À Bordeaux (Gironde), l’agence ZW/A Zweyacker & Associés (Nicolas Zweyacker et Céline Le Maire) a livré en 2024 la transformation et réhabilitation du bâtiment patrimonial de l’Hôtel des Ventes des Chartrons en établissement d’enseignement supérieur et salle de ventes aux enchères. Surfaces : 6 676 m² SDP dont 5 643 m² SDP Rehab et 818 m² SDP Neuf. 750 m² Surfaces extérieures. Budget : 13 M€ HT. Communiqué.
Côté rive gauche de la Garonne, à Bordeaux, l’agence ZW/A zweyacker & associés a livré la réhabilitation et transformation de l’historique Hôtel des Ventes des Chartrons, en établissement d’enseignement supérieur et salle de ventes aux enchères. Édifice patrimonial, en partie protégé, et témoin remarquable de l’histoire marchande du quartier, le 136 quai des Chartrons se restructure entièrement et opère un changement d’affectation. Troisième vie pour ce bâtiment.
Porté par Rivage – foncière du groupe financier JC Parinaud, la commande répond au développement de l’Inseec Bordeaux (Groupe Omnes Education) présent dans le secteur, et son besoin de surfaces supplémentaires. L’opération prévoit la création de nouveaux locaux pour cet établissement d’enseignement supérieur, aux côtés de la salle de ventes des commissaires-priseurs, déjà en place et entièrement réhabilitée pour l’occasion.
Avec plus d’une vingtaine de salles de cours, un amphithéâtre, cafétéria, terrasses, espaces coworking, fablab, accueil et locaux administratifs, le résultat est un campus capable d’accueillir un effectif d’environ 2 000 personnes.
Le projet de ZW/A est pensé selon des logiques de recyclage architectural, et en démolissant le moins possible. Il réinvestit ce bâtiment outil, historiquement entrepôt à vocation logistique et industrielle, et réarchitecture plus de 6 600 m² pour configurer ce double programme en un même lieu.
La forme architecturale et urbaine, sa conception rationnelle, ses deux façades pignon dont l’une est iconique, et son implantation en double accès entre fleuve et ville ont conduit les architectes à se positionner en faveur d’un projet entre rupture et continuité. Il s’agit de conserver ce qui fait l’essence du lieu et d’en permettre la mise en valeur. Le projet s’appuie sur les capacités de l’existant, à la fois formelles, spatiales et constructives, pour faire advenir ce nouveau campus.
Au programme, une réhabilitation lourde et technique, une extension contemporaine, un réaménagement paysager des cours, des dispositifs de performances énergétiques et environnementales fabriquent un nouveau temps plus durable pour ce bâtiment, et un lieu de vie pour ces usagers.
Le projet s’insère dans le squelette d’origine, dans la trame structurelle de poteaux en fonte et planchers en béton, qui offre les conditions spatiales pour recevoir ce double programme en superposition. La répartition est en cohérence avec les activités. Le rez-de-chaussée intègre les espaces d’accueil respectifs des deux programmes. Il conserve l’activité de ventes aux enchères avec un accès facilité pour le dépôt/retrait des biens. Les étages bénéficient au développement de la surface requise pour le programme éducatif.
Cette reconversion totale se lit aussi dans la restructuration lourde et technique de l’attique du bâtiment. Imaginé comme le pont supérieur d’un navire, il accueille désormais les locaux administratifs. Repérable coté quai par le dessin en gradins de la façade principale, ses retraits en Est et Ouest dégagent deux toitures terrasses, dont l’une, accessible, est conçue comme un balcon sur la ville.
L’évolution du bâtiment se manifeste notamment dans l’expression de ses façades, dévoilant un double visage. Côté quai, la façade historique et massive en appareillage de pierre qui assurait un rôle de représentation à l’époque commerçante, est restaurée et revalorisée par l’aménagement paysager du parvis.
Greffe architecturale
À l’arrière, coté ville, une proue contemporaine vient en extension de l’existant. Un nouveau profil, transparent et accueillant redessine cette façade, jusqu’alors peu considérée, et témoigne de la métamorphose des lieux. Cette greffe architecturale et structurellement technique – découpe de la partie haute arrière de l’existant pour accrocher l’extension – permet un apport de surface d’environ 800 m² et la création d’un amphithéâtre suspendu de 240 places, offrant un panorama sur le paysage urbain et les toits bordelais.
Matérialité différenciante
La matérialité du 136 qui des Chartrons exprime cette dualité de la situation, une architecture à deux faces, entre fleuve et ville, entre un paysage fluvial dégagé en mouvement, et un paysage urbain plus dense. La façade de l’extension se veut être l’expression audacieuse du projet. En opposition à la façade avant historique, celle-ci s’élance avec transparence et technicité. Elle se glisse à l’intérieur des murs pierre existants. Son socle en rez-de-chaussée est constitué de béton apparent. Il est surplombé par deux volumes de métal blanc et de verre, dont l’amphithéâtre est reconnaissable par son mur-rideau et ses épines en brise-soleil.
Ces nouveaux volumes s’insèrent ici dans un jeu de glissements et de superpositions. Les grandes ailes latérales en débord participent à cet élancement dans une volonté de cadrage et de légèreté. L’ensemble accompagne le mouvement longitudinal et la forme de ce long tracé engagé par le bâtiment existant.