
Pendant quatre ans (2019 – 2023), Charly Broyez et Laurent Kronental ont photographié La Grande Motte (Hérault). Au fil d’un voyage onirique entre réalité et fiction, les deux photographes ont certes mis en lumière son spectaculaire patrimoine architectural, des images cependant connues de tous. Le choix a ici été fait, au travers d’un triptyque,* d’explorer autrement cette ville singulière. Totems ou le symbolisme de la Grande Motte.
Jean Balladur a insufflé à La Grande Motte un symbolisme fort. Pour en saisir l’essence, il faut en assembler les éléments, comme les pièces d’un vaste puzzle.
Souvent, les vacanciers n’en perçoivent que la surface : la plage, la première ligne d’immeubles en front de mer. Pourtant, un travail architectural et paysager a été mené pour donner naissance à cette cité-jardin.

Nous ne nous attendions pas à découvrir une ville aussi profondément imprégnée de symboles, où chaque détail semble porteur de sens : des pyramides s’inspirant des civilisations Mayas et Incas, un dialogue fertile entre le vide et le plein, entre la minéralité du béton et le végétal des espaces verts, un équilibre des opposés, du dedans et du dehors, du masculin et du féminin, du Levant et du Couchant.
La Grande Motte a été construite sur une terre vierge. Jean Balladur disait : « J’ai tenté de pallier ce manque et de substituer des arrière-plans symboliques au déficit historique. Je les ai glissés dans la forme de certains bâtiments et certains lieux. Leur apparition renvoie à une image concrète ou géométrique dont le sens relève d’une idée archétype, qui est inscrite dans notre inconscient depuis les âges reculés. Le promeneur ou l’habitant joue alors à cache-cache avec les dessous mythiques qui s’y dissimulent ».
Il s’agit aussi, peut-être, d’une réflexion sur la manière dont l’évolution de nos modes de vie influence notre façon d’habiter la terre, en confrontant des pratiques anciennes, plus modestes, à des approches modernes. L’enjeu est de trouver des synergies entre deux mondes – l’urbanité de la Grande Motte et la nature sauvage de la Camargue – d’explorer comment la tradition et l’innovation peuvent coexister pour dessiner une nouvelle façon d’habiter les territoires.
Alors que nous avions l’habitude dans nos pratiques respectives de privilégier des lumières douces, nous avons progressivement compris que l’architecture de la Grande Motte, ville du soleil, s’épanouissait pleinement sous une lumière plus franche et haute.


La singularité des formes des bâtiments et la modénature de leurs façades génèrent une dynamique d’ombres et de lumières plus aisément observables entre 10 h et 17 h. Contrairement à d’autres lieux où la lumière zénithale a tendance à produire de grands écarts de contrastes, ici, elle peut exalter la puissance architecturale, évoquant certains paysages de la Grèce avec ses habitations blanches. Nous nous sommes même étonnés à photographier entre 12 h et 15 h en extérieur (par ciel bleu en été), à contre-courant de nos habitudes.
Laurent Kronental et Charly Broyez
(Re) découvrir les chroniques de Laurent Kronental et Charly Broyez
Découvrir plus avant le travail de Charly Broyez
Découvrir plus avant le travail de Laurent Kronental
* Découvrir l’intégralité du triptyque Cité Oasis : Totems ; Etang de l’Or ; Intérieurs