Une grosse récompense est offerte pour qui retrouve le maléfique Dubois l’architecte. Ethel Hazel, sa psychanalyste, se perd en nuances de blond, de bleu et de gris. La police française n’en peut mais…
Psychanalyse de l’architecte : les personnages à l’œuvre
Relire le prologue de la saison 7 (et le résumé des saisons précédentes)
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« Rien de vieux ne ressuscite jamais vraiment, mais cela ne disparaît jamais tout à fait non plus. Et toute chose qui a été un jour émerge dans une forme nouvelle ».
Alvar Aalto
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Lundi, 5h00 (heure locale) – Florianopolis, Brésil
Dans les pages locales de l’hebdomadaire Notícias sensacionais (« Nouvelles sensationnelles »), un article non signé titré : O arquiteto Dubois causa pânico (L’architecte Dubois provoque la panique)
Matéria do Diário Catarinense, jornal diário do Estado de Santa Catarina, assinada por Bianca Bertoldi e intitulada Dois novos cadáveres em torno do arquiteto Dubois, publicada na última quarta-feira, provocou fortes reações na região, de Florianópolis a Paraty, no Estado de São Paulo, em especial . Na verdade, um leitor informado compartilhou nas redes sociais as perguntas do jornalista sobre os cadáveres que se acumularam durante a viagem do arquiteto Dubois ao Brasil. Foi o suficiente para assustar a comunidade. Dubois está acompanhado pela voluptuosa arquiteta Glória da Silva; é Bonnie Parker, talvez? A primeira foto de Dubois, publicada pelo Diário Catarinense, já foi compartilhada milhões de vezes, gerando questionamentos angustiantes: Dubois é um serial killer? Agora, onde ele está?
Recorde-se que desde a sua chegada ao nosso país – teria sido visto nas cerimónias de São Tadeu – mortes suspeitas foram-se acumulando no seu caminho. De fonte confiável, são pelo menos quatro: Léonie Meunier, uma francesa encontrada na praia perto de onde ele morava em Florianópolis, e depois Augustinha Dos Santos, assassinada no hotel 5* onde estava hospedado – Arpoador, famoso hotel 5* em São Paulo, desculpe, como um arquiteto francês consegue pagar esses hotéis é outra questão… Depois bastava o casal infernal ir a Paraty para que fossem perpetrados outros dois assassinatos, o deles, o de uma idosa em sua loja, inventada como suicídio. O que todas essas mulheres têm em comum? São todos loiros de olhos azuis, como parece gostar do arquiteto Dubois, assim como sua atual companheira, a deslumbrante Glória da Silva. Ela está sob seu controle? Cúmplice ou vítima? Na Ilha Grande, onde Dubois foi visto pela última vez, corre o boato de que a terrível dupla participou de um ritual de vodu em uma igreja abandonada, a apropriadamente chamada de “Igreja das Sombras”. Manteremos você informado assim que soubermos para onde Dubois foi. Até então, grande recompensa para quem encontrar Dubois, a Malévola. Tel: 55 22010-111. Discrição garantida.
Un article du Diário Catarinense, le quotidien de l’État de Santa Catarina, signé Bianca Bertoldi et titré Deux nouveaux cadavres autour de l’architecte Dubois paru mercredi dernier a suscité de vives réactions dans la région, de Florianopolis jusqu’à Paraty dans l’État de São Paulo notamment. En effet, un lecteur avisé a partagé sur les réseaux sociaux les interrogations de la journaliste à propos des cadavres s’accumulant au fur et à mesure des déplacements de l’architecte Dubois au Brésil. Il n’en fallait pas plus pour affoler la communauté. Dubois est accompagné de la voluptueuse architecte Gloria da Silva ; sa Bonnie Parker peut-être ? La première photo de Dubois, publiée par le Diário Catarinense, a déjà été partagée des millions de fois, suscitant des interrogations angoissées : Dubois est-il un tueur en série ? Et maintenant, où est-il ?
Pour rappel, depuis son arrivée dans notre pays – il aurait été vu aux cérémonies de la saint-Thaddée – les morts suspectes s’empilent sur son passage. De source sûre, il y en a au moins quatre : Léonie Meunier, une Française retrouvée sur la plage près de là où il résidait à Florianopolis, puis Augustinha Dos Santos, assassinée dans l’hôtel 5* où il séjournait – l’Arpoador, célèbre hôtel 5* de São Paulo, excusez du peu, comment un architecte français peut-il se permettre de tels hôtels est une autre question… Il a ensuite suffi au couple infernal de se rendre à Paraty pour que deux autres meurtres soient perpétrés, l’un d’eux, celui d’une vieille femme dans sa boutique, maquillé en suicide. Point commun de toutes ces femmes ? Elles sont toutes blondes aux yeux bleus, comme semble les affectionner Dubois l’architecte, telle sa compagne actuelle, l’éblouissante Gloria da Silva. Est-elle sous sa coupe ? Complice ou victime ? À Ilha Grande, là où Dubois a été aperçu en dernier, on chuchote que le duo terrible aurait participé à un rituel vaudou dans une église abandonnée, la bien nommée « Igreja das Sombras », l’église des ombres… Nous vous tiendrons informés dès que nous saurons où est passé Dubois. D’ici-là, grosse récompense pour qui retrouve Dubois le Maléfique. Tel : 55 22010-111. Discrétion assurée.
