L’agence Philéas Architecture (Anne-Charlotte Zanassi et Dominique Vitti) a livré en mars 2024 à Paris (XIII), pour la Régie Immobilière de la Ville de Paris (RIVP) maître d’ouvrage, la réhabilitation et transformation de deux immeubles de Télécom ParisTech en logements sociaux et intermédiaires. Surfaces – Bât A : 1 984 m² SDP – 1 584 m² SHAB ; Bât C : 7 956 m² SDP – 6 518 m² SHAB. Coût travaux : 26,30 M€ HT. Communiqué.
Télécom Paris, anciennement Télécom ParisTech, est l’une des plus prestigieuses grandes écoles d’ingénieurs françaises. Fondée en 1878, elle intègre en 1934 les locaux de la rue Barrault. Ces derniers sont situés sur le flanc ouest de la Butte-aux-Cailles (XIIIe arr.) et étaient initialement occupés par la manufacture de gants Neyret. Suite à son déménagement en 2019, l’école est aujourd’hui intégrée au campus de l’Université Paris-Saclay. Une fois acquis par la RIVP, les locaux de la rue Barrault sont devenus une formidable opportunité de réhabilitation, de requalification urbaine et sociale, et de modernisation du patrimoine existant. Ce programme concrétise la transformation du site en associant locaux d’enseignements et de recherches, bureaux, et logements intermédiaires et sociaux (familiaux et étudiants).
Trois maîtres d’œuvre travaillent sur le projet de transformation de l’ancien site Télécom Paristech et se partagent la réhabilitation de six bâtiments, soit 30 927 m² SDP au total. Les travaux sont réalisés par une seule entreprise générale, GTM. Le montant global de l’opération est de 76 M€. Le programme de PHILÉAS Architecture portait sur la création dans les bâtiments A et C de 22 logements intermédiaires (bât A) et 95 logements sociaux, dont 10 ateliers d’artistes, et trois logements intermédiaires (bât C) pour 9 940 m² SDP.
La transformation d’immeubles dédiés à l’enseignement, et fortement caractérisés par l’architecture de leur époque de construction, nécessite une grande subtilité. Le glissement vers les normes de confort actuelles doit s’effectuer progressivement, en respectant l’architecture préexistante et ses qualités de construction. Nous nous sommes passionnés pour ces deux architectures et avons souhaité les valoriser à travers notre projet.
Bâtiment A : 22 logements familiaux intermédiaires
Le bâtiment de la rue Vergniaud a été construit dans les années ‘60 pour accueillir des logements étudiants, puis des bureaux, salles de travaux pratiques et laboratoires. Bien qu’un peu désuet, il était déjà très élégant.
« Nous avons dessiné 22 logements généreux et traversants. Ils disposent de très belles baies vitrées et hauteurs sous plafond, et conservent les escaliers préexistant qui manifestent le caractère patrimonial de l’immeuble. Nous avons également créé des souplex éclairés naturellement dans une partie des caves, désormais habitable. Ils donnent sur une cour anglaise agrandie et végétalisée par nos soins », expliquent Anne-Charlotte Zanassi et Dominique Vitti.
Bâtiment C : 95 logements sociaux
Le bâtiment de la rue Barrault était plus complexe à aborder du fait de ses usages antérieurs. Construit au début des années ‘20, il a abrité l’une des manufactures de la marque Neyret, puis, à partir de 1934, l’Ecole Supérieure des Postes & Télégraphies (ESPT), devenue par la suite Télécom Paris Tech.
Le bâtiment avait subi de multiples transformations : des ajouts d’escaliers et de volumes, couronnés d’une surélévation maladroite, construite dans les années ‘70 et destinée à accueillir la cantine de l’établissement. La façade amiantée de la cantine en surélévation a été remplacée, en conservant ses mesures et sa couleur initiale afin de ne pas dénaturer la silhouette de l’immeuble. « Nous avons exploité le potentiel de cet espace en créant des logements en étages élevés avec une façade en verre Emalit. Compte tenu des hauteurs sous plafond disponibles, nous avons également fait le choix de démolir deux niveaux de plancher pour en créer trois, toujours dans l’idée de conserver la façade historique du bâtiment », poursuivent les architectes.
Bien qu’abîmée par le temps et les usagers, la partie « historique » du bâtiment était magnifique. Ce patrimoine remarquable a été mis en valeur en démolissant les ajouts et en conservant certains éléments d’époque, comme l’escalier intérieur des années ‘20, mis en scène par son accès dans l’axe de l’entrée. Au total, des logements uniques et hors-normes ont été créés, caractérisés par ces baies vitrées omniprésentes dans la partie historique du bâtiment. Du fait de leurs importantes hauteurs sous plafond, dix ateliers d’artistes ont pris place parmi les logements du rez-de-chaussée.
Espaces extérieurs
En complément de la réhabilitation de ces deux bâtiments, la parcelle a été renaturée et désimperméabilisée autant que possible, un jardin étant créé en lieu et place d’un parking. Les deux toitures ont été végétalisées, l’une étant une réserve de biodiversité (non accessible) et l’autre, agrémentée de serres et bacs potagers, dédiée à l’agriculture urbaine.
Intervention artistique
Ici, le quartier ayant une tradition du street-art bien implantée, les pignons nord-ouest et sud du bâtiment C ont été confiés à deux artistes. La fresque de Jef Aerosol évoque un poème de Baudelaire et celle de David De la Mano traite de la place de la femme dans la société, une thématique récurrente dans son œuvre.