Passé un certain temps, ça se bouscule un peu : les petites loupiotes qui scintillaient appuient de leur mutisme les souvenirs noyés des reflets qui sont maintenant de l’autre côté seulement. Bien qu’il soit encore tôt, immobile, le tout est déjà bien chargé, et un peu froid. Comment, alors, s’y retrouver tout entier ? De la sérénité du chaos. Une Chronique Contempla(c)tive.
On pourrait lumineusement épurer, cacher l’incontrôlable du bouillonnement et fanfrelucher prévisiblement – mais on n’y est plus. Pas de feu ici, ni de vie : la cheminée s’est murée, le masque devenu mortuaire.
Alors il faut repartir du zéro : plonger, remonter en arrière, c’est à dire en avant – le grand saut.
Tout reconstruire, relier ici et là, finalement partout, monter, descendre, préparer le nouveau terrain de jeu, croiser grandes veines et petites artères et dresser de nouvelles racines.
Puis du sol au plafond cacher la tripaille si furieusement agencée, murer le foutoir qui nous forme pourtant si vivants : il faut bien que cela grouille, derrière, pour que le mélange prenne.
Et se préparer, enfin, à repartir à l’assaut. Bien qu’un peu trop à l’aise finalement : à force de murer on risque de se trouver plus contraint que proche du but espéré.
Et en effet, dehors, on est là bien seul, et le feu n’est encore que de l’autre côté, distant. Mais c’est pourtant là qu’il faut être : pour l’autre partie de la conquête, celle qui se voit et sera vue – la vraie.
Alors un petit retour, dernier, en compagnie de François 1er, près le réchauffoir et les cheminées – qui sont fenêtres sur le temps comme les autres. Le bois est là, tout prêt à être consumé, comme nous, ce qu’il fait déjà, si l’on s’y voit.
Et puis s’élancer, par quelque moyen que ce soit : escalier, ascenseur, tremplin de bois ou Icare du dimanche. On a l’impression que cela va descendre mais le tout monte, plus haut, toujours – et plus loin.
Un petit bled de forêt verte avec biches et lézards, c’est là que se trouvera le petit fanum centrant notre clairière : on peut y placer tout l’avenir que l’on souhaite car il est plus grand qu’il n’y paraît. Et l’on s’y rendra à chaque saison espérer pour la suivante.
Tenir le tout comme une cloche à souvenirs : langues d’herbe, biches cachées, lézards furtifs et grand pilier du milieu, pour l’hommage aux dieux. Il ne manque plus que d’agiter pour voir Helios se lever puis la neige ensevelir l’avant de sommets lointains ; nos loupiotes sont revenues, brillantes, et nous sommes en mouvement.
Et par tout cela, nous nous trouvons bien mélangés, presque épars – mais grandis, et rêvant, à nouveau.
Axel Dahl
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