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Mardi, 21h09, dans la cuisine d’Ethel Hazel
Ethel Hazel est déprimée, elle a attrapé un rhume ou la grippe ou le Covid ou autre chose qui l’a laissée bien patraque pendant deux jours. Heureusement ça s’est atténué pendant le week-end et elle a pu assurer ses séances habituelles hier et aujourd’hui, pour autant ce soir elle est fatiguée. Et le temps qui passe si vite et de s’apercevoir qu’écrire son article ‘scientifique’ n’est pas aussi facile qu’elle l’imaginait. Ethel se débat pour ne pas perdre confiance en elle, Hollywood n’a jamais été aussi loin. Bref, sous prétexte d’être souffrante, elle s’est fait un premier grog bien tassé, puis un deuxième. Au troisième, était-ce la musique jazzy, joyeuse et entraînante, que jouait la radio, mais elle s’est sentie tout à coup beaucoup mieux, comme si un ciel nuageux s’était déchiré. Au quatrième, impatiente soudain, elle était devant son ordinateur.
SYNDROME DE LA BELLE AU BOIS DORMANT DE L’ARCHITECTE DUBOIS
18 nuances de bleu
Les victimes de l’architecte Dubois, du moins celles qu’il conserve, sont toutes blondes aux yeux bleus. Pourquoi ? Ce n’est qu’au fil de nombreuses séances, s’étalant sur plusieurs années, que j’ai découvert qu’il affectionnait ce type de femme, ce qui me fut confirmé par Dr. Nut. S’est alors posée pour moi la question de savoir si, avant la thérapeute, il m’avait choisiecomme victime, ce qui a failli d’ailleurs être le cas. Au début, quand il était encore marié, j’ai fini par savoir que sa femme Madeleine était blonde aux yeux bleus et que, d’une certaine façon, je lui ressemblais. Cependant, de lui-même, Dubois a rarement évoqué la similitude physique de ses « victimes ». Une fois, tôt dans la thérapie, il m’annonça avoir engagé une nouvelle architecte, une Italienne, avec de l’expérience. Je ne prêtais alors guère attention à ses affres d’employeur. C’est rétrospectivement, en relisant mes notes, que j’ai compris la signification de cette phrase.
Citation : [à propos de cette nouvelle embauche] Anna elle s’appelle. Et jolie avec ça. Savez-vous qu’elles ne sont pas si rares les blondes italiennes ? Il n’y a pas que des Gina. Cela vaut aussi pour les Grecques d’ailleurs… C’est pour dire qu’Anna je ne l’ai pas trouvée dans les petites annonces du Chasseur français. Je ne sais pas encore pourquoi elle est venue seule à Paris, à son âge, elle a une belle quarantaine je pense, mais ce n’est pas mon problème. Elle m’a dit qu’elle ne savait pas combien de temps elle allait rester. Elle s’est engagée pour six mois, ce qui est parfait pour l’agence. Elle s’est mise au travail dès le premier jour et c’est parti comme sur des roulettes. Et ça tombait bien puisque Hilda est partie.
Je n’avais alors jamais entendu parler de Gina Rossi et je pensais qu’il évoquait ce nom juste comme une façon de parler ; quelle erreur ! De fait, il me faut ici préciser que Gina, Anna, et Hilda font partie de ses victimes, toutes ayant fini par disparaître sans laisser de trace. Les voici toutes les trois dans une même phrase – voir le chapitre Polygamie platonique – mais ici l’architecte Dubois exprime sans équivoque ses préférences. Pourquoi de telles femmes et pas d’autres ? Il m’a fallu reprendre mes notes et relire tout ce qu’il me racontait de son métier et de son agence, discussions apparemment ennuyeuses mais dont je sais aujourd’hui que là se trouve la clef pour décrypter ses intentions. Il est le tueur en série qu’il est devenu parce qu’il est architecte : il n’y a pas un docteur Jekill et un Mister Hide en lui, son métier et sa collection de Belles sont entremêlés et ne font plus aujourd’hui qu’un seul projet ; il tue comme il construit : patiemment, avec goût et imagination, professionnellement en somme.
