Pourquoi le site d’une ancienne décharge devrait-il être abandonné, surtout quand il est niché entre mer et étang, à portée d’innovation des stations balnéaires de la côte ? Réappropriation gonflée au méthane pour cette machine à paysage, premier prix ex aequo de Concours Acier 2020.
Le thème de Concours Acier 2020 était pour les candidats d’imaginer un lieu de vie capable de faire face et de répondre aux mutations liées au changement climatique. Outre le besoin crucial d’usage, les candidats devaient veiller à proposer un milieu à vivre assurant non seulement protection, sécurité et confort mais aussi stimulation intellectuelle et émotionnelle.
MACHINE A PAYSAGE
Caroline Desplan – ENSA Paris-Belleville
Premier prix ex aequo
La côte méditerranéenne autour de Montpellier se caractérise par une forte densité littorale d’activités humaines, notamment touristiques. Dans ce territoire, on compte plusieurs pôles d’attraction : celui de la métropole montpelliéraine, auquel s’ajoute une multitude de pôles secondaires de villes balnéaires, sur la langue de terre entre étangs et mer.
Dessinée par de larges vides séparant ces zones d’attractivité, cette frange de paysages lagunaires camarguais construit l’identité de ce territoire. Le projet propose une lecture sensible d’un territoire littoral abandonné comme espace potentiel de valorisation paysagère et intègre le projet architectural à une réflexion écologique à plus grande échelle. Il cherche à valoriser un site déchu aux problématiques diverses : l’ancienne décharge de Montpellier, qui a longtemps pollué ce paysage si singulier.
La Machine à paysage est une usine à double effet. En tirant parti de la décharge pour la dépolluer et en extraire du méthane, qui deviendra une source d’énergie pour la seconde partie de l’usine, elle profite de son implantation entre rivière et étang et installe une centrale osmotique, nécessitant de l’eau douce et salée, pour produire de l’électricité. L’ensemble du processus permet ainsi d’alimenter en électricité la ville voisine (16 300 habitants), d’améliorer l’écosystème des étangs fragilisés et, surtout, de réinvestir ce paysage oublié.
Cette ligne dessine un témoignage, une réécriture de ce passé toxique en une opportunité durable et vertueuse pour renouer avec un territoire meurtri.
Poutre treillis en acier de 240 m, l’usine se soulève sur des cuves porteuses, sans toucher au sol naturel. Encadré de larges escaliers, c’est la structure qui exprime la fonction de l’architecture. Le toit terrasse projette le regard vers l’horizon marin. Scandée par les cuves, la perspective entraîne le visiteur à marcher sur toute la longueur du bâtiment pour voir se déployer devant lui le paysage, sujet de toute l’intervention.
La machine à paysage est 1er Prix ex aequo de l’édition 2020 de Concours Acier
A propos du CONCOURS ACIER
Authentique laboratoire d’idées et de création, le concours « Acier » de ConstruirAcier s’est imposé au fil des ans comme un événement majeur et valorisant dans le cursus des étudiants inscrits en école française d’architecture et d’ingénieurs.
L’objectif est de donner aux candidats l’opportunité de découvrir et explorer les possibilités architecturales et techniques de l’acier en concevant un ouvrage avec ce matériau. Depuis plus de dix ans, des étudiants ont ainsi pu présenter leurs projets devant un jury composé d’architectes, d’ingénieurs, de journalistes et de spécialistes de la construction en acier et de membres de ConstruirAcier.
Les lauréats du concours sont récompensés par un prix de 10 000€, leurs projets sont publiés dans la revue MATIÈRES et dans le book des prix de l’architecture acier et présentés au public lors de la Steel.in en octobre à Paris.