
À Trensacq (Landes), ZW/A a livré en 2025 La pinède, une salle polyvalente et école publique élémentaire, respectivement pour la commune de Trensacq et CDC Coeur Haute Lande maîtres d’ouvrage. Surface : 394 m² SDP (salle polyvalente) et 113 m² SDP (école élémentaire). Budget : 1 M €HT (salle polyvalente) et 360 000 €HT (école élémentaire). Communiqué.
Trensacq, commune landaise de moins de 300 habitants en 2022, fait partie de ces villages discrets qui ponctuent les vastes étendues des Landes de Gascogne. Aux portes du Parc Naturel Régional, la commune s’étire entre routes de traverse et chemins sablonneux, dans un paysage de chênes, de pins et de petits ruisseaux. Ici, le paysage naturel impose son rythme loin de l’agitation urbaine. Le territoire affirme une identité rurale singulière, enracinée dans ses sols et ses usages. Dans ce cadre préservé, toute intervention architecturale appelle une réponse mesurée, respectueuse de l’équilibre entre héritage paysager et dynamiques locales.


Un double programme au coeur d’un territoire rural
C’est dans ce territoire à l’équilibre fragile, que la Commune de Trensacq et la Communauté de Communes Cœur Haute Lande ont engagé en 2020 la réalisation de deux équipements publics : une salle polyvalente et une école élémentaire. Spécificité de cette dernière : une unique salle de classe d’une capacité de 20 à 30 élèves.
Ces deux programmes s’implantent à la lisière de la forêt landaise et du tissu bâti du village, dans un site caractéristique du patrimoine paysager local. Face à la commande, les architectes se sont positionnés avec une ambition claire : accompagner la vitalité de cette petite commune en accord avec son environnement emblématique qui fait son identité.


Une architecture ré-générative, ancrée dans le paysage naturel et l’économie locale
Réinventer une centralité rurale : une architecture au service de la communauté. Dans un contexte où les communes rurales doivent maintenir leur dynamisme, cette opération constitue bien plus qu’une réponse fonctionnelle à un besoin d’équipements. Elle s’inscrit dans une stratégie globale visant à renforcer la centralité du village, à proximité immédiate de la mairie et des bâtiments publics existants.
Face aux enjeux de maintien des services publics, d’attractivité résidentielle et de dynamique du tissu social, le projet rassemble en un même site, deux équipements essentiels à la vie quotidienne :
– une salle polyvalente pensée pour accueillir les activités associatives, culturelles, ainsi que les grands temps festifs de la commune ;
– une école élémentaire, offrant un cadre d’apprentissage optimiste et à échelle humaine.
Ensemble, ils forment une nouvelle polarité capable d’accompagner les usages du quotidien comme les événements exceptionnels, à favoriser la mixité des publics et des temporalités, et à affirmer une identité architecturale sobre, contemporaine et intégrée. Le projet se présente comme un pôle public structurant au service de la communauté, et participe à renforcer le tissu social et à faire vivre l’identité collective du village.