Pour autant, il ne m’a jamais indiqué pourquoi il m‘a choisie. Je m’en doute, je le sais, je le sens. Mais être blonde aux yeux bleus n’est à ses yeux pas suffisant. Nous sommes des milliers, des millions, toutes différentes, ne serait-ce que le blond de nos cheveux… Nous savons qu’il les aime architectes, comme si elles devaient comprendre sa conception du monde. Je ne le suis pas. Est-ce grâce à ça que j’ai survécu ? Géraldine ne l’était pas non plus et nul ne l’a plus jamais revue… En tout cas, après notre première expérience ensemble, Dubois s’est une autre fois épanché sur ses préférences, sur le ton de la confidence.
Citation : …car c’est ainsi que j’ai rencontré ma première vraie petite amie, comme on disait alors. Claire, elle s’appelait Claire…
Question (même si je me doutais alors de la réponse) : Comment était-elle ? Vous pouvez me la décrire ?
Citation : Bien sûr, volontiers. Voyons, elle était blonde, aux yeux bleus. Tiens savez-vous combien de teintes de blondes et de couleurs bleues dans les yeux, ils ont en Suède ?
Question : Non, combien ?
Citation : Dix-huit nuances de blond qui vont avec 18 nuances de bleu. C’est facile à comprendre. Dans un pays où il n’y a que des blondes aux yeux bleus, il faut de la nuance. D’ailleurs, une femme brune aux yeux marron, ils l’appellent une panthère en Suède. Sinon, vous imaginez les types : « Elle est comment ta copine Monica ? ». « Blonde aux yeux bleus ». Ils seraient bien avancés les Suédois, alors ils ont inventé tout un tas de nuances de blonds et de bleus pour pouvoir décrire leur copine ou leur copain et s’y retrouver.
Question : Et donc, Claire…
Citation : Hélas je ne parle pas suédois et je n’en sais pas plus alors disons qu’elle était un peu dans votre genre mais plus grande que vous, 1,69 m. Très belle, très intelligente, très douée. Elle n’était pas parisienne et aussi timide et déterminée que je pouvais l’être moi-même.
Nous pouvons donc affirmer que Dubois l’architecte est parfaitement conscient de ses choix, il sait exactement ce qu’il cherche. Mais sait-il lui-même pourquoi c’est ce type de femmes qui l’attire, du moins celles qu’il tue ? La vérité est que je n’ai jamais réussi à savoir si Dubois, depuis son divorce, voire avant, avait des relations sexuelles avec un autre type de femmes. Si oui, ces relations-là étaient-elles/sont-elles « normales » ? Les femmes brunes ou noires ou asiatiques n’auraient-elles donc rien à craindre de lui ? J’en ai la conviction mais aucune preuve et Dubois n’a jamais évoqué des relations avec des femmes autres que celles qu’il finit par faire disparaître.
Pendant que j’y pense, à me relire, je me doute que maintenant, non je sais, que Dubois n’a pas évoqué la Suède par hasard, surtout deux fois. Aurait-il fait une victime là-bas ? Quand j’ai assisté à la garde à vue de Dubois, Dr. Nut n’a jamais évoqué une victime suédoise parmi la dizaine dont nous sommes quasi certains. C’est un indice vraiment ténu. Mais quand il me parlait de la « pêche » en Bretagne, il était précis à sa façon. Ou est-ce moi qui me fais des idées ? Je vois des victimes partout autour de Dubois alors qu’en réalité, je n’en ai jamais vue une seule ! Le fait est que, au travers de cet article, je ne fais que penser à lui. Et incidemment, à Gloria, et Gina, Anna, Hilda, Claire… Pour la Suède et cette Monica, il ne s’agit que d’une supposition, tâchons donc de nous en tenir aux faits. Allez, un dernier grog ! Ah oui, sa mère…
Quant à sa mère, qui l’a élevé seule, il ne me l’a jamais décrite et n’a quasiment jamais abordé le sujet, même au fil de mes relances. Je lui demande comment va sa mère et il me décrit les bons et mauvais côtés de l’architecture de sa résidence. Je sais donc justequ’elle est encore vivante, sans doute très âgée, dans une institution sur la côte pour les gens atteints d’Alzheimer. Elle était prof de Lettres, cela, je l’ai appris. Mais à quoi ressemblait-elle ? Était-elle stricte ? Joyeuse ? Angoissée ? Larmoyante ? Courageuse ? Folle ? Coincée ou vivant de multiples aventures ? Fils unique, Dubois l’architecte semble l’aimer ; en tout cas, il la respecte assurément mais il est désormais seul à se souvenir de ce qu’elle fut. Est-ce cette vision de sa mère, sereine, aimante, belle, qu’il essaye de retrouver et conserver au fil de ses crimes, ses victimes vieillissant non pas avec lui, comme nous le croyions Dr. Nut et moi, mais avec les différentes étapes de la vie de sa mère ? Sa mère était-elle blonde aux yeux bleus ?
