RVA (Dominique Renaud, Philippe Vignaud) a livré à Arcueil (Val-de-Marne) pour Opaly maître d’ouvrage la réhabilitation de l’îlôt 5 du quartier du Chaperon vert. Sur 1,2 hectare, le programme commandait la réhabilitation, l’extension et restructuration de 264 logements en site occupé, l’aménagement des espaces publics et résidentiels et la création d’un square public de proximité en cœur d’îlot. Communiqué.
Située à Arcueil et Gentilly, à proximité de Paris et l’autoroute A6, la résidence « Le Chaperon Vert » accueille 1 200 logements sociaux répartis sur 13 hectares.
Composée de plusieurs îlots successifs de formes étendues, elle présente un espace urbain ouvert et aéré et prend en compte les meilleures conditions d’ensoleillement et d’éclairage : un des principes fondamentaux des grands ensembles.
L’ensemble se développe de part et d’autre de l’autoroute du Sud et constitue une cité homogène qui structure le quartier par son urbanisme tramé. Le parti architectural s’inscrit par sa composition orthogonale orientée dans la continuité de la structure urbaine existante.
Le grand ensemble du Chaperon Vert appartient à l’histoire de l’urbanisme et de l’architecture du XXe siècle et se signale par sa qualité exceptionnelle ; il est recensé par le ministère de la Culture.
Construite par les architectes Charles Malaurent, Lucien Métrich, et Jacques Poirier, respectivement architecte communal d’Arcueil, architecte communal de Gentilly et architecte du ministère de la Reconstruction Urbaine, ce site s’inscrit dans les immenses chantiers de la construction des grands ensembles des années 50-60.
Il y a ici un ensemble d’une rare cohérence et d’une grande qualité urbaine par son inscription dans la ville et la géographie, ainsi qu’architecturale par sa rigueur constructive et la pérennité de ses matériaux.
La réhabilitation de l’ilôt 5 – Un classicisme bien tempéré
L’îlot 5 du quartier du Chaperon Vert situé au sud du grand ensemble est composé de six bâtiments de hauteurs moyennes R+4, R+5, rassemblant 264 logements. Au sein de l’îlot, le square KLM se développe avec ses espaces arborés et ses jeux d’enfants au cœur d’une pièce urbaine cohérente.
Le projet de réhabilitation des bâtiments de l’îlot 5 s’inscrit dans un projet de renouvellement urbain de plus grande envergure qui porte sur l’ensemble du quartier du Chaperon Vert, pour développer la vie locale du quartier et le revaloriser par la réhabilitation de l’existant.
Les bâtiments présentent une qualité urbaine et architecturale spécifique :
• La trame orthogonale du plan d’ensemble développe des sous-ensembles résidentiels facilement appropriables par les habitants.
• La structure des constructions en béton armé et remplissage en panneaux de briques offre une grande pérennité architecturale.
• La structure en poteaux poutre permet une réelle flexibilité dans la distribution interne et facilitera largement les restructurations de logements.
• Enfin, de nombreux logements sont traversants, gage de confort et d’ensoleillement.
L’intervention de RVA est empreinte du respect de l’œuvre bien que l’ouvrage doive évoluer pour proposer des logements aux standards actuels : surfaces, performances thermiques et le niveau de qualité des pièces humides. Cette attitude propose donc à la fois une restitution de l’extrados et une évolution de l’intrados
Les 264 logements du Chaperon vert sont entièrement réhabilités. Certains d’entre eux sont restructurés et d’autres étendus pour offrir des surfaces plus grandes. Les logements étendus sont ceux des bâtiments CL, CM et AN donnant sur le jardin central. Le parc central est restructuré autour d’une circulation publique identifiée.
Les façades – Restitution de l’extrados et évolution de l’intrados
RVA a opté très tôt pour une préservation, presque une restauration des façades de l’extrados de la pièce urbaine, afin de conserver son rapport particulier à la ville et ne pas nuire à la lecture de son ordonnancement initial. C’est ainsi que la structure orthogonale et modulaire descend jusqu’au sol. Celle-ci ainsi que la brique de remplissage sont nettoyées en douceur de sorte qu’elles restituent la figure originale.
