Dans le quartier Amédée Saint-Germain de Bordeaux (Gironde), l’agence parisienne COSA (Benjamin Colboc et Arnaud Sachet) construit un îlot de 214 logements (174 locatifs sociaux, 40 en accession sociale) avec parking en superstructure de 193 places et aménagement d’un jardin central. Livraison 2023. Communiqué.
Le quartier Amédée Saint-Germain se construit sur les franges du domaine ferroviaire, entre les faubourgs d’échoppes de la vieille ville de Bordeaux et des vestiges industriels. Si l’articulation avec la ville de pierre passe aisément par une fragmentation des masses bâties, comment dialoguer avec ce paysage ferroviaire et industriel, qui constitue pourtant, depuis la gare Saint-Jean, l’une des portes d’entrée de la métropole ?
Le projet Amédée
Le projet mixte Amédée – 16 393 m² (1 270 m² espaces extérieurs) et 193 places de parking –développe l’idée de méta-architectures, lorsqu’une architecture est rattrapée, voire dépassée, par l’échelle ou les programmes qu’elle accueille. L’opération de 214 logements et parking silo s’inscrit dans l’empreinte au sol d’un îlot d’échoppes bordelaises. Elle en adopte d’ailleurs la minéralité blonde. Ses douze niveaux lui permettent de dialoguer avec le paysage ferroviaire et la skyline des bureaux voisins. Mais comment faire coexister l’ensemble ?
L’édifice adopte la monumentalité nécessaire au dialogue avec le site. Elle est exprimée par des pilastres de moucharabieh courants sur quatre niveaux, offrant intimité et usages aux balcons. Des fenêtres urbaines percent la masse bâtie, cadrent des vues entre le jardin de cœur d’îlot et la ville, tout en offrant aux logements de multiples orientations.
Traversants, double-orientés, triplement-orientés, distribués par paliers ou coursives, grands ou petits, avec balcons sur la ville pour la vue ou loggia sur le cœur d’îlot pour l’intimité, chaque appartement y est unique, chaque situation spécifique. Un parking silo surmonté de coursives distribuant des logements orientés vers le cœur d’îlot abrite des nuisances acoustiques des voies ferrées. L’ensemble dessine une arche monumentale marquant ce paysage d’accès à la métropole de Bordeaux.
Le jardin est au cœur du dispositif, prolongeant les qualités paysagères des rues avoisinantes dans l’édifice, l’élevant jusqu’au jardin suspendu du cinquième niveau, sur le toit du parking silo. Le jardin est drument planté, un peu sauvage. Il limite les vis-à-vis et apporte la fraicheur en été.
C’est ainsi, entre intimité et monumentalité, entre domestique et infrastructure, entre quartier et territoire, que cette architecture se décline.
Registre monumental
Le registre monumental du projet Amédée dialogue avec l’immensité du faisceau des voies ferrées, comme celle des édifices le peuplant par une série d’attentions : son gabarit, la partition de trois niveaux du programme tertiaire voisin traduite en quatre niveaux de logements…
À l’échelle du piéton, le traitement du socle, les aménagements paysagers, les percées vers le jardin ou les halls, le rythme des moucharabiehs, rendent le bâtiment appropriable.
Des porches monumentaux instaurent des continuités visuelles vers le jardin de cœur d’îlot. Ils manifestent l’organisation du plan d’ensemble en une série de plots reliés par des ponts d’habitation. À chaque plot son hall, ses distributions, sa vie d’immeuble.
Le parking se développe en silo, plutôt qu’en sous-sol, le long des voies ferrées pour former un rempart acoustique et vibratoire et libérer le jardin de pleine terre au centre de l’opération.
Les fenêtres urbaines monumentales affichent le jardin suspendu du cœur d’îlot vers la vieille ville renforçant le dialogue avec le quartier et démultiplient les orientations des logements. Une d’elle sera occupée par une sculpture de Nicolas Milhé.
Le jardin est au cœur du dispositif, prolongeant les qualités paysagères des rues avoisinantes dans l’édifice, l’élevant jusqu’au jardin suspendu du cinquième niveau, sur le toit du parking silo. Le jardin est drument planté, un peu sauvage. Il limite les vis-à-vis et apporte la fraîcheur en été.
L’échelle d’Amédée favorise des processus de préfabrication lourde. Les moucharabiehs, bandeaux, prémurs, façades du socle, sont coulés en atelier puis assemblés sur le chantier.
Le socle du bâtiment se retourne depuis les voies ferrées, accueillant les halls, mettant à distance de la rue les logements des premiers niveaux, accompagnant les piétons dans leurs cheminements.
COSA conçoit en sus, dans le quartier Amédée Saint-Germain, 39 logements en Maison de relais et Résidence sociale et mène la restructuration d’une halle du XIXe siècle en chai urbain et square minéral public.