Sinon quoi ?
(À suivre)
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Mercredi, 18h10, dans le bureau de Dr. Nut
Dr. Nut vient de s’ouvrir la première bière de la journée, commencée à 6h ce matin dans le bureau du chef. La presse brésilienne s’est emparée de l’affaire et est devenue maboule, un journal à scandales étant en train d’ameuter tout le Brésil sur le cas Dubois. L’inspecteur a bien expliqué au chef que certes les cadavres semblent s’accumuler autour de l’architecte mais, comme l’a souligné Aïda, avec le collègue brésilien, ils ne trouvent que ce qu’ils cherchent, la loi des grands nombres dans un pays comme le Brésil et ni Aïda ni moi ne pensons qu’il s’agit là de l’œuvre de Dubois. Au contraire, il a l’air d’être en vacances architecturales avec sa copine architecte Gloria qui, jusqu’à preuve du contraire, est toujours en vie et en parfaite santé. Elle a d’ailleurs l’air enchantée d’être en compagnie de Dubois, ce dont est convenu le chef en regardant les photos prises par Aïda. « Il ne se gêne pas le Dubois », a ironisé le chef. Dr. Nut a dû lui expliquer le coup de la séance vaudou, la mise en scène macabre organisée par un groupe d’artistes qui a donné la peur de sa vie à Aïda. En attendant, c’est aussi cette scène-là qui a fini par leur mettre la puce à l’oreille. « Bref, il y a de grandes chances que Dubois n’y soit pour rien pour tous ces meurtres », avait conclu le policier. « Bien », avait dit le chef, « tant que cela reste confiné au Brésil, on dira comme vous, nous n’y sommes pour rien, nous ne savons rien, et sur le vaudou encore moins ». Plus enquiquinant est le journaliste de La Stampa. Il n’y a pas eu de nouvel article depuis cinq jours mais Dr. Nut doute que le nommé Lorenzo Antonetti ait lâché l’affaire. Le reste de la journée fut à l’avenant, tout le monde occupé à chercher des gens qu’on ne connaissait pas hier et dont nous savons que si nous ne mettons pas la main dessus avant demain, les chances de les retrouver tout court seront déjà diminuées de 80 %.
Mais voilà qu’arrive Heidi, le jeune gars de son équipe à qui il a confié la surveillancede l’agence de Dubois à Belleville et qui s’est entiché de la nouvelle architecte, une Ukrainienne dont Dr. Nut a oublié le nom. Les méthodes de son jeune collègue sont vraiment limites mais bon. Il a appelé tout à l’heure pour dire qu’il avait des infos et il avait l’air content de lui. Ce qui n’est pas difficile, il est toujours content de lui. Les temps ont bien changé, soupire le policier qui se sent vieilli, usé, fatigué tout à coup. Bref voilà Heidi qui arrive.
– Salut Patron.
– Salut Heidi. Une bière ?
– Oui mais ne bougez pas patron, je sais où elles sont.
Finalement son air si enjoué finit par inquiéter Dr. Nut.
– Alors ces bonnes nouvelles dont tu m’as parlé.
Il ne peut s’empêcher de sourire en voyant la banane de sa jeune recrue.
– Bon, ça se passe bien avec ton Ukrainienne ?
– Oksana, Oksana Shevchenko elle s’appelle. Justement, entre elle et moi, ça se passe très très bien. Je peux même aller la chercher à l’agence, où tout le monde me connaît maintenant, et ça me permet de fouiner à droite à gauche quand tout le monde est parti. Bref, nous avons passé nos premières nuits ensemble dans un hôtel rue Vivienne, dans le 1er arrondissement. Elle était étonnée, et un peu troublée, de devoir aller à l’hôtel mais je lui ai expliqué que j’étais en colocation avec d’épouvantables célibataires et que ce n’était pas top pour la recevoir. Elle m’a dit louer un petit appartement mais elle ne voulait pas au début m’y emmener ni me dire l’adresse. Je crois qu’elle se méfiait de ce coup de foudre inopiné. Aujourd’hui, elle a un peu plus confiance, cela va encore mieux entre nous et j’ai passé chez elle la nuit dernière.
– Et c’est pour me dire ça que tu viens jusqu’ici ?
– Oui, exactement. Elle a un appartement charmant, au 147 rue du Chemin vert, à Paris, dans le XIe arrondissement. Alors ce matin, après son départ pour l’agence, j’ai tenté de retrouver le propriétaire de l’appart parce qu’elle m’a dit hier soir, à ma grande surprise, que la location est particulièrement bon marché. Elle m’a dit ne pas connaître le proprio, que l’appartement est prêt pour elle et l’attendait, que l’agence DUBOIS&MOI avait tout organisé. Elle trouve ça super ! « C’est la classe, non ? », dit-elle. Alors ce matin, j’ai tenté de retrouver le propriétaire. J’ai suivi l’adresse de l’agence indiquée sur la quittance, j’ai interrogé la concierge mais je me suis finalement retrouvé aux Îles vierges où la trace se perd. Mais c’est justement en allant vérifier dans vos notes vos propres recherches que j’ai fait une découverte.
