Jeudi 6 juillet, étape 6 – Tarbes > Cauterets : Défi contemporain ?

Pour cette étape bucolique dans les Hautes-Pyrénées, les suiveurs du Tour de France de Chroniques pourront, au départ de Tarbes, de l’architecture contemporaine, découvrir quelques exemples discrets, voire incongrus.

Si les cadors ont pu se cacher la veille, cette seconde et dernière étape pyrénéenne devrait commencer à éclaircir les ambitions des uns et des autres. Non que le Tour se joue aujourd’hui mais les ambitieux voudront se montrer dans les cols les cols d’Aspin, pour s’échauffer, puis du Tourmalet (Hors catégorie, 17 km de montée dont les pourcentages dantesques à La Mongie) pour prendre date. Pour autant, avec encore une heure de course, pour peu que les équipes des favoris se surveillent d‘un peu trop près, les puncheurs/grimpeurs auront une carte à jouer pour aller chercher, sur le plateau du Cambasque, une victoire de prestige.

Même si cette étape est presque la plus courte du Tour, en réalité, les suiveurs du Tour de France contemporain de Chroniques vont pour une fois passer une journée sans stress et parfaitement bucolique. Ils n’ont même pas besoin de se lever plus tôt que les coureurs ! Allez, une croustade au petit-déjeuner de l’hôtel et c’est parti.

L’architecture contemporaine de ce petit département peu peuplé est liée, depuis la fin du XIXe siècle, à l’activité touristique – thermalisme et sports d’hiver – mais pas que. À Tarbes, ville de départ, les Archives Départementales vont être restructurés avec une nouvelle extension, projet signé de l’agence espagnole IDOM.

« L’extension du bâtiment a une géométrie similaire à celle de l’existant, avec une image plus contemporaine qui met en évidence ce qui est actuellement la façade arrière, en conservant les matériaux du bâtiment d’origine, tels que les toits en ardoise. Le matériau bois utilisé donnera plus de pertinence et de chaleur à l’ensemble », explique l’agence. Le tout doit être livré en 2024.

Avant de partir, aller encore découvrir l’ancien central téléphonique construit en 1935 et resté en service jusqu’en 2000. Il a été transformé et reconverti en centre médical par l’architecte Francis Clédat (installé à Soues) en 2002.

Tarbes Ancien central téléphonique — @ Philippe Poitou @Inventaire général Région Occitanie

De là, se diriger vers Barbazan-Debat, juste à côté puis se rendre 14 avenue du Pic-du-Midi – un nom prédestiné pour les suiveurs – et aller visiter l’atelier de l’architecte Edmond Lay.

Depuis que cet homme de l’art, né en 1930 et originaire des Hautes-Pyrénées, a cessé son activité à cause d’un accident en 1996, l’atelier est presque à l’abandon, soutenu à bout de bras par la Fondation du patrimoine. C’est l’occasion donc de (re)découvrir dès sa fondation le travail de cet architecte féru de Frank Lloyd Wright, qu’il avait rencontré en 1958, et qui enseigna longtemps aux Etats-Unis.

Tarbes Edmond Lay — @Fondation du patrimoine

C’est le paradoxe de l’architecture contemporaine, elle n’est contemporaine que temporairement. Ainsi en est-il sans doute également des pionniers. Penser à laisser une pièce à la fondation en partant.

Les suiveurs, qui aujourd’hui auront pris de l’avance sur le peloton, arrivés à Lannemezan, exactement sur la route du tour, feront un petit détour jusqu’à Saint-Gaudens à la rencontre de Prax architectes (Olivier et Marie-Pierre Prax et Mathieu Lolagne). L’occasion pour les suiveurs à l’étroit dans leurs logements parisiens de se souvenir qu’une maison d’architecte est pour le même prix bien meilleure qu’une maison de constructeur. À cela une raison simple : la marge du constructeur est de 30%, celle de l’architecte, 15% (au mieux). Dit autrement, pour le budget d’un suiveur du Tour, de quoi habiter une maison que l’architecte sera content de publier dans des revues ou une maison de constructeur dont même ses enfants ne voudront pas.

Par exemple cette maison à Saint-Gaudens.

Ou cette autre à Aurignac.

Ou encore celle-ci à Chaum, quasiment sur la route du Tour.

Justement, une fois à Chaum, aller également découvrir le Centre d’Entretien et d’Intervention (CEI) pour la DIRSO, livré en 2018 par la même agence, Prax architectes, qui ne fait donc pas que des maisons. Un CEI a pour fonction d’abriter les hommes et les véhicules qui entretiennent les Routes Nationales. Le CEI de Saint-Béat se charge du tronçon de la RN124 de la frontière espagnole jusqu’à Montréjeau et notamment la surveillance du tunnel évitant la traversée souvent encombrée du village de Saint-Béat.

« Cet équipement est pensé comme une extension du domaine de la route pour donner l’idée qu’il est à son service et pour permettre aux passants de voir le centre en action : les hommes s’affairer autour des véhicules, charger le sel, laver les camions après intervention… », explique Prax. « Le CEI peut ainsi, à la fois fasciner les enfants qui passent, et rassurer les usagers de la route qui voient que les hommes veillent ici au bon état de cet outil territorial majeur. La route, la cour et le garage, liés par le même sol expriment l’unité de l’ensemble : une implicite imbrication », poursuivent les architectes.

La tour de radio est l’emblème de l’ouvrage. « À Chaum et dans les villages avoisinants, les tours de guet médiévales s’assemblaient en réseau pour prévenir les habitants des dangers. En rappel de ces dernières, nous avons conçu une tour de radio dont la structure en bois s’inscrit comme un repère dans le territoire », conclut l’agence.

Bref les suiveurs sauront sur qui compter si leur véhicule venait à tomber en panne en plein milieu de la caravane.

Ne parlons pas de malheur. De fait, il sera temps alors pour les suiveurs de l’architecture contemporaine de rejoindre Cauterêts, après une traversée époustouflante du Parc national des Pyrénées.

Après les cérémonies protocolaires, les suiveurs ayant fini d’envoyer leurs reportages, puisque la croustade est déjà loin, reprendront des forces (surtout s’il fait froid en altitude) avec une garbure, une soupe au chou qui depuis des siècles tient au corps des solides montagnards.

Christophe Leray (dans la caravane)