À Beynes (Yvelines), l’agence parisienne Graal (Carlo Grispello et Nadine Lebeau), avec Hamac (architecte associé, suivi chantier), a livré en 2023 pour la ville maître d’ouvrage une salle des fêtes modulable. Surface 400 m². Budget 1,55 M€ HT. Communiqué.
Déployant son vaste territoire le long de la vallée de la Mauldre, Beynes se compose d’un vieux bourg, rassemblant la majorité des services et institutions, auquel s’annexent trois hameaux résidentiels, un camp militaire et une forêt domaniale. À la rencontre de ces quatre quartiers habités et à l’écart de toute urbanité, la nouvelle salle des fêtes s’affirme inévitablement dans ce paysage agricole et vallonné ponctué de pavillonnaires.
La conception de cet édifice avait pour enjeux de s’inscrire dans une échelle domestique et rurale tout en proposant un équipement central auquel chaque habitant puisse s’identifier tout en renforçant son appartenance à ce territoire épars.
Situé le long de la départementale drainant la vallée, l’édifice se positionne en surplomb d’un délaissé agricole issu du tracé de la route, de la voie de chemin de fer située en contrebas et d’une ancienne voie communale auquel l’édifice doit logiquement se raccorder. À la croisée d’une icône de « roadside » architecture et d’une réinvention régionaliste de la grange agricole, la salle des fêtes émerge du terrain par un volume minéral à la matérialité douce, recouvert d’une fine toiture à deux pans se découpant dans le paysage.
L’édifice se compose de trois éléments architecturaux dont les rôles et l’identification sont rendus évidents par le changement de matérialité. Le socle en béton teinté dans la masse ancre l’objet architectural dans son terrain. Dépassant la simple fonction de mur et de volume protecteur, le socle s’élargit tel un attique et développe une terrasse permettant d’habiter la pente et le paysage lointain.
Sur ce socle, se pose la charpente bois de la toiture qui délimite l’objet et son accroche au ciel. Cette strate supplémentaire est rendue lisible par la scission nette entre le béton du socle et un traitement extérieur plus aérien en bardage bois qui souligne alors son rôle de médiateur. Enfin, la toiture métallique se déploie en deux pans indépendants et parachève l’édifice en amplifiant radicalement son interaction avec le paysage par la projection du débord de toiture hors du volume. Ses inclinaisons, sa légèreté et sa matérialité en font un élément déterminant dans le dialogue entre les pavillons qui lui font face, le paysage et le programme.
Le double contexte de la salle des fêtes amène à appréhender sa composition en deux étapes : d’abord par la présentation d’éléments immédiatement saisissables à l’échelle du paysage, puis par l’attention portée au détail de la texture et de l’assemblage de matériaux complémentaires.
Le volume présente un plan rectangulaire et reste fondamentalement élémentaire. La façade sud se plie légèrement afin de libérer un grand volume séparable en deux salles distinctes. Ce pliage permet d’orienter les vues vers l’entrée et la sortie de la ville. En tant qu’élément territorial identitaire, cette grange festive convoque aussi bien la dimension urbaine et paysagère.
Le bâtiment se définit par une épaisseur technique au nord qui organise deux entrées distinctes traversant visuellement le bâtiment. L’équipement a été conçu pour proposer une modulation des espaces par l’intégration d’un mur mobile formant une grande salle de 230 m² ou deux salles de taille plus réduite. Le pli de la façade permet également d’intégrer plus facilement la paroi mobile et de distinguer deux volumes dans l’unique espace de la grande salle qui forment alors des alcôves acoustiques.
Les matériaux intérieurs se veulent aussi simples et rustiques qu’à l’extérieur. Les parois verticales intérieures font apparaître deux traitements afin de souligner l’horizontalité du paysage, de gérer l’acoustique et de rendre intelligible depuis l’intérieur ce qui est socle de ce qui est couverture. Le socle en béton teinté dans la masse se révèle à l’intérieur par le mur séparatif entre les espaces techniques et la salle, tandis que les murs périphériques isolés par l’intérieur s’habillent de panneaux bois perforés.
L’équipement est conçu à travers trois principes bioclimatiques élémentaires : la mise en place d’un puits canadien performant permettant de refroidir ou réchauffer l’air entrant, la gestion de l’inertie thermique à travers la masse du béton et les débords de toiture pour se protéger du soleil direct en été.
Très dessiné par les infrastructures qui l’entourent, l’aménagement du terrain répond aux caractéristiques topographiques et hydrologiques de celui-ci. Pour toucher le moins possible à la faune et à la flore en place tout en réduisant l’impact économique des aménagements, le simple élargissement de la voie communale permet d’installer le socle de l’édifice ainsi qu’un linéaire de stationnements arboré sans créer de larges poches en accord avec le paysage de la vallée.