Pour investir l’immense espace d’exposition temporaire que le MAC VAL met à sa disposition, Kader Attia a créé un parcours initiatique construit autour de deux notions étroitement mêlées : l’architecture et sa relation aux corps. Jusqu’au 16 septembre 2018.
L’exposition-événement Les racines poussent aussi dans le béton s’attache à livrer des pistes de réflexion sur des questionnements qui s’ancrent dans le travail que mène l’artiste depuis de nombreuses années et dans une Histoire partagée : quels regards porter sur les grands projets urbains de l’après-guerre, grands ensembles caractéristiques de ce qu’on appelle les cités dortoirs, qui incarnent des versions fortement digérées et abâtardies des théories et recherches modernistes et utopiques de la première moitié du XXe siècle, et dont les racines sont pourtant à chercher du côté des architectures de terres du Mzab aux portes du Sahara ?
Que reste-t-il de l’utopie ? Du vivre ensemble ? Quelles relations ambivalentes entretient-on avec son espace de vie, privée ou publique ? Avec son histoire ? Avec ses racines ?
Dans une optique de désaliénation, de déconstruction du regard colonial et moderne, de réappropriation des récits collectifs et individuels, l’exposition Les racines poussent aussi dans le béton explore les relations entre corps physique et corps social, à travers une interrogation des effets de l’architecture sur la psyché, des affects aux corps, sans esquiver la dimension paradoxale et fantasmatique (le retour au pays par exemple) de ces questions.
Poursuivant ses recherches sur les membres fantômes, l’artiste envisage ici l’architecture dans sa dimension de prolongation des esprits et des corps, explorant la tension espace privé/espace public (notamment au travers des figures du transsexuel, du chibani et de tous les corps réprimés et objectivés au détriment de leur subjectivité…). Le corps est appréhendé tout autant comme contrôlé, mais également dans ses possibilités infinies de révolution et d’action.
Un grand nombre d’œuvres est produit spécifiquement pour ce nouveau projet qui s’ancre dans une réflexion autobiographique.
Ce parcours labyrinthique s’ouvre sur l’errance du personnage de Jean Gabin, de Pépé le Moko (Julien Duvivier, 1937) à Mélodie en sous-sol (Henri Verneuil, 1963). Les corps des visiteurs sont conditionnés dans une déambulation qui sollicite tous les sens et met en exergue l’itinéraire d’un enfant de banlieue.
Ayant grandi à Garges-lès-Gonesse, il souligne la familiarité des paysages (architectures, population, transports en commun, etc.), et la sensation qu’il a, à chaque fois qu’il vient au MAC VAL, de «rentrer à la maison».
Commissariat Frank Lamy, assisté de Julien Blanpied
Les racines poussent aussi dans le béton
Exposition de Kader Attia
Musée d’art contemporain du Val-de-Marne
Jusqu’au 16 septembre 2018
Place de la Libération 94400
Vitry-sur-Seine
T + 33 (0)1 43 91 64 20
www.macval.fr
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