Pour cette étape, les suiveurs du Tour de France contemporain de Chroniques auront l’occasion, à Dole, de se baigner dans la culture du Jura.
Cette étape qui serpente entre les nombreux lacs du Jura sans s’aventurer sur les sommets du département va permettre au peloton de reprendre ses esprits au sortir des Alpes, surtout avec la dernière étape de montagne le lendemain, la veille de l’arrivée à Paris. Avec un peu plus de huit kilomètres de ligne droite finale, la timbale est normalement dédiée à un sprinteur. Mais combien d’entre eux sont redescendus de la montagne ? Une étape ouverte aux désespérés donc !
Avant d’arriver à Dole où ils passeront la nuit, les suiveurs passeront par Lons-le-Saulnier pour voir ou revoir le pôle culturel construit par Dominique Lyon (conçu et réalisé avec Pierre du Besset) et livré en 2012 et nommé au Prix de l’Equerre d’argent en 2013.
Au cœur de la vieille ville, l’équipement, auquel on accède par une rue étroite, rassemble une médiathèque et deux salles de cinéma d’art et d’essais, gérées par la ville. « Les trois voisins de l’équipement culturel sont : l’église des Cordeliers, l’Hôtel de Balay et le mur d’enceinte de la maison d’arrêt. Ils forment un ensemble urbain composé de lignes simples, de grandes surfaces minérales ou ardoisées et de masses imposantes, sobres et dignes », explique l’architecte.
« À cette compagnie sévère manquait un quatrième joueur qui anime la partie et mette la scène minérale en mouvement. C’est un rôle pour cet ouvrage qui danse pour exister face à l’Église et à la Justice pétrifiées », dit-il.
« Réglé par une combinaison de lignes courbes, le bâtiment paraît un objet autonome, libre de ses mouvements. Celui qui se place devant l’une de ses façades saisit son principe esthétique général, comprend qu’il s’applique à l’ensemble, et perçoit le tout, faces cachées comprises. Le bâtiment tourne sans bouger. L’observateur, en un seul coup d’œil, perçoit l’ensemble de la chorégraphie », conclut Dominique Lyon.
À l’issue de la visite, les suiveurs du Tour contemporain de Chroniques rejoindront Dole et sa vieille ville rassérénés quant à la danse et le joyeux ménage entre les anciens et les modernes.
Pour les suiveurs, cette journée, une fois n’est pas coutume, commence par quelques longueurs dans un bassin nordique, rare occasion de se baigner depuis les vagues énergiques de l’Atlantique. Bref, dès potron-minet pour vraiment en profiter, se rendre à pied, exactement en cœur de ville, à l’Espace Pierre Tallagrand.
En effet, pour développer l’attractivité du centre-ville, la ville de Dole a opté pour une démarche originale en prenant le parti fort de regrouper en un lieu unique, en plein cœur de la ville historique du XIXe siècle, d’importantes surfaces sportives à destination des scolaires et du public.
C’est donc le moment de découvrir l’ouvrage livré en 2021 par TNA Architectes (Thierry Nabères) et Serge Roux Architectes pour la Communauté d’Agglomération du Grand Dole. Sur 9 600 m², compter une salle évènementielle omnisports avec gradins, un double gymnase, une salle de danse, un mur d’escalade et des bassins intérieurs et extérieurs, dont les fameuses lignes de nage du bassin nordique que les suiveurs apprécieront.
À la sortie des vestiaires, ils saisiront alors vraiment comment un centre sportif est capable, en l’occurrence, de donner à la composition urbaine de la Place Précipiano une nouvelle richesse due à l’assemblage d’une forme parfaitement régulière, caractéristique des Places d’Armes, contrebalancée par la diversité architecturale de ses bâtiments de profils et d’époques variés.
Après un café à la cafétéria, se rendre alors, à deux pas, au Théâtre de Dole restauré en 2022 par François Chatillon Architectes. Les suiveurs du Tour de France contemporain de Chroniques tendent à privilégier les ouvrages innovants plutôt que les vieilles pierres mais puisque, vraiment, c’est à deux pas, ce serait dommage de se priver.
Le premier théâtre de la ville de Dole est aménagé en 1754 dans un bâtiment militaire, attenant à des écuries. L’écroulement de ces dernières en 1839 déclenche la construction d’un nouveau lieu de spectacle moderne, contribuant à la diffusion et à la transmission des arts et des sciences et au développement de l’art musical. Le chantier s’étend de 1840 à 1844 sur les plans de style néo-classique de l’ingénieur-architecte Jean-Baptiste Martin.
