Le journalisme coûte cher à produire mais ne rapporte rien. C’est un fait. Un article, ce n’est pas comme un produit industriel dont tout le monde a besoin, qui coûte tant à produire et que l’on revend tant, la différence faisant la marge. Sans compter qu’un article, ce n’est pas comme un jouet, cela doit inviter à réfléchir, à se faire une opinion ce qui, pour le lecteur, est plus difficile que de manger une glace au sucre.
C’est cette contrainte majeure – on produit à grands frais et ça rapporte que dalle – qui explique en partie que la presse généraliste, à de rares exceptions, se retrouve aux mains de grands groupes, qui souvent la financent à perte. Chacun connaît l’état de la presse généraliste en France. C’est un peu différent pour la presse spécialisée qui, si elle ne s’adresse pas au grand public, s’adresse cependant surtout aux annonceurs plutôt qu’aux professionnels.
Il est vrai que la presse indépendante, c’est compliqué. Au moindre article engagé, on se prend des beignes de toutes parts, au risque parfois d’envier le confort de la bienveillante neutralité. Sauf que l’indépendance, ce ne sont pas que des articles engagés, ce sont aussi des rencontres, des idées, des échanges, des reportages, des portraits, des visites, des entretiens, des brèves, tout ce qui fait la richesse d’un magazine.
Une société de presse est une définition légale qui engage la responsabilité d’une rédaction et de son équipe mais ce sont ses lecteurs qui font la réussite d’un journal, dans tous les sens du terme. Je veux d’ailleurs ici rendre grâce à celles et ceux, ils se reconnaîtront, qui ont permis à notre aventure d’arriver jusqu’ici.
A l’heure des nouvelles économies qui se mettent en place dans le cadre du bouleversement lié à Internet, dans la presse en particulier, nous essayons à Chroniques d’architecture de tracer une voie originale autant dans notre ligne éditoriale que dans notre liberté de ton et nos modes de financement. Tous nos choix peuvent être critiqués sauf celui d’aller de l’avant et de faire notre métier le plus honnêtement possible. Après tout, les musées ont leur boutique, les salles de spectacles ont leur boutique, les clubs de sport ont leur boutique… Alors bienvenue dans le kiosque de Chroniques.
Vive la presse indépendante ! Vive l’architecture !
Christophe Leray
Rédacteur en chef