Pour résister au monde d’écrans que nous préparent les pandémies mal maîtrisées, il faut bien imaginer encore des lieux où s’inscrivent et se développent des regards, des émotions, des réflexions croisées.
Dans ces lieux publics doit encore se manifester notre volonté d’être ensemble et de proclamer tranquillement : nous sommes bien les uns chez les autres à nous raconter des histoires, nous ne voulons pas rester isolés chez nous. Ces lieux s’appellent les rues, les places, les cafés… et leur quintessence se nomment « théâtres ».
Penser un théâtre qui forme une « colline publique » comme de grands emmarchements accessibles de toute part mais percés de portes qui conduisent chacun (par deux ou trois …) vers sa loge, ouverte sur le spectacle du monde intérieur…
Illustrée par un dessin trop vite fait, une nuit de confinement, en pensant à la disparition des festivals… Ce dispositif théâtral, qui paraîtra bien tragique à beaucoup, sert à exprimer ce paradoxe de l’architecture qui met à distance physique pour mieux réunir en conscience. Vaste débat, où notre croyance illimitée en la transparence nous fait nous écraser sur nos écrans plats…
Mais ce dispositif « dramatiquement hygiéniste » vient aussi de plus loin, procède d’un croquis de Leonard de Vinci, d’une composition de Louis Etienne Boullée, d’un schéma d’Adolf Loos … architectes confinés !
Xavier Fabre