Derrière le sigle qui évoque davantage une mission spatiale qu’un laboratoire de recherche se cache l’Institut de recherche en santé de Nantes. Mitoyen de Nantes-Biotech, construit par AIA, IRS 2 a été conçu par l’agence Bruno Gaudin architectes pour le compte de la région Pays de la Loire et de la Direction de l’enseignement supérieur et de la recherche. Livré à l’été 2016 et inauguré en janvier 2017, l’ouvrage est l’étendard du futur CHU qui devrait voir le jour en 2026. Visite.
Pour la phase 3 de l’ambitieux projet de l’île de Nantes dont Jacqueline Osty et Claire Schorter viennent de prendre la baguette de chef d’orchestre, l’attractivité du territoire passe désormais par la santé et la recherche. En témoignent IRS2 et Nantes Biotech, figures de proue du nouveau quartier.
Pour ces deux bâtiments, l’objectif est double : d’une part permettre d’accueillir dans les meilleures conditions des équipes de recherche fondamentale et d’autre part encourager les liens entre recherche et valorisation économique, pour contribuer au développement d’un pôle de santé-biotechnologies majeur sur l’lle de Nantes. Si la Métropole est téméraire, elle s’en donne assurément les moyens.
L’institut de recherche en santé se trouve à l’Est de l’implantation du futur CHU qui doit prendre place sur le quart Sud/Ouest de l’Ile de Nantes à horizon 2026. En vue du nouvel arrivant, le quartier se trouve en pleine mutation puisqu’il doit en quinze ans oublier son passé industrieux composé de grandes halles et de silos pour se tourner vers la recherche scientifique et ses salles blanches.
«Ces architectures fonctionnelles conçues le plus souvent avec les simples outils de la lumière et de la structure nous parlent», explique Mathieu Schneider, chef de projet de l’Atelier Bruno Gaudin, lors d’une visite de presse en septembre 2016. «Pour abriter ce programme de laboratoires, nous avons conçu un bâtiment lui aussi très lisible dans sa volumétrie et qui fait de son organisation fonctionnelle par niveaux une construction architecturale stratifiée».
En effet, les grands découpages programmatiques servent de point d’appui à l’installation des volumes tandis que les arêtes vives des baies cherchent à discuter avec la composition cubiste des cheminées, cylindres, voûtes, grands coffres à ossature des bâtiments industriels qui se trouvaient là, avant.
Les sept niveaux du bâtiment sont assumés et les stratifications horizontales donnent à lire le programme. Le rez-de-chaussée largement vitré forme le socle transparent que trois niveaux de laboratoires et d’espaces tertiaires surmontent. Cet ensemble est coiffé d’un volume en retrait de trois nouveaux niveaux (bureaux et étage technique). Ils allègent également le volume imposant et installent une première et nouvelle échelle au quartier.
Le futur IRS 2 forme un ensemble avec le bâtiment BIO Ouest, conçu par AIA. Les planchers se correspondent ainsi que les niveaux d’allège, de bandeaux vitrés sont sur le même principe tandis que la proximité dans le choix des matériaux et des coloris est remarquable. Un soin particulier a été porté à la continuité des espaces extérieurs et aux liaisons entre les deux bâtiments. Dehors, le bâtiment se caractérise par une enveloppe monochrome à base de panneaux d’aluminium.
L’atelier Bruno Gaudin livre ainsi un bâtiment de recherche qui marche assurément sur les plates-bandes de programmes tertiaires avec ses généreuses terrasses-jardins et sa toiture végétalisée. Le traitement paysager des espaces extérieurs garantit l’insertion harmonieuse du nouveau bâtiment dans le site. «Du premier au troisième étage, un dispositif répétitif place les bureaux au sud et les laboratoires dans la lumière diffuse du nord. Cette répartition principale définie deux plateaux que nous avons voulus libres», explique l’architecte.
La compacité du plan permet d’inonder les larges espaces intérieurs de lumière par de larges baies vitrées. «Au centre du plan, l’escalier n’est pas seulement utile pour l’évacuation, il est pensé comme un vecteur principal de l’unité du bâtiment et de son fonctionnement. Il est donc plus large que nécessaire. En son centre nous avons construit un vide qui reçoit de la lumière dans les derniers étages et dit la grande échelle de l’édifice», décrypte l’homme de l’art.
La présence du béton brut au plafond des bureaux ou sur les murs des circulations donne une matérialité aux parois et rattache la plus petite échelle, celle de l’immeuble et des bureaux, à la plus grande échelle, celle de la structure porteuse.
Les laboratoires sont placés en façade de façon à pouvoir être tous éclairés par la lumière naturelle des larges fenêtres. Ces pièces doivent accueillir les chercheurs que l’audacieuse cité de Jules Verne souhaite attirer avec l’objectif à terme de devenir un véritable carrefour de la recherche et de l’innovation en santé à l’échelle nationale et européenne. Porté par l’Université́ de Nantes, ce regroupement dédié́ à la recherche autour des maladies infectieuses, de la thérapie génique et des biostatistiques est aussi ouvert aux entreprises de biotechnologie. L’IRS 2 – Nantes Biotech représente ainsi la première brique du futur Quartier de la Santé.
Le dynamisme lié au déplacement du CHU sur l’île de Nantes offrira des opportunités de croissance et de développement. IRS2, en tant que première concrétisation du futur quartier hospitalo-universitaire de l’lle de Nantes, est-il emblématique d’un modèle nantais ?
«L’enjeu est aussi celui du rayonnement scientifique de notre université́ qui aujourd‘hui porte au plus haut sa candidature dans le cadre des appels à projets d’investissements d’avenir dont la santé est un des axes structurants», ont déclaré lors de la visite Olivier Laboux, Président de l’Université de Nantes et Philippe Sudreau, directeur général du CHU de Nantes. Et Bruno Retailleau, président de la Région, d’ajouter que «valoriser le développement et l’attractivité́ des pôles de recherche en Pays de la Loire est l’un des enjeux majeurs [du projet]».
«Symbole du partenariat entre plusieurs acteurs publics et accueillant chercheurs et entrepreneurs, ce projet matérialise le continuum entre formation, recherche, développement économique, seul moyen de renforcer simultanément l’excellence des soins pour tous et l’emploi. C’est aussi la première étape d’un projet urbain, d’un quartier de ville dédié à la santé», conclut Johanna Rolland, maire de Nantes et Présidente de Nantes Métropole.
Dont acte. En attendant 2026.
Léa Muller