À Arromanches-les-Bains (Calvados), sur le site du ‘D-DAY, l’agence parisienne Projectiles (les architectes Reza Azard, Daniel Meszaros et le designer Hervé Bouttet) a livré en mars 2023 (Tranche 1) et févier 2024 (Tranche 2), pour la commune maître d’ouvrage, le nouveau musée du débarquement. Superficie : 2 220 m². Budget : 8,52 M€ HT. Communiqué.
Ce musée paysage est pensé comme un « tout » appartenant à un dispositif muséal bien plus vaste, qui s’étend d’est en ouest (de falaise à falaise) et du nord au sud (de l’horizon au village). Depuis la place et le coteau, le musée est visible sur ses cinq faces et contribue à la diversité des regards portés sur le paysage à travers, en proposant différents cadrages, et en dialoguant avec les différentes échelles.
Un parvis ouvert sur la ville et un nouvel espace public arboré
Au service des usages du quotidien ou des grands jours de commémoration, la place du 6 juin 1944 est un lieu conçu pour accueillir un grand nombre de personnes. Tout en mettant en valeur le musée, le parvis est un espace idéal pour contempler le spectacle de la marée dévoilant les vestiges depuis les gradins.
À l’est, un nouvel espace public et arboré est créé en lien avec la cale. Il s’inscrit à la fois en complémentarité et en continuité de la place du 6 juin 1944. Des gradins supplémentaires complètent le dispositif et compensent le dénivelé plus important. Leur orientation diagonale dilate la promenade littorale et la reconnecte directement à la cale et aux rues adjacentes.
Insertion urbaine
Le projet se caractérise par sa relation au site, sa volumétrie simple et sa rigueur constructive. Il s’agit d’un musée-horizon dont les nombreuses échappées visuelles de l’intérieur vers l’extérieur (et inversement) sont de la plus haute importance.
Au rez-de-chaussée, l’espace public de la place et de la rue se prolonge dans le musée. Au premier étage, sur le plateau des collections, les cartes et objets dialoguent avec le paysage. En atteignant la toiture, structures, façades, cimaises et projections disparaissent. Le face-à-face avec le site est absolu : l’observation se fait contemplation, l’histoire se fait mémoire.
Un auvent de 4 m de profondeur et 8 m de hauteur s’étend sur toute la largeur du musée et marque clairement son entrée depuis la place du 6 juin 1944. Des poteaux préfabriqués en béton clair composent la périphérie du bâtiment suivant des trames différenciées. Leur mise en œuvre fait écho au génie d’ingénierie des modules constitutifs du port artificiel. Construits de l’autre côté de la Manche, les caissons Phoenix, les quais, les flotteurs et les tabliers des chaussées flottantes, ont ensuite été acheminés vers Arromanches-les-Bains pour y être assemblés. De grands châssis vitrés remplissent cet exosquelette en béton.
Structuration des espaces intérieurs
Une grande faille longitudinale de 16 m de long et de 4 m de large structure le plan de chaque niveau. Leurs dimensions présentent le même rapport de proportions que les plus grands caissons Phoenix. Une passerelle, que les visiteurs découvrent en entrant dans le parcours muséographique, semble flotter dans ce volume. Une bande transversale regroupe, tout en les dissociant, l’intégralité des circulations verticales pour le public.
La structure préfabriquée en béton se poursuit également à l’intérieur du musée. Des poutres transversales de 12 m sont implantées tous les 2 m, de la faille aux poteaux des façades nord et sud. À chaque niveau, elles libèrent deux grands plateaux, d’une surface de 360 m² chacun, de tout point porteur. De larges circulations intérieures se déploient le long des façades pour inciter les visiteurs à déambuler en périphérie des espaces. Leur dimensionnement tient compte de la forte fréquentation du lieu. Depuis l’extérieur, le musée n’en paraît que plus vivant et animé.
Les enjeux muséographiques
Né d’une intuition de Winston Churchill, le port artificiel est le symbole d’une prouesse technique et d’une aventure humaine hors du commun. Cette double immersion dans l’Histoire et les histoires des personnes ayant vécu à cette époque, marque les visiteurs depuis l’ouverture du premier musée en 1954.
À cheval entre le territoire et la mer, le parvis et l’intérieur du musée, le parcours débute entre la place du 6 juin 1944 et la promenade littorale. Les vestiges sont omniprésents et le resteront tout au long de la visite.
L’ouverture des salles d’exposition sur l’extérieur s’effectue progressivement, en suivant le cheminement chronologique et thématique du parcours : de l’entrée en guerre jusqu’à la libération.
Le parcours muséographique
Au rez-de-chaussée, le visiteur entre dans une salle gradinée, à l’ambiance feutrée dans laquelle est projeté un film introductif, contextualisant le propos muséographique. La visite se poursuit au premier étage en liaison visuelle directe avec l’horizon maritime et les vestiges de Mulberry B. Le visiteur termine la visite avec une maquette du port au 1/750ème. Elle permet de comprendre l’échelle, l’installation, le fonctionnement détaillé, l’organisation et l’activité du port à l’été 1944.
Un ‘mapping’ diffusé par des vidéoprojecteurs fait ressortir des éléments clefs : paysage, caissons brise-lames, navires, vagues, marées, débarcadères pour chalands et pour chars, môles, jetées, flux des chars et des militaires, éclairages de signalisation, etc.