Dr. Nut s’est levé, va chercher deux bières dans le frigo pour se donner une contenance. Heidi aurait trouvé dans ses notes quelque chose qui lui aurait échappé, à lui ? De fait, l’adresse lui dit quelque chose mais quoi ?
– L’adresse me dit quelque chose mais je ne sais plus quoi, dit-il.
– Je vais vous le dire, j’ai tout vérifié trois fois pour ne pas vous donner de fausse joie : 147 rue du Chemin vert Paris (XIe), c’était déjà l’adresse d’Hilda De Jong, qui travaillait chez Dubois avant de disparaître en 2020. La même adresse et, j’en suis sûre, le même appartement, à dix minutes à pied de l’agence et de l’appartement de Dubois. Vous vous souvenez d’Hilda, je suis sûr…
Dr. Nut en est baba…
– Et comment…
– Ce n’est pas tout, reprend Heidi. Hilda a disparu en 2020, pas si longtemps en fait après le divorce de Dubois. Une fois divorcé, je ne sais pas comment il aurait pu monter si vite une affaire pour acheter cet appart près de chez lui puisqu’il n’habitait pas encore Belleville. Cela signifie selon moi qu’il est propriétaire – ce qui reste à prouver – de cet appartement depuis plus longtemps, quand il vivait encore rue Guynemer ou avait son agence à la Cité de l’ameublement. Depuis des décades peut-être. Ce type est un génie du crime au long cours. Depuis combien de temps a-t-il cet appartement sans que personne n’en sache rien ? Comme celui où il vous a retenu prisonnier ? Combien en a-t-il de ces appartements planqués dans Paris, nous ne le savons pas mais là, nous en avons un, et la jolie Oksana juste dedans.
– Attention Heidi, il ne s’agit pas de la mettre en danger.
– Patron, il faut que je vous dise, c’est parti comme un joli coup de police, mais elle est vraiment formidable cette fille…
– À peine arrivé à Paris, déjà amoureux le Nantais, soupire Dr. Nut plus heureux avec cette nouvelle qu’il ne le fût depuis des années maintenant qu’il court après Dubois.
(À suivre)
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Jeudi, 00h24, heure de Rio de Janeiro, dans la chambre 1728 de l’hôtel Ricano
Aïda voudrait appeler Dr. Nut pour lui raconter tout ce qui s’est passé ces derniers jours. Mais il est 5h à Paris et elle a besoin de se mettre les idées au clair avant de lui parler. Debout sur le balcon, alors que dehors la plage et la ville sont illuminées de mille feux, elle revoit comment les évènements autour de Dubois et Gloria se sont bousculés, surtout aujourd’hui.
Elle a enfin retrouvé la piste du duo infernal grâce à un post Instagram de Gloria posté il y a deux jours, une photo d’un coucher de soleil vu d’une chambre d’hôtel. Sur la photo, une piscine à débordement avec une vue spectaculaire sur la mer et au loin les montagnes emblématiques de Rio (Dois Irmaos). La photo est prise derrière une baie vitrée, exactement comme la mienne ici ! Dans l’image, il y avait le reflet de Dubois derrière elle. À peine visible mais suffisant pour confirmer qu’ils étaient là, tous les deux. Transmis aussitôt à Thiago, il ne lui a pas fallu longtemps pour identifier l’Hôtel Ricano sur la plage d’Ipanema à Rio, l’hôtel favori des stars de passage. Nous étions donc convenus de nous y retrouver tous les deux aujourd’hui. « J’ai réservé deux chambres », dit-il et en effet, en arrivant j’avais une chambre au 17ème étage et un message pour le retrouver – discrètement, c’était souligné – un peu plus tard au bar.
Le temps de revenir d’Ilha Grande – et ce fut une aventure en soi – de prendre une douche et j’ai retrouvé Thiago, installé au bar, sirotant une bière.
En l’apercevant, Aida eut un élan d’affection, enfin une présence rassurante. Lui aussi avait l’air content de la revoir. Elle s’est demandé comment la police brésilienne pouvait se permettre deux chambres dans cet hôtel – et elle eut une pensée pour Dr. Nut, un appart à la Courneuve, un bureau poussiéreux – mais n’a pas posé de question.