Le nouveau théâtre répond alors aux principes de convenance et d’économie voulus par les pouvoirs locaux de l’époque. La multiplication des balcons et la forme du théâtre en fer à cheval permettent de magnifier le lien entre la salle à l’italienne et la scène, en renforçant la proportion intimiste du lieu. Les loges et les balcons sont garnis de velours rouge et le décor est peint sur bois et toile marouflée.
« Plusieurs adaptations ont été effectuées pour rendre le théâtre conforme aux attentes de notre société contemporaine », explique François Chatillon. Afin de permettre l’accueil de tous les publics, un ascenseur accessible depuis l’extérieur a été installé. Il permet de desservir le théâtre et son premier balcon où huit places pour personnes à mobilité réduite (PMR) ont été créées. En coulisses, une loge PMR permet dorénavant d’accueillir les artistes de façon universelle. Les flux de circulation ont été repensés pour faciliter les entrées et les sorties des spectateurs ainsi que leur déambulation à l’occasion des représentations. À cet effet, l’accueil, la billetterie et le bar ont été déplacés.
Bref, de la belle ouvrage conforme à l’esprit du lieu.
Profiter des ruelles du centre-ville pour trouver un endroit accueillant où manger. Selon arrivage, choisir une matelote d’anguilles au vin rouge ou, pour les plus audacieux, une tourte d’escargot au comté. Sinon, partager sur le pouce une cancoillotte mettra tout le monde d’accord. Le tout arrosé avec modération d’un vin du Jura, vins plus nombreux que ne leur prête la culture populaire. À savoir, à Dole les portions sont généreuses.
Pas grave puisqu’il s’agit maintenant pour les suiveurs, qui ont déjeuné de bonne heure, de s’offrir une promenade digestive vers le Doubs, de traverser la rivière et d’aller découvrir « La Commanderie », salle de spectacles (de congrès et de sport), livrée à Dole en 2006 par Brigitte Métra, l’architecte presque régionale de l’étape puisqu’elle est de Besançon (Doubs).
Point de départ à l’époque du futur aménagement de ‘Dole rive gauche’, ce pôle culturel situé face à la vieille ville, au bord du Doubs et au cœur du « jardin des métamorphoses », en constitue le point d’orgue. Dans ce contexte exceptionnel de ville « sauvegardée », à un jet de pierres des arches en ruines d’un pont roman, s’est posé le problème de l’insertion de cet équipement. « Le minéral et le végétal sont le support de l’inclusion recherchée, disparition et métamorphose sont les clés de l’insertion », expliquait alors l’architecte, assurant – déjà – avoir cherché « à retrouver l’écosystème et redensifier l’état naturel du site ».
Ce n’est rien d’écrire que Dole, ville moyenâgeuse qui fut capitale de la Franche-Comté, a le goût des vieilles pierres. Considérons encore les bizarres exigences des élus à l’époque : il est quand même rare que quiconque souhaite organiser des matchs de handball ou de volley dans une salle de théâtre. En clair, les contraintes étaient de deux ordres : insertion d’une architecture contemporaine dans un site naturel et patrimonial et fonctionnement d’un programme un peu surréaliste.
Les suiveurs verront alors par eux-mêmes que, pour Brigitte Métra, il ne s’agissait même pas d’une gageure puisqu’aujourd’hui la salle n’en finit pas de bien fonctionner. La preuse, s’il n’y a pas de concert en été au moment où passeront les suiveurs, la saison 2023/2024 de la Commanderie reprend en septembre avec The OUIII Festival, avant Renaud, Arthur H et Louis Bertignac notamment, ce qui signifie qu’elle est sur la route des tourneurs !
Mais bon, Brigitte Métra et les salles de musique, cf la Philharmonie de Paris, elle sait faire.
Ensuite rejoindre Poligny par la départementale 905 pour arriver en salle de presse largement dans les temps et assister à l’arrivée. Une fois les reportages dûment signés et téléportés, les suiveurs avant de rejoindre leur hôtel pourront goûter en terrasse la truffe de Bourgogne, les œufs en meurette, voire une croûte aux champignons. Le tout arrosé d’un vin du Jura mais différent de ceux goûtés à midi. Et d’eau minérale pour se garder des coups de chaud !
Christophe Leray (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2023
– Toutes les Reconnaissances d’étape du Tour de France contemporain 2023
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les Reconnaissances d’étape du Tour de France contemporain 2022
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018