En 2018, l’agence Atelier(s) Alfonso Femia, sise à Paris, Milan et Gênes, a livré à Varano de’ Melegari, près de Parme en Emilie-Romagne, la Dallara Academy un complexe éducatif et d’exposition dédié à l’automobile. Tout près du circuit. Communiqué.
Le programme, d’une surface construite totale de 5 333 m², comptait trois domaines distincts : enseignement, soit la mise en situation d’apprentissage grâce à la scénographie et aux activités complémentaires du musée, et expériences didactiques faites dans le laboratoire ; apprentissage, avec la création d’une filière technologique post-Master pour des projets liés aux sports automobiles ; enfin des lieux d’activités liées à la fonction d’exposition d’un musée dédié aux voitures.
L’âme
«Chaque projet est pour nous la rencontre de deux âmes, celle du lieu et de l’Homme. Chaque projet peut renfermer ces deux qualités en lui ; sinon il doit aller à leur rencontre et leur permettre de faire surface et pouvoir ainsi être lu, écrit et réellement désiré», explique Alfonso Femia.
«A Varano de’ Melegari, avec l’Ingénieur Giampaolo Dallara et sa famille, nous avons partagé un moment unique qui ne cherchait qu’à être révélé par le projet – que ce soit en phase concours ou en chantier. Le projet se doit d’assumer sa responsabilité et d’affirmer les lieux de l’âme d’une histoire rare et exemplaire qui, nous le croyons, appartient également à nombre d’autres endroits faisant partie du territoire méditerranéen», dit-il.
Le site
Le site du projet est un lieu d’une qualité paysagère particulière et significative. L’enjeu était de créer un dialogue avec le site et ne pas proposer de relations artificielles susceptibles d’aboutir à des cassures et pour le projet de ne pas apparaître dans ce contexte comme un «objet trouvé».
Le projet se situe sur une colline en pente douce s’ouvrant sur la vallée du torrent Ceno, derrière laquelle se profile la forme des collines avec, en leur sommet, un «rocher» qui surveille et observe. «Il fallait proposer une métamorphose douce faite d’actions qui se confrontent aux différentes natures du territoire : contenir, recevoir, habiter, accueillir», poursuit Alfonso Femia.
L’origine
«Les éléments territoriaux auxquels nous sommes confrontés sont donc la surface apparemment horizontale du site, sa ‘simplicité’ ambiguë, la présence d’un mûrier, la sentinelle verte en dialectique avec la roche, le profil des collines, le système agricole, la large trace du fleuve Ceno sur le sol et les petits villages ruraux des Apennins. Ce sont les éléments contemplatifs de la perception du paysage. C’est à eux que se réfère le projet, à la fois de manière intime et collective, représentative et fonctionnelle, reconnaissable et simple», explique-t-il.
La chaîne de la pensée
Le projet est né de la même manière que Dallara pense son processus de conception ; autrement dit, par l’agrégation de phases / d’éléments distincts placés côte à côte en équilibre, spatialement cohérents avec la nature et l’utilisation des espaces, qui, une fois assemblés, constituent le projet dans son ensemble.
Un ensemble qui porte une attention à la topographie du lieu, à son intégration dans le paysage, à sa double perception (extérieure et intérieure) et qui se veut un lieu de recherche, de projet, de rencontre, d’excellence… Un bâtiment à la fois rapide et lent, silencieux et sonore, technologique et poétique.
Le paysage dans le paysage
«Nous avons voulu dessiner le paysage dans le paysage, en introduisant un nouvel espace public, un catalyseur d’activités, capable de bouleverser les modalités de perception du site qui sont, à ce jour, le mouvement des voitures, la vitesse et l’entraînement», indique l’architecte.
Le bâtiment est ancré à un niveau légèrement supérieur par rapport à celui de la rue, créant une première topographie qui définit sa séparation avec la route et avec l’Academy. Un plan légèrement incliné caractérise l’espace de dialogue avec le lieu, définissant une séquence de seuils entre les paysages naturel et minéral.
La trame territoriale évoque le site comme un coin de verdure, au sein duquel le mouvement sinueux du torrent dessine les espaces extérieurs et élargit la vision pour impliquer, dans la composition, les zones adjacentes qui abritent le siège historique de la société Dallara.
Appartenance
«L’idée habitant le projet est donc la création d’un bâtiment capable de concilier l’identité individuelle des parties qui contribuent à créer le tout, avec un sentiment d’unité de l’ensemble, un paysage dans le paysage. Le bâtiment devient ainsi un élément vivant et dynamique, capable de redéfinir le lieu en l’enrichissant et en le caractérisant de nouveau et également doté d’une forte iconicité qui en fait un véritable repère minéral du paysage, tout comme le rocher au sommet de la colline sur laquelle le projet pose le regard», conclut Alfonso Femia.