Le Lycée d’Hôtellerie et Tourisme de Guyancourt (Yvelines) accueille annuellement 900 élèves (dont 150 internes) en BEP, BAC PRO, et BTS dans le secteur de la restauration, ainsi que 700 élèves par an dans le cadre de la formation continue. Le voici aujourd’hui restauré par l’architecte Anne Démians selon un programme de réhabilitation qui exigeait de le domestiquer sans lui faire perdre son identité architecturale. Reportage photographique de Jean-Pierre Porcher. Communiqué.
Contexte
Cet établissement d’enseignement public est situé sur la commune de Guyancourt dans le centre de la ville nouvelle de Saint-Quentin en Yvelines, communauté d’agglo riche de 20.000 étudiants. Le quartier se compose de logements collectifs et individuels, de commerces, de services et d’équipements.
Construit à la fin des années 1970 par l’architecte Jean Monge et mis en service en 1981, le bâtiment a connu au fil du temps une usure et une inadaptation avec des exigences pédagogiques et réglementaires qui ont évolué.
Enjeux
Ce lycée a une emprise de 6.200 m² sur un terrain de 13.100 m². Il compte 21.154 m² de SHON et 29.562 m² de SHOB et se compose d’un bâtiment unique de 130 mètres de long sur neuf niveaux. Ses quatorze points d’accès ou de sorties apparaissaient trop nombreux pour assurer le contrôle de cet établissement scolaire qui présentait, en outre, des disfonctionnements techniques et fonctionnels.
Cette complexité programmatique souffrait d’une organisation des espaces rendue confuse par des circulations verticales et horizontales qui ne permettaient pas un repérage aisé. L’opération consistait à restructurer les locaux conformément au programme et à la mise à niveau au plan technique du patrimoine conservé.
Après plusieurs années d’un chantier sensible piloté par l’architecte Anne Démians, lauréate du concours lancé par la Région Île-de-France, maître d’ouvrage public, cet établissement au classement remarquable (1er/51 au rang départemental et 9e/2277 sur le plan national) est aujourd’hui opérationnel.
Pacifier et révéler
Le projet pratique une vigoureuse mais subtile dialectique modernité/contemporanéité pour actualiser l’image et le fonctionnement d’un bâtiment qui s’avérait vétuste et décalé dans ses outils pédagogiques.
Le bâtiment frappe par sa puissance physique. Ce constat a nourri un projet qui n’a de cesse de l’accepter et même de l’accroitre plutôt que de chercher à la briser ou à la diminuer. En d’autres termes, une sorte de stratégie aïkido est mise à l’épreuve de manière à ce que l’énergie du bâtiment des années 1970 redonne vie au lycée.
Le rapport qu’entretien le bâtiment avec le sol est simplifié et humanisé. L’ensemble du site devient plus fluide, les ruptures de niveaux sont adoucies, les espaces extérieurs gagnent en simplicité, leurs perceptions s’élargissent pour intégrer les qualités paysagères du site.
Les différentes modénatures de façades sont absorbées par un revêtement extérieur pour tout à la fois pacifier et révéler la volumétrie imposante de l’édifice. Au-delà de ce parti pris architectural, cette intervention permet d’isoler thermiquement le bâtiment et d’améliorer ainsi son inertie hiver comme été.
La réorganisation de ce lycée lui a redonné une cohérence spatiale perdue au fil des aménagements successifs. L’idée de dépasser la pure fonctionnalité des espaces a permis de générer des échanges et des ouvertures sur l’extérieur. De part son importance l’établissement draine un nombre considérable de lycéens, de professeurs, de visiteurs, au point que la gestion des accès est devenue une question essentielle pour son fonctionnement et son rayonnement à l’international.
Après l’entrée, le hall principal destiné aux élèves délivre de fortes impressions par son échelle et par ses circulations pétillantes de vie et de couleur. Le hall traverse de part en part l’édifice, vaste trémie permettant de relier visuellement dans un même espace de distribution, les différentes entités programmatiques.
Cette intervention génère une dialectique conservation/addition. Les éléments d’origine (structure porteuse en béton tous les 7m20) conservés et restaurés contrastent avec le vocabulaire résolument contemporain des halls de distribution (visiteurs /élèves) : pan de verre dépoli ou sérigraphié, parement aspect inox, béton poli au sol, faux-plafond diffuseur de lumière. Les espaces dévolus à la vie scolaire/élèves se trouvent librement disposés dans le hall sous la forme de volumes dont les parois translucides et colorées contribuent à l’animation du hall.