Bref, Il m’a offert une Caïpirinha, « la boisson officielle du Brésil » me dit-il. L’atmosphère était détendue et on a échangé sur les derniers jours, ses découvertes et la stratégie à mettre en place puisqu’il nous fallait bien considérer que Dubois, qui était dans l’hôtel m’a-t-il confirmé, était sans doute bel et bien étranger à tous ces meurtres. Il avait cependant un air narquois dans les yeux. Un peu vexée, je lui demande pourquoi. « Tu as vu le tumulte devant l’hôtel en arrivant ? », me demande-t-il. À mon arrivée, en effet, j’ai vu une bonne dizaine de journalistes agglutinés devant l’entrée, micro en main ou caméra à l’épaule, retenus par des vigiles derrière un cordon. J’ai imaginé qu’ils étaient là pour une star de passage, « c’est l’hôtel des stars », m’avait dit Thiago. « C’est le début de la pagaille », me dit-il enfin avec un sourire équivoque. « Tiens, regarde qui traverse le hall ». Je compris alors qu’il s’était installé de façon stratégique pour pouvoir observer l’entrée de l’hôtel sans être repéré, malgré sa taille et ses biceps. Tournant mon regard comme le sien, je les ai vus, Gloria et Dubois venaient d’apparaître et traversaient le hall menant à l’entrée.
Ils étaient tous deux impeccablement habillés. Gloria portait une robe en soie blanche, dos nu, qui flottait gracieusement autour d’elle. Elle avait les lèvres teintées de rouge et ses cheveux blonds relevés laissaient apercevoir ses fines épaules bien dessinées. Ses chaussures à talons claquaient légèrement sur le marbre. Dubois, de son côté, portait une chemise blanche et un pantalon en lin assorti. Ils étaient parfaitement coordonnés, comme un couple de stars de cinéma. Il lui tenait légèrement le bras.
Ils étaient à peine dehors qu’ils furent assaillis, la sécurité tentant tant bien que mal de contenir les journalistes. LES JOURNALISTES ETAIENT LÀ POUR DUBOIS ET GLORIA !!!!!!!! Je n’avais pas été la seule à repérer le post de Gloria et, m’a expliqué Thiago, après la parution il y a trois jours d’un article dans un magazine à sensation, la présence d’un potentiel « tueur en série français » à Rio s’est répandue comme une traînée de poudre. Avec Thiago, nous avons observé la scène de l’intérieur sans nous faire remarquer. Les journalistes cernaient Dubois et Gloria et les assaillaient de questions mais Dubois et Gloria sont restés souriants et imperturbables – ils devaient déjà être au courant de l’animation à leur sujet, Gloria est brésilienne après tout – et ils se sont calmement dirigés vers le taxi qui les attendait. « Ne t’inquiète pas, mes hommes les filent discrètement, tu peux te détendre, profite de ton séjour ici », me dit Thiago en souriant. « Allons manger ».
De fait, dès que Gloria et Dubois eurent quitté l’hôtel, l’agitation est rapidement retombée, mais nous étions à peine installés que les choses se sont compliquées. Une femme, que nous n’avions pas repérée, s’est approchée de notre table avec un étrange sourire aux lèvres. Elle s’est penchée vers moi, m’a tendu sa main et s’est présentée : « Bianca Bertoldi, journalist, Diário Catarinense. « Enchantée », that’s how you say it in French, isn’t it?». Thiago et moi en sommes restés muets de stupéfaction mais Bianca a continué avec aplomb : « May I sit with you? » Et elle était déjà assise.
Elle nous a expliqué qu’en étudiant d’abord le cas de Léonie Meunier à Florianopolis, elle avait fini par nous repérer, « un type comme Thiago avec une jolie Française ne passent pas exactement inaperçu ». « J’ai compris rapidement que vous étiez des flics – regardez-vous – et je ne me suis pas trop étonnée au début qu’une policière française soit présente, je pensais qu’elle était là pour Léonie. Mais on vous a aussi vusà Paraty et maintenant, pourquoi ne suis-je pas étonnée de vous retrouver dans l’hôtel où sont arrivés Gloria et Dubois ? En tout cas, j’ai compris que vous n’étiez pas là pour Léonie Meunier mais pour Dubois. La question est : pourquoi ? », nous dit-elle.
Voilà une journaliste qui a oublié d’être conne, se dit Aïda rageusement.
Elle a tenté de nous tirer les vers du nez et d’obtenir des infos sur Dubois mais elle a vite compris qu’elle n’obtiendrait rien de nous, et bientôt Thiago s’apprêtait à la renvoyer à ses études quand, avec un sourire sardonique, elle sortit une photo de son sac qu’elle posa sur la table devant nous. Avant que nous ayons le temps de réagir, elle poursuivit : « Julie Durantin, française, 24 ans, retrouvée morte hier soir à Copacabana. Je crois avoir compris que Dubois aime les blondes… Vous n’auriez rien à me dire à ce sujet ? ». À ce moment-là, je se sais plus si ce qui m’a glacé le sang était la vue du corps, le fait que cette journaliste ait une longueur d’avance sur nous dans l’enquête ou que je ne sois plus du tout incognito dans ce pays, ma couverture explosée.