Les volets métalliques et tous les autres éléments de façades sont restaurés, seuls les garde-corps sont remplacés par du métal perforé par souci d’intimité, de même couleur que les extensions afin de lier mieux intérieur d’ilot et extérieur. Le soubassement de béton reçoit une peinture sombre qui gomme les imperfections locales, s’efface et contraste avec la structure quadrillée béton clair.
Evolution des façades en intrados et pignons : principes graphiques
Les extensions, comme les pignons, sont composées de bardage en aluminium laqué sur ossature acier avec isolation intégrée. Ces façades intègrent les baies et les volets roulants. La mise en couleur, réalisée en usine permet une bonne maîtrise des teintes et des vernis de finition. La couleur « champagne » des extensions, des pignons et des balcons s’harmonise avec le bâti avoisinant.
Les logements de cette période proposent des surfaces singulièrement plus petites que les standards actuels. Pour redonner une attractivité à ce patrimoine d’exception, l’extension d’une part des logements s’avère indispensable. Le parti fut pris de s’inscrire dans la poursuite de la cadence classique, toute en affirmant l’écriture contemporaine, dans une volonté de continuité et non pas de pastiche d’une part, ni de négation d’autre part. Parce que ces travaux importants et longs se sont déroulés en milieu habité, le principe d’une structure modulaire s’est rapidement imposé, de préférence en filière sèche pour ne pas ramener d’eau dans les logements.
Le métal fut choisi pour sa pérennité et son expression volontairement en continuité « moderne », tant en structure qu’en panneaux et finition. Le quadrillage modulaire en résonance avec l’œuvre de Poirier accueille tout aussi bien des remplissages métalliques des pièces d’habitation que les vides des loggias, elles aussi protégées de panneaux métalliques perforés qui par leurs mouvements donnent un léger frémissement à cet ensemble tellement réglé.
La vêture d’aluminium modulaire selon le tempo donné par Poirier restitue « à la française » un fond de parc central et celle-ci se retourne sur les pignons, en mettant en lumière respectueuse les façades originales restituées sur rue.
Un nouveau square public pour le Chaperon vert
Cette pièce urbaine en cœur d’îlot a légué de la période de sa création à la fois une riche topographie et malheureusement une pauvre végétalisation, le tout sous la forme d’un lieu ouvert, approprié avec parcimonie. Comme souvent dans les grands ensembles, de beaux sujets ont eu le loisir du développement ; ici platanes et conifères.
Conçu autour d’une placette haute, un cheminement en grandes lignes brisées et une placette basse qui permettent la découverte par séquence des lieux, ce jardin promenade est un verger de fruits d’été (cerises, prunes, pommes et poires).
La topographie des lieux favorise les vues et offre des visions multiples sur un paysage ouvert. Elle accentue également la vitesse d’écoulement des eaux de ruissellement, phénomène jugulé par la création de noues longitudinales et transversales ainsi qu’un bassin de rétention enterré pour une gestion des eaux de pluie à la parcelle.
C’est aussi un espace multigénérationnel par la diversité de ses équipements : une aire de jeux petite enfance clôturée, une aire de loisirs pour les plus grands et un espace ombragé autour d’une placette pour tous.
Il s’agit également de participer à un retour de la biodiversité dans le tissu urbain avec une palette végétale qui propose des essences depuis la strate herbacée, jusqu’à la strate arborée en complément des arbres matures préexistants.
Il y existe la possibilité d’un square de proximité d’une autre nature, en capacité d’accueillir sans conflits d’usage des populations différentes, selon des cheminements et rythmes variés.
Le jardin est traversant pour les arcueillais, appropriable par les habitants, selon les âges, singularisé par son caractère nourricier, et autonome dans sa gestion des eaux de pluie.
Le chaperon vert en chiffres
Montant des travaux : 9 009 018 € (réhabilitation) – 1 041 133 € (résidentialisation)
Logements
264 logements existants -> 249 logements après travaux
142 logements réhabilités – 92 logements étendus – 15 logements restructurés
Surfaces
12 560 m² SHAB avant travaux – 13 610 m² SHAB après travaux