Situé à Dikwella, sur la côte sud du Sri Lanka, le projet Ani Villa réalisé par AW² (Réda Amalou et Stéphanie Ledoux) compte sur une surface de 4,5 hectares deux pavillons à vivre, un pavillon événement ouvert, 15 Suites de 80 m², deux piscines et autres aménités. Communiqué.
Le projet Ani Villa est un peu à part. Il est à la fois villa et à la fois boutique-hôtel. Mais il est aussi caritatif puisqu’il comporte une école d’art, Ani Art Academy (ONG), qui est adjointe au programme.
Située sur un terrain proche de la villa, son fonctionnement est indépendant et son financement est assuré en grande partie par les revenus de la Villa. C’est une programmation particulière voulue par le Maître d’Ouvrage et propriétaire, qui souhaitait que ses projets à travers le monde puisse aussi bénéficier directement à la population locale.
Aujourd’hui, quatre Villas et ‘Academies’ sont ouvertes ou en travaux, avec l’ambition d’en réaliser une quinzaine environ.
«Le travail que nous avons réalisé sur ces deux projets, Villa et Academy, est intrinsèquement – et c’est vrai dans les deux cas – lié à la topographie des lieux et, par extension, au paysage», expliquent Réda Amalou et Stéphanie Ledoux, fondateurs d’AW² en 1997 à Paris.
La conception ne s’arrête pas aux bâtiments mais s’étend aux terrasses, jardins et cheminements pour ne créer qu’un tout continu, ou la frontière entre le bâti et le paysage disparaît. «La forte déclivité des terrains sur lesquels nous avons travaillé, nous a aussi poussé à trouver, pour chaque chambre ou pavillon, une manière de s’inscrire dans le site. Creusé, posé, suspendu, les possibilités étaient vastes. Le paysage est pensé comme un prolongement du projet architectural», expliquent-ils.
Ainsi les murs de soutènements, construits de pierre brun foncé modèlent le terrain et deviennent les plateformes sur lesquelles les pavillons en ossature bois, avec leurs grandes toitures à débord, sont posés.
Le choix d’une architecture de ‘clusters’ a encore renforcé ce lien entre bâti et paysage. Chaque fonction – chambre, salon, gym, spa… – est une structure indépendante et les liaisons entre celles-ci – cheminements, escaliers, rampes – sont extérieures. Ce tissage complexe de l’intérieur et de l’extérieur, de la topographie et de l’architecture, du végétal et du construit, crée une identité propre et une expérience du lieu riche de sens.
«Ces choix nous ont aussi menés à utiliser les codes d’une architecture tropicale et à les réinterpréter dans un langage plus contemporain. Ces éléments tropicaux sont présents partout, comme une réponse au lieu et au climat», poursuivent Réda Amalou et Stéphanie Ledoux.
Les différents pavillons qui composent la villa sont conçus en ossature bois. Les toitures en bardeaux de bois gris-argent émergent dans le paysage. Leurs larges débords prolongent les espaces de vie vers les terrasses, cadrent les vues et protègent les façades. Celles-ci sont dessinées dans un rythme rigoureux de panneaux, volets à persiennes et baies vitrées qui se succèdent. Les espaces s’ouvrent ainsi vers l’extérieur, renforçant le contact avec la nature. Les espaces communs sont semi-fermés par des volets ajourés, sans climatisation et ventilés naturellement.
Ce travail est prolongé à l’extérieur, où les terrasses sont conçues comme des espaces de vie. Ils sont organisés pour inciter à ‘vivre dehors’ avec de larges pergolas protectrices, des salons et ‘sala’ (pavillon de relaxation asiatique). Les piscines sont dessinées avec des plages, des assises dans l’eau, des lits de repos et des parties ombragées. L’eau est toujours présente dans le paysage. Les bassins d’eau structurent les espaces, dessinent les cheminements. Les fontaines verticales, construites de tuiles de récupération, marquent l’entrée et l’arrivée.
Une autre contrainte importante du projet est qu’il a été dessiné pour un propriétaire en chaise. «Nous devions assurer une accessibilité complète et invisible aux personnes valides, à tous les bâtiments ainsi qu’aux espaces paysagers. La difficulté était liée au site, sa déclivité et l’éclatement des programmes sur 4,5 hectares. Nous devions donc non plus penser à l’accessibilité comme une réponse technique mais comme une volonté architecturale pour que l’expérience du lieu soit la même pour chacun», concluent Réda Amalou et Stéphanie Ledoux.
Ce projet est nominé au Grand Prix AFEX 2018