Le Festival des Architectures Vives* s’est achevé le 18 juin 2017 et a reçu environ 16 000 visiteurs sur le parcours montpellierain. Parmi les douze installations qui ont pu être visitées par le public, trois prix ont été décernés : Prix du jury, Prix du public et une Mention spéciale. Découverte.
Prix du jury : Paper Cloud
Kazuya Katagiri, Luis Lopez Resendez et Marco Budéus
Tokyo // Japon / Hambourg // Allemagne / Monterrey // Mexique
Paper Cloud élabore un espace d’illusion et de désillusion. Cet environnement phénoménal est ponctué d’ombre et de lumière, reflétant des couleurs différentes dans des temps différent. Les visiteurs réagissent à ces changements séquentiels au travers du sens tactile, et leurs corps sont liés à l’espace comme une partie intégrante de celui-ci.
Paper Cloud est composé d’environ 2 000 cylindres en papier plastifiés, assemblés sans fixations ni colles mais simplement emboîtés l’un dans l’autre. Cette structure de papier monochrome, simplement assemblée, contraste avec la masse de la chaussée en pierre et les murs de la cour. Cependant, une fois entré à l’intérieur, ce nuage fusionne avec la lumière et disparaît, se dissout telles les bulles. L’expérience immatérielle expose l’illusion de l’expression et éveille in facto leurs émotions.
A propos des lauréats : Le studio 3A est une unité de collaboration entre trois architectes originaires du Japon, d’Allemagne et du Mexique identifiant leurs propres milieux culturels et partageant une conscience mutuelle pour l’architecture et les sociétés. Leur approche s’intéresse à l’étude des échelles macro et micro afin de comprendre le contexte et les cultures.
La complexité urbaine d’un site ainsi que le facteur humain sont explorés dans diverses échelles. Ils ont développé une série de projets avec l’idée d’inclure les arts et métiers dans le processus de fabrication en adoptant des techniques traditionnelles et en employant des matériaux locaux. A travers ces interventions architecturales, ils expriment leur sensibilité pour les qualités tactiles de l’architecture et la matérialité fondamentale pour lier et communiquer avec les personnes et les lieux.
Prix du public : Immersion
Lucia Martinez Pluchino, Raquel Duran Puente
Bordeaux // France
Selon la définition du mot émotion, nous savons qu’en plus d’un contexte physique un facteur interne donc personnel influe sur le ressenti des émotions : les souvenirs, le vécu, le caractère ou l’état d’esprit. Ce festival procure un lieu et le défi, à travers la transformation de ce cadre, d’être capables de générer une émotion. Ces espaces qui servent aujourd’hui au passage deviennent donc, pendant quelques jours, des conteneurs d’émotions. «Nous voulions pousser cette idée à sa limite en remplissant une des cours de balles», expliquent les architectes.
Ce contexte physique permet une immersion totale du public dans l’expérience. Certains sentent la paix en se retrouvant isolés, cachés, protégés alors que d’autres retournent en enfance et veulent jouer jusqu’à l’épuisement. Une personne énervée peut se défouler et ensuite ressentir la sérénité.
Plaisir, euphorie, bien-être, angoisse, jeu, désorientation… personne n’en sort indifférent.
A propos des lauréates : Pouvoir intervenir dans l’environnement urbain, chercher des réponses adaptées aux changements territoriaux et sociétaux, offrir leur compétences sur la compréhension de l’espace et des volumes, ainsi que nourrir leur intérêt pour le design, l’art et la technologie sont autant de facteurs qui les ont amenées à étudier l’architecture.
Formées dans des environnements différents et venant des villes très éloignées, le hasard a fait que leurs chemins se croisent au sein de l’agence Flint Architectes. Elles travaillent depuis plusieurs mois sur un même projet pour la construction d’environ 300 logements. Cela leur a permis d’échanger largement sur leur métier et d’apprendre à travailler ensemble.
Immergées dans ce projet de grande échelle et de longs délais, elles sont aujourd’hui plus sensibles aux interventions éphémères et leur côté ludique. L’idée de pouvoir imaginer, concrétiser et même construire cette architecture non pérenne qui est née d’un concept, des discussions et divagations, l’échange d’idées ou références les émeut tout simplement.
Mention spéciale : La Madeleine
Justine Guyard, Alexandre Lahaye, Charlie Granjon, Thomas Pourteyroux et Gauhier Martinez
Lyon // France
L’émotion est multiple. Elle structure notre rapport à l’autre, à ce(ux) qui nous entoure(nt). Activée par les cinq sens, une odeur, une vision ou un goût stimule en chacun de nous des émotions différentes. Elles sont l’expérience de ce qui est passé, ce qui est en train d’être, ce qui sera. Le pouvoir de la nostalgie est de provoquer par la vision d’un même objet des émotions complètement diverses chez chacun d’entre nous.
La Madeleine de Proust est ce lien entre l’émotion passée qui nous structure, et le frisson qui nous envoi dans le futur. L’installation repose sur l’architecture, l’espace et la matière pour jouer avec notre nostalgie. Elle invite le visiteur à s’émouvoir en la parcourant, en interagissant avec elle, en faisant écho à ses souvenirs enfantins. Le cube lisse et parfait renvoie à l’âge adulte. Le monde qu’il renferme: évolutif, créatif et malléable fait appel à l’enfant, faisant de l’espace de la grotte, sa cabane.
A propos des lauréats : L’atelier Microméga est né d’une envie commune de créer. Ils sont cinq jeunes diplômés en architecture, et amis qui abordent l’architecture comme un champ multidisciplinaire. Rassembler les compétences de chacun permet d’acquérir des visions multiples aux projets. Créer un collectif les portes aujourd’hui pour entrer dans la profession en affirmant leur valeurs de travail et d’architecture.
Microméga est un regard créatif porté sur de multiples échelles d’interventions, qui questionne aussi bien le détail constructif que le grand territoire. Révéler les potentiels parfois cachés du site et en faire une force de projet. L’architecture comme catalyseur de la rencontre entre paysage et objet, espace et usager.
Forts d’un esprit curieux, créatif et engagé, Microméga questionne leurs référentiels toujours plus profondément et avec un oeil neuf. Chaque projet est une histoire qui invite à la réflexion. Ainsi, dans un monde toujours plus complexe, leur travail se base sur le détournement, l’évocation, l’immersion afin de donner du plaisir à l’usager par le corps et l’esprit.
*Le Festival propose dix sites où se développent les architectures vives selon la thématique «Emotion» établie pour cette 12ème édition à Montpellier. Ces réalisations éphémères de petites échelles, conçues de façon simple et évidente, prennent possession des lieux le temps du festival.