À Bagneux (Hauts-de-Seine), pour Immobilière 3F maître d’ouvrage, l’atelier Tolila+Gilliland (Gaston Tolila et Nicholas Gilliland) a livré en 2024 Îlot poreux, un programme composé de 76 logements sociaux, d’un local associatif et d’un parking de 23 places. Surface : 4 998 m² SDP. Coût : n.c. Communiqué.
Le contexte urbain
Le lot L4.1 est situé dans le périmètre du secteur 4 de l’opération ZAC Écoquartier Victor Hugo, à l’extrémité nord-est de Bagneux. Le paysage urbain est caractérisé par un tissu hétérogène qui présente une mixité entre un tissu pavillonnaire, un tissu d’habitat collectif et un tissu industriel.
L’implantation
Le projet se compose de deux bâtiments. Le bâtiment Nord est implanté principalement à l’alignement des espaces publics rue Gustave Courbet et les venelles qui encadrent la parcelle. Le bâtiment Est est implanté à l’alignement des espaces publics de la venelle Est et de la rue Romain Rolland.
Le Parti pris architectural
Le parti pris de ce projet est de concilier :
– la sobriété de volumes bâtis implantés en fronts urbains pour accompagner le dessin des espaces publics et en renforcer les lignes et leur bonne proportion ;
– la respirabilité et la visibilité des espaces non bâtis, la valorisation du cœur d’îlot.
Pour cela, chaque bâtiment est percé de deux tailles qui concentrent sur toute leur hauteur, diverses fonctions qui leur confèrent un rôle d’articulation urbaine et architecturale. Ces interstices toute hauteur contribuent à créer un rythme régulier en façade et un rapport de proportion des bâtiments apaisé. Le long de la rue Gustave Courbet, ils font office de fenêtres urbaines et laissent à percevoir la lumière du sud venue du jardin.
Au rez-de-chaussée, ces interstices donnent à voir depuis la rue le jardin en cœur d’îlot et vice versa. Ils marquent les entrées aux bâtiments de logements. La place au centre de chaque faille est le carrefour de tous les espaces communs et services utiles aux habitants : boîte aux lettres, local vélos, local poussette, escaliers, ascenseur.
Aux étages, ils hébergent des paliers extérieurs communs qui articulent circulations verticales encloisonnées et accès aux logements. Ils offrent aux logements pour étudiants une séquence appropriable collectivement à petite échelle, celle des habitants qui partagent le palier. Un vide est préservé de part et d’autre de ces paliers, au-delà duquel viennent s’accrocher des balcons extérieurs privés, uniquement accessibles depuis les logements.
Le rapport visuel entre balcons privés et paliers communs est filtré par un système de végétalisation positionné en bordures des paliers communs, plantée dans des bacs à hauteur de garde-corps. Les logements ainsi configurés bénéficient, grâce à ces balcons, de perspectives élargies sur l’extérieur : la venelle d’un côté, le jardin de l’autre.
Les matériaux
Inscrit dans un tissu francilien marqué par l’architecture de brique, l’ensemble est construit en brique porteuse assurant une bonne intégration dans le quartier et la mise en valeur d’un patrimoine constructif, tout en réduisant significativement le recours au béton. En effet, grâce au choix constructif dit « en Maxibriques » de 22cmx22cm, les planchers sont portés par les briques mêmes, et les voiles bétons sont limités aux noyaux et au contreventement sur faille. Posée finie, la façade bénéficie d’une grande pérennité et d’un bilan carbone réduit.
Réalisées dans des tonalités rouges nuancées d’ocre et de brun, les briques s’accordent ainsi avec l’identité architecturale des bâtiments existants dans la rue Gustave Courbet. Le calepinage de la brique anime la façade grâce à un jeu de lignes régulières verticales et horizontales, marquant les volumes bâtis sur toute leur hauteur et leur longueur. Rythmées suivant une logique d’encadrement des baies et offrant une lecture suggestive des nez-de-dalles, elles se matérialisent par une couleur de brique différente et par des lignes horizontales continues et verticales de toute hauteur.
L’usage d’un barreaudage bois vertical ajouré harmonise les espaces, filtre les vues et laisse entrevoir et passer la lumière. Ainsi, dans les failles, les portails et clôtures marquant les entrées dans les bâtiments et les garde-corps sont en barreaudage bois vertical ajouré, pour préserver la porosité visuelle et accentuer la différence de matérialité des interstices. Sont également pensés dans ce matériau les garde-corps des loggias et des balcons, les allèges vitrées donnant sur les espaces publics au rez-de-chaussée et les ouvertures sur espaces publics des locaux vélos. Les fenêtres sont prévues en menuiserie bois. Les garde-corps des retraits aux derniers niveaux seront traités, dans la continuité de la façade, en brique.
Les attiques, qui couronnent les bâtiments au dernier niveau, seront revêtus d’un bardage bois vertical, matériau qui contrebalance par sa légèreté le vocabulaire de la brique et souligne la distinction des volumes en façades.