Sur la photo, une jeune femme, blonde, gisait sur un lit, nue, presque apaisée, comme si elle dormait, mais ses yeux, grands ouverts, fixaient le vide. « Une Française, Julie Durantin, je vous passe les détails, le monsieur ici – dit-elle en montrant Thiago du menton – saura les retrouver plus vite que moi ». Les questions de Bianca sont alors devenues de plus en plus pressantes : « Pourquoi êtes-vous ici ? » « Pour qui travaillez-vous réellement ? » « Pourquoi ne pas arrêter Dubois ? Vous attendez qu’il tue tout le Brésil ? ».
Je suis restée mutique. La manière dont elle insistait, son ton, tout indiquait qu’elle n’avait pas l’intention de lâcher l’affaire, ni de nous lâcher tout court. Thiago lui a finalement fermement, en portugais, intimé de nous laisser. Bianca nous a quand même laissé sa carte et a récupéré sa photo.
« See you soon », lança-t-elle en partant avec son sourire faux-cul.
Une autre femme blonde qui disparaît dans le périmètre de Dubois. Une Française qui plus est. C’est dingue ! J’ai fait quelques recherches, l’ai retrouvée sur Facebook, Julie Durantin, elle était en échange universitaire ici depuis le début de l’année. Rien d’autre. Comment Bianca était-elle déjà au courant de sa mort ?
S’agit-il encore une fois d’une coïncidence ? S’agit-il encore de simples statistiques ? Et comment Dubois, qui ne connaît pas cette ville immense, s’y serait-il pris pour tuer cette Julie ? Et pourquoi ? Et Gloria dans tout ça ?
Aïda ne sait plus trop quoi penser ni trop ce qu’elle doit faire. Elle se sent désemparée et pense soudain avec nostalgie à son labo, elle était bien pourtant dans le labo textile de la police scientifique et la voilà qui chasse un crime odieux après l’autre. Thiago parti se renseigner sur cette nouvelle victime potentielle, ayant fini sa recherche, désœuvrée, elle en a profité pour faire un tour à la piscine, nager étant une bonne manière de se détendre et retrouver sa lucidité. Elle a ensuite fait un tour du quartier, acheté quelques bricoles, a dîné léger, vu Dubois et Gloria à la télé dans les infos locales, puis attendu impatiemment l’heure d’appeler Dr. Nut. Bientôt 6h du mat à Paris. Maintenant, toute cette réflexion l’a épuisée et elle se sent inquiète. « Je l’appellerai demain matin au réveil, j’aurais les idées plus claires », se dit-elle enfin, se sentant un peu coupable sans savoir de quoi.
Elle sait que Thiago est rentré à l’hôtel, qu’il travaille encore à cette heure-là, c’est du moins ce qu’il lui a dit. Elle repense au corps de Julie Durantin, et à tous les autres, et n’a nulle envie de passer la nuit seule.
Quelques secondes plus tard, elle frappait discrètement à la porte de la chambre 1730.
(À suivre)
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Vendredi, 5h00 (heure locale) – Turin, Italie
Dans les pages locales de La Stampa, principal journal de Turin, sur une demi-page avec la photo sépia de trois femmes, un article signé Lorenzo Antonetti et titré : Dubois l’architetto, un serial killer? (Dubois l’architecte, un tueur en série ?)
Dubois l’architetto potrebbe essere un serial killer? Sappiamo che due architette italiane, Gina Rossi, nata a Torino il 10 agosto 1991, e Anna Rizzo, nata a Sanremo il 14 novembre 1979, sono scomparse entrambe a Parigi rispettivamente nel 2018 e nel 2020 in circostanze simili. Entrambi, biondi con gli occhi azzurri, sono scomparsi mentre erano impiegati presso lo studio di architettura Dupont&Dubois, studio gestito da Dubois e dalla moglie e compagna Madeleine Dupont. Tuttavia, l’architetto Dubois sembra fare molta attenzione a non lasciare traccia di sé e delle sue azioni. La sua nuova agenzia DUBOIS&MOI non ha sito web, social network, Instagram, Telegram, ecc. e devi cercare a fondo in Internet solo per trovare una sua vecchia foto. Ma è stato durante una ricerca su Internet che ci siamo imbattuti nelle vecchie pagine di un’ecologista di nome Marie-France Panoyaux, che apparentemente era più o meno associata all’agenzia Dupont&Dubois. Sul suo blog, Marie-France ha descritto il suo lavoro all’interno dell’agenzia, sottolineando la necessaria evoluzione dell’architettura. Era già a favore di edifici a basse emissioni di carbonio e in uno dei suoi post scherza su Dubois, “dinosauro di cemento”. Dalle sue pagine si capisce che è vicina a Madeleine, tanto meno a Dubois. Pensando che avremmo trovato con lei un’interessante testimonianza sulla personalità di Dubois, abbiamo provato a contattarla. Con nostra grande sorpresa, nessuno la vede dal 2019! Per quanto lo cercassimo ovunque su internet, era come se non esistesse più. Abbiamo quindi contattato Madeleine Dupont a Parigi che ci ha confermato che Marie-France ha lavorato a lungo presso l’agenzia, che era « una grande amica, e anche di più », che andava poco d’accordo con Dubois e che un giorno Marie- France e Madeleine si erano insultate orribilmente a vicenda, proprio riguardo a Dubois, la sua migliore amica, che attribuiva al marito ossessioni mostruose. Madeleine conosceva suo marito, aveva dei difetti ma non le abominazioni che Marie-France gli attribuiva. Quel giorno si lasciarono arrabbiati e arrabbiati e Madeleine non vide mai più la sua amica. Insomma, intorno a Dubois, nonostante quello che sta facendo in questo momento in Brasile dove è irraggiungibile, si registrano ora tre sparizioni molto preoccupanti: Gina, Anna e ora Marie-France! In una foto, quest’ultimo ha i capelli castani e la pelle scura. Questo fa la differenza per Dubois? A quali abominazioni si riferiva Marie-France?
