport, des logements, un pont, un immeuble de bureaux, une maison, un entrepôt, une passerelle, une école… Tout, décidément tout, peut être construit en acier. Et ce n’est incontestablement pas un hasard si ce matériau le plus utilisé dans les pays industrialisés depuis le XIXe siècle a franchi haut la main les étapes de la transition écologique de l’orée du XXIe siècle… Architectes et concepteurs ne s’y trompent pas et misent sur le matériau acier pour conjuguer à l’envi performances techniques, efficacité et sens de l’esthétique.
ConstruirAcier proposent ainsi les Trophées Eiffel, lesquels contribuent à faire connaître des œuvres architecturales variées et significatives, réalisées tout ou partie grâce au matériau acier. Ils sont attribués par un jury indépendant à des œuvres construites en France, conçues par des architectes sans restriction de nationalité.
Ces prix s’inscrivent dans une perspective de promotion de l’architecture métallique et de ses concepteurs, architectes et ingénieurs. Ils ont aussi l’ambition de souligner les savoir-faire des entreprises de construction métallique et de métallerie et toutes les qualités du matériau acier.
En 2020, dix projets ont été récompensés dans les catégories Franchir, Architecture et Ingénierie, Habiter, Travailler, Apprendre, Divertir, Voyager, Innover, Restructuration et International.
ConstruirAcier, c’est aussi la Revue Matières, magazine de référence de l’architecture acier.
En savoir plus : https://www.construiracier.fr