Nicolas Dupont-Aignan est le seul des candidats à avoir répondu à nos questions sur l’architecture*. Maire d’Yerres (Essonne) depuis 1995 et député (aujourd’hui non inscrit) du département depuis 1997, Il se veut gaulliste et souverainiste. Parmi les travaux récents sur sa commune, la réhabilitation et réfection des façades de l’école élémentaire Brossolette, livrées en février 2017. «Afin de limiter au maximum le coût, la maîtrise d’oeuvre a été réalisée en interne par les services municipaux», indique le site de la ville.
Chroniques d’architecture : Quelle urbanité pour le citadin ?
Nicolas Dupont-Aignan : Il me semble qu’il est impossible de circonscrire les attentes des citadins à un modèle d’urbanité unique. Dans un espace métropolitain, coexistent des urbanités qui sont autant de reflets de projets urbains définis localement par les habitants et les élus. Prôner un modèle d’urbanité unique, c’est prendre le risque d’une homogénéisation et d’un appauvrissement de nos villes, qui ne refléterait ni la richesse ni la diversité de nos citoyens et de nos territoires.
La recherche du bon équilibre entre ville et nature, entre développement et patrimoine, entre espaces publics et intimes, passe prioritairement par une réflexion sur l’échelle de grandeur. La commune est la seule échelle intelligible, celle de la vie quotidienne.
C’est cette urbanité choisie et non subie que j’ai toujours défendu et qui a fait ses preuves dans ma ville.
Dans quelle mesure l’architecture peut-elle améliorer la vie du citoyen ?
L’exemple de l’échec des grands ensembles, ces architectures qui ont nié l’individu, suffit à illustrer combien l’architecture, en bien comme en mal, peut agir sur la vie de nos citoyens. Dans ma commune de Yerres en Essonne, nous avons pour habitude de rappeler à chaque promoteur et chaque architecte cette grande responsabilité. Ce qu’ils dessinent et édifient va s’ancrer dans nos paysages et notre quotidien.
Cette pérennité des constructions leur confère un rôle dans la qualité de vie des résidents, la mixité des fonctions, le lien entre quartiers, l’ouverture sur la ville et le regard porté par des riverains, des promeneurs auxquels cette architecture s’impose par sa présence. Par sa capacité à prendre en considération le contexte urbain, à offrir le confort le plus contemporain, à anticiper les usages, la bonne architecture contribue grandement à la douceur de vivre en ville.
Quel architecte vous a marqué et pourquoi ?
Sir Norman Foster, qui a dessiné un ouvrage d’art hors du commun, le viaduc de Millau. Une construction qui est le résultat d’une parfaite symbiose entre l’Art et la technique : un patrimoine d’exception ! Le viaduc de Millau est un lien de vie indispensable qui désenclave toute une région, dynamise des territoires, relie des hommes et met à l’honneur le savoir-faire de nos entreprises.
C’est un ouvrage d’art hors du commun qui révèle toute une vallée et ses paysages, et me touche particulièrement par son alliance entre légèreté et rigueur entre terre et ciel.
Nicolas Dupont-Aignan
14 avril 2017
*Voir notre article De la superbe indifférence à l’architecture des candidats à la présidentielle