Le paysage comme source et ressource
Le projet engage une double relation, à la fois avec le paysage naturel et le tissu productif local. Il s’inscrit dans une démarche de sobriété constructive et de valorisation des ressources régionales. Le bois, issu des forêts voisines, est utilisé en charpente et en bardage, affirmant un choix de matériaux durables, adaptés au site, qui réduit l’empreinte carbone et affirme une volonté de continuité esthétique et culturelle. Au-delà de sa dimension environnementale, cette orientation favorise les circuits courts et mobilise les savoir-faire régionaux, et participe activement à une activité artisanale de proximité. Elle s’inscrit dans une vision plus large de la revitalisation des territoires ruraux, où l’architecture peut jouer un rôle moteur, en créant aussi de la valeur économique et sociale à l’échelle locale.
Le modèle de l’airial landais revisité
L’implantation des bâtiments s’inspire du modèle traditionnel de l’airial landais, forme vernaculaire caractéristique du paysage des Landes de Gascogne. Historiquement, l’airial désigne ces clairières habitées, parsemées de constructions et bordées de chênes ou de pins, où s’articulent de façon assez organique, habitat, dépendances et espaces communs.
À Trensacq, ce modèle est réinterprété, non pas dans une logique patrimoniale figée mais comme levier d’insertion du projet dans son environnement et son histoire. Cette démarche se traduit par plusieurs choix architecturaux et spatiaux forts :
– une implantation libre et maîtrisée, qui préserve la séquence paysagère des chênes existants au premier plan du site, et permet aux bâtiments de s’inscrire naturellement dans un espace de clairière ;
– des volumes simples et lisibles, qui renouent avec l’humilité constructive propre aux ensembles traditionnels ;
– des espaces extérieurs ouverts, tels que les préaux et galeries, qui prolongent les usages et la vie collective en plein air, dans l’esprit des lieux de l’airial ;
– l’utilisation de matériaux locaux, notamment du bois, qui inscrit le projet dans un héritage constructif où la matérialité construit une image traditionnelle et intemporelle de l’airial.
Cette ré-interprétation contemporaine de l’airial permet de conjuguer héritage et modernité, en proposant une architecture qui ne cherche pas à s’imposer mais qui prolonge la trame paysagère et bâtie existante. Ce choix apporte des réponses à la qualité des espaces collectifs, et poursuit aussi l’idée du récit territorial, très présent dans les petites communes et auquel les habitants sont attachés.
Le projet assume ainsi un rôle d’architecture de proximité, à la fois enracinée dans le paysage et les réalités locales.
Une architecture modulable et durable
L’ensemble de l’opération se développe en deux volumes distincts, sur un seul niveau, avec des toitures mono-pente qui s’étendent largement jusqu’à proposer des espaces extérieurs couverts, en préau et en galerie. Les gabarits et les hauteurs sont réglés en fonction de la masse végétale des arbres. Dans une alternance de pleins et de vides, de grandes ouvertures cadrent des vues privilégiées sur le paysage, entretenant un dialogue constant entre intérieur et extérieur, et offrant aux usagers une immersion totale dans l’environnement.

La salle polyvalente est un espace fluide, ouvert sur le territoire. Légèrement à l’écart, dans la partie nord du site, elle est implantée à la lisière de la forêt. Sa silhouette horizontale, étirée et basse, souligne la profondeur du paysage forestier et la masse végétale des pins. L’architecture joue ici la carte de la transparence, de l’ancrage au sol et de la simplicité constructive.
La charpente bois apparente rythme et structure un espace entièrement modulable. L’enveloppe, largement ouverte sur l’extérieur, permet une relation directe avec la galerie en façade, qui devient un prolongement naturel des usages intérieurs. Cette alternance entre ouvert et couvert, dedans et dehors, plein et vide, nourrit un rapport fluide au site, où l’espace s’étend dans toutes les directions.
La salle s’apparente à une pièce à vivre collective, rythmée par les saisons et les événements. L’espace est flexible, pragmatique, conçu pour s’adapter aux besoins changeants qu’une commune peut connaitre. Du restaurant scolaire au spectacle, de l’assemblée communale au bal du village, le bâtiment incarne une architecture adaptable, une forme de générosité programmatique, dans un cadre spatial sobre avec une grande souplesse d’appropriation. Cette approche permet de maximiser l’exploitation des infrastructures dans des communes de petite taille, créant des lieux multi-fonctionnels.

L’école élémentaire est un bâtiment à taille d’enfant, enraciné dans le paysage. À proximité, l’école élémentaire développe le même vocabulaire, une écriture à la fois minimale et expressive qui fait écho aux codes de l’habitat local. Le volume est compact, il s’installe dans le site, épousant les lignes du terrain et dialoguant avec la nature environnante. Il mise aussi sur une sobriété constructive. Il s’organise en une séquence claire : un corps principal de classe largement ouvert sur la cour et la prairie, prolongé d’un préau qui joue le rôle d’espace tampon, protégé mais ouvert. La façade sud, tramée de montants bois verticaux et d’ouvertures de tailles variables, dessine une façade dynamique à l’image d’une journée d’école alternant calme et mouvement, activité et observation.
L’échelle du bâti est volontairement maîtrisée, pensée pour les enfants comme pour les adultes qui les accompagnent. À l’intérieur, l’ambiance appelle au calme. Les matières – bois, enduit clair, métal discret – prolongent la logique d’une architecture pédagogique, conçue autant pour apprendre à habiter un lieu qu’à faire corps avec un territoire.