Sur l’Ile de Nantes (Loire-Atlantique), pour ADIM Ouest maître d‘ouvrage, Marc Mimram Architecture et Ingénierie, GPAA Architectures et Jouin Manku ont livré en 2023 l’Ecole de Design de Nantes. Surface : 11 650 m². Coût : n.c. Communiqué.
Un dispositif unitaire
Le site de l’École de Design Nantes Atlantique s’inscrit à la rencontre de différents systèmes, celui de la halle des Nefs, dans le sens Nord-Sud, celui des îlots mixtes qui s’installent le long du futur Parc de la Prairie au Duc.
L’École de Design Nantes Atlantique porte un programme unitaire, qui doit à ce croisement se distinguer et créer une figure emblématique. C’est un équipement singulier. C’est une institution que nous avons décidé de considérer comme un tout, comme un ensemble cohérent et homogène.
L’école dispose à la fois d’un programme très singulier et remarquable et d’une position clé dans le système urbain existant et à venir.
Élément de proue de la forme urbaine développée depuis la pointe de l’île, point d’inflexion du système viaire depuis le centre de Nantes. C’est un poste avancé qu’il faut occuper de manière claire pour s’adresser à la ville et signifier la présence d’un établissement ouvert sur le monde, un bien commun, maillon fort d’une articulation entre différents programmes et différents espaces publics.
L’école profite d’une position emblématique, au long des parcours, à la charnière d’espaces publics majeurs – Esplanade des riveurs, Parc des Chantiers et Parc de la Prairie au Duc – et se doit à ce titre d’assurer une certaine continuité des parcours entre ces différents espaces.
Volumétrie et organisation générale
Le projet se compose de trois strates : le registre bas (RDC et R+1) très ouvert et support d’usages bien spécifiques, le corps principal (3 niveaux) constitué de plateaux supports pour des salles de cours et des bureaux, l’attique et la terrasse accessible, support de programmes atypiques : Studio média, art numérique au nord et cafétéria et sa terrasse au sud.
Chacune de ces strates est constituée de manière homogène sur l’ensemble du site. Ainsi, les bureaux sont parfaitement intégrés au dispositif volumétrique général et s’en détachent simplement par la traverse. « Nous voulions également que le volume de l’École prenne son autonomie, que sa morphologie se distingue des bâtiments alentours », souligne Marc Mimram. Les angles s’arrondissent, la façade s’enroule de façon unitaire et le projet se démarque. Chaque façade est traitée de manière équivalente.
Il n’y a ni avant ni arrière mais une forme englobante et douce, adressée de manière homogène à la ville, sans rupture, sans discontinuité. Cette forme courbe invite à découvrir l’école, à en faire le tour et à passer d’un espace à l’autre en observant les usages des apprentis designers en vitrine sur la rue.
La terrasse supérieure, facilement accessible depuis les étages, est le tiers lieu, l’espace en plus, ouvert à tous. Cette terrasse plantée, cette pièce en plus, prolonge l’univers végétal du parc, d’une part, et le caractère polyvalent de l’Agora d’autre part. Elle offre un espace de respiration pour les étudiants qui pourront retrouver en s’installant à la cafétéria annexe et sur sa terrasse attenante, un ancrage géographique, un lien avec le paysage nantais et avec l’histoire de son site. Pour appartenir à Nantes la terrasse panoramique propose d’embrasser l’horizon.
La distinction très claire entre les différentes strates s’exprime autant par l’occupation, la programmation que par l’écriture de façade. Pour signifier et adresser pleinement la strate basse à l’espace public, sont privilégiés de grands murs rideaux inscrits sur la double hauteur du rez-de-chaussée et du premier étage. Par opposition, les étages supérieurs expriment la « masse soulevée », le décollement et abritent des fonctions plus subdivisées.
Il s’agit de construire une unité abstraite et vibrante, un monolithe dont la peau varie et fluctue au gré des orientations. « Nous avons utilisé une vêture de métal déployé qui passe devant les parties opaques et devant certaines parties vitrées en faisant varier le rapport à l’extérieur de même que la perception que l’on a du bâtiment depuis l’extérieur. Ce même métal déployé vient se plier pour constituer des lames verticales perpendiculaires à la façade faisant effet de brise-soleil », poursuit Marc Mimram.
L’agora, le cœur du système
Le dispositif volumétrique très cohérent et homogène du projet offre en son cœur un espace généreux et lumineux tourné vers la Traverse, également adressé aux ateliers et la halle de fabrication à l’ouest et ouvert de manière panoramique sur la ville. C’est une cour, un patio, un espace de circulation et d’occupation qui est donné à voir depuis la ville et qui connecte l’école à l’espace public, le design à la ville.
Cette Agora verticale couverte mais ouverte sur le ciel est occupée par un très large podium qui offre une topographie évolutive au gré des besoins et des usages. Tantôt lieu de conférence ou de cours magistraux dans sa version amphithéâtre, espace d’expositions, ou encore lieu de pratique, de construction ou d’expérimentation… Ici la monstration est au service des étudiants, de la rencontre avec le public et même au service du partenariat avec le réseau d’entreprises local : espace à réinventer au quotidien, lieu de rencontres et de projets.
L’espace est largement ventilé par des ouvrants en façade et en toiture. La toiture dispose de protection solaire pour éviter les surchauffes des journées les plus chaudes. Les traitements acoustique et thermique sont localisés dans les niveaux bas. Ici, les sous faces des coursives sont absorbantes pour limiter la réflexion et des corps de chauffe suspendus viennent assurer une strate de confort sur le podium pour les journées les plus froides.