Se avete informazioni su Gina Rossi e Anna Rizzo, nonché sull’architetto Dubois, chiamate il giornale allo 0116568304. Discrezione assicurata. Premio per qualsiasi informazione utile.
(Continua)
Dubois l’architecte serait-il un tueur en série ? Nous savons que deux architectes italiennes, Gina Rossi, née à Turin le 10 août 1991, et Anna Rizzo, née à San Remo le 14 novembre 1979, ont toutes deux disparu à Paris respectivement en 2018 et 2020 dans des circonstances similaires. Toutes deux , blondes aux yeux bleus, se sont volatilisées alors qu’elles étaient employées à l’agence d’architecture Dupont&Dubois, cabinet que dirigeaient Dubois et son épouse et associée Madeleine Dupont. Toujours est-il que Dubois l’architecte semble prendre grand soin de ne laisser aucune trace de lui-même ou de ses agissements. Sa nouvelle agence DUBOIS&MOI n’a pas de site internet, pas de réseaux sociaux, pas d’Instagram, de Telegram, etc. et il faut fouiller le net profondément ne serait-ce que pour trouver une ancienne photo de lui. Mais c’est en fouillant le net justement que nous sommes tombés sur d’anciennes pages d’une écologue nommée Marie-France Panoyaux qui était apparemment plus ou moins associée de l’agence Dupont&Dubois. Sur son blog, Marie-France décrivait son travail au sein de l’agence, insistant sur l’évolution nécessaire de l’architecture. Elle prônait déjà des bâtiments bas carbone et dans l’un de ses billets, elle ironise sur Dubois, « dinosaure du béton ». Au fil de ses pages, de comprendre qu’elle est une intime de Madeleine, beaucoup moins de Dubois. Pensant trouver avec elle un témoignage intéressant à propos de la personnalité de Dubois, nous avons cherché à la joindre. À notre grande surprise, personne ne l’a plus vue depuis 2019 ! Nous avons eu beau la chercher partout sur le Net, c’est comme si elle n’existait plus. Nous avons donc joint Madeleine Dupont à Paris qui nous a confirmé que Marie-France a longtemps travaillé à l’agence, que c’était « une grande amie, et même plus », qu’elle ne s’entendait guère avec Dubois et qu’un jour Marie-France et Madeleine s’étaient affreusement invectivées, à propos de Dubois justement, sa meilleure amie prêtant à son mari des obsessions monstrueuses. Madeleine connaissait son mari, il avait des défauts mais pas les abominations que lui prêtait Marie-France. Elles s’étaient ce jour-là quittées fâchées et en colère et Madeleine n’a plus jamais revu son amie. Bref, autour de Dubois, nonobstant ce qu’il fabrique en ce moment au Brésil où il est injoignable, cela fait maintenant trois disparitions très inquiétantes : Gina, Anna et maintenant Marie-France ! Sur une photo, cette dernière a les cheveux châtains et la peau mate. Cela fait-il une différence pour Dubois ? À quelles abominations Marie-France faisait-elle référence ?
Si vous disposez d’informations au sujet de Gina Rossi, Anna Rizzo, Marie-France Panoyaux ainsi que de l’architecte Dubois, appelez le journal au 0116568304. Discrétion assurée. Récompense pour toute information utile.
(À suivre)
Dr. Nut (avec les notes d’Ethel Hazel)
Aïda Ash (avec les notes de Dr. Nut)
* En librairie L’architecte en garde à vue
* En librairie, Le fantôme de Gina
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