Un mini Tour des Pyrénées-Orientales qui évite Perpignan. Font-Romeu, le col de Puymorens, le port d’Envalira et Beixalis, dont les pentes sont aussi dures à monter que délicates à descendre, la victoire est promise à un grimpeur. Mais lequel ?
Si le porteur du maillot jaune a de la marge, il permettra à un groupe d’échappés d’assurer le spectacle. Sauf que, un dimanche, veille d’une journée de repos, tous ceux qui ont déjà perdu le Tour vont se déchirer pour cette étape de prestige.
Les suiveurs ne voudront évidemment rien manquer de la bagarre et ils partiront avant même la caravane. Aucun détour pourtant cette fois puisque la seule visite architecturale de l’étape est exactement sur la route. C’est en effet l’occasion, pour les suiveurs qui ne le connaissent pas, de découvrir le Centre National d’Entrainement en Altitude (CNEA) de Font-Romeu, livré en 1967 par l’architecte Roger Taillibert. Prévoir un peu de temps pour la visite.
Un peu d’histoire.* Lorsque le Comité International Olympique attribue à Mexico l’organisation des Jeux Olympiques de 1968, les fédérations sportives du monde entier recherchent des lieux d’entraînement situés à des altitudes similaires à Mexico (2300m). L’idée de créer un centre d’entraînement pré olympique se dessine sous l’impulsion de Maurice Herzog, alors ministre des Sports. Plusieurs sites candidats furent identifiés : Val d’Isère, Tignes, Barcelonnette et Font-Romeu. Rapidement le choix se détermine sur Font-Romeu. L’altitude du site (1850 m), l’ensoleillement et la latitude (la plus basse de France) furent déterminants dans cette décision.
Le projet de Roger Taillibert se présente sous la forme d’un vaste amphithéâtre, protégé des vents dominants et largement ouvert sur le panorama grandiose de la Cerdagne. La proposition architecturale fut de créer une unité de lieu avec une continuité entre les chambres, la restauration, les installations sportives et médicales afin d’éviter des pertes de temps liées aux déplacements parfois difficiles en condition hivernales.
Le centre est par ailleurs doté depuis 1968 d’un collège et du Lycée Climatique et Sportif Pierre de Coubertin qui accueillent les élèves du secteur, des élèves sportifs de toute la France et ainsi que des élèves asthmatiques suivis par des établissements de santé environnants.
En chiffres, cela donne 200 emplois directs, 850 lycéens et collégiens, 550 étudiants STAPS résidants permanents. Plus récemment, la Région Occitanie a financé la rénovation de la piste d’athlétisme tandis qu’un nouveau bâtiment a vu le jour en août 2019 pour accueillir les délégations nationales et internationales.
Le CNEA va cependant encore évoluer avec la construction, confiée à l’agence bordelaise Moon Safari (avec Art Architecture architecte associé), d’un nouveau Centre de Préparation à la Haute Performance.
Au niveau programmatique, les bâtiments abriteront :
– un espace accueil et locaux supports : amphithéâtre, salle séminaire et analyse vidéo pour 800 m² ;
– une unité d’accompagnement à la performance sportive : médecine du sport, plateau de préparation physique, récupération humide avec bassin, cryothérapie, sauna, hammam, espace relaxation, espaces de soins kiné et ostéo pour 2 000 m² ;
– un bassin nordique extérieur de 50 m : 10 couloirs de nage : première mondiale à cette altitude ;
– un complexe sportif sports de combat et sports collectifs : gymnastique, halle multisports, salles de lutte et d’escrime pour 3 500 m².
« Le parti architectural repose sur des registres accentués par le contraste de leurs matières », explique Moon Safari.
Avant de quitter Font-Romeu, découvrir le four solaire d’Odeillo, un laboratoire de renommée mondiale de 54 mètres de haut et 48 de large comprenant 63 héliostats. Ce four solaire, l’un des deux plus grands du monde et fonctionnant à l’énergie solaire, a été mis en service en 1969.
Le site d’Odeillo a été choisi pour la durée et la qualité de son ensoleillement en lumière directe (plus de 2 400 h/an) et la pureté de son atmosphère. Les fours solaires de Mont-Louis et d’Odeillo ont servi de modèles dans le monde entier, démontrant le potentiel de l’énergie solaire et ses multiples applications. Mais bon, c’était il y a longtemps…
Bref, prendre une bonne bouffée d’air frais, profiter encore quelques minutes de la vue et du calme, il sera temps alors pour les suiveurs de rejoindre la caravane et plonger vers Andorre-la-Vieille pour attendre les rescapés de cette étape. Sur la route, passé la frontière, puisqu’évidemment l’hygiène de vie des suiveurs est impeccable, plutôt qu’acheter un ‘magnet’, faire le plein de cigarettes et de Pastis pour les copains.
Christophe Leray (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018
*Cet article s’appuie sur le dossier élaboré par Jean-Claude POUS “De Font-Romeu à Mexico / Du Mazerat à la Cité pré-Olympique” et publié sur le site du CNEA.