L’Atalante, le nouveau cinéma d’art et d’essai de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), a été inauguré en 2021 par la ville (maître d’ouvrage). Farid Azib, architecte du bâtiment, a proposé une façade du bâtiment de 1 930 m² métaphore du cinéma sur pellicule. Communiqué.
Depuis sa création en 1990, L’Atalante, cinéma d’art et essai qui représente désormais un pôle important de la culture bayonnaise, est géré par l’association Cinéma & Cultures. Il est situé devant le quai Amiral-Antoine-Sala sur la rive droite de l’Adour, au pied du pont Saint-Esprit qui rejoint le centre-ville.
Pour mener à bien le projet, il a fallu regrouper et réaménager deux salles, dont une représentait une extension de quelques 200 places dans l’ancien garage du bâtiment attenant.
La ville, le Centre national du Cinéma et de l’Image animée (CNC), les Conseils général et régional furent les principaux partenaires de ce projet qui lançait la réhabilitation du quartier Saint-Esprit. En pleine métamorphose, entourant la gare, ce dernier est riche d’une longue histoire remontant au XIIe siècle et au berceau des chocolateries bayonnaises.
Il fallait concilier le caractère historique du site avec une demande explicite d’inscrire cet espace de culture dans un fort parti pris contemporain.
Farid Azib a envisagé les possibilités d’une modernité architecturale honorant l’existant par sa capacité à se fondre en cohérence dans l’identité de l’ensemble, sans chercher à la particulariser, à la séparer, à la singulariser par des formes contrastées, des matières ou des couleurs détonantes.
Un juste équilibre à atteindre entre le respect du patrimoine, l’esprit des lieux, et la dynamique créative nécessaire à l’élaboration d’un site culturel, théâtre de propositions esthétiques, l’émotion, de réflexions et de débats qui cimentent notre présent et animent nos lendemains.
Une ville est faite de fenêtres, de milliers de fenêtres qui laissent entrevoir et deviner des histoires et des destins. Les façades de Bayonne sont riches d’ouvertures, c’est très visible tout au long de l’Adour. Ainsi les fenêtres ont été un point d’ancrage et de réflexion pour l’identité extérieure du bâtiment.
Elles donnent à voir et à imaginer, laissent échapper bien des signes qui engagent des interprétations et d’éventuelles fictions. Des cadres exposés au sud-ouest laissent ainsi passer par transparence les lumières de chaque côté – intérieur/extérieur, naturelle/artificielle – créant une analogie explicite avec le cinéma : le septième art est aussi une percée sur le réel et l’imaginaire, un assemblage de cadrage, de plans, qui mit bout à bout forment des récits émouvants ou des histoires insensées.
La façade de Farid Azib est à la fois discrète et étonnante, intégrée et singulière, asymétrique, déconstruite et harmonieuse, angulaire et sage, douce et ouverte… Ainsi, de grandes fenêtres amplifiées à la fois dépareillées et assorties dans leurs dimensions matérialisent ce concept, à l’instar d’une vision architecturale issue de la tradition expressionniste (et de son courant cinématographique !) mais dont le dessin et l’organisation seraient ici assagis par un poli inédit, une délicatesse et une clarté novatrices, un éclairage subtil et ouaté.
De l’intérieur du cinéma, le paysage des quais, la perspective du pont avec ses mobilités permanentes, le fleuve, ses ondes et les reliefs du centre-ville historique en face, sur l’autre rive, sont comme des décors urbains magnifiés, soulignés par le découpage des ouvertures et les orientations des différents points de vue proposés aux visiteurs, laissant libre cours à leurs interprétations.
Ainsi la façade est faite de volumes prismatiques en saillie, réalisés avec des éléments préfabriqués légers, tandis que la façade arrière procède du même dispositif, mais de manière plus allégée, plus abrégée, comme un court-métrage…
Comme l’a justement déclaré Sylvie Larroque, codirectrice de L’Atalante : « Il y a vraiment un jeu de l’extérieur vers l’intérieur et inversement. Face à cette façade, on est déjà dans une idée de fiction potentielle avec ses fenêtres semblables à des écrans. Ces notions d’ouverture sur l’extérieur, de transparence, de visibilité, de proximité avec le fleuve ont vraiment été intégrées dans le projet initial de construction ».