Sur Paradise Plaza, Miami, Florida 33137, USA, l’agence parisienne Tolila + Gilliland a livré à l’été 2018 un ensemble neuf de commerces en R+1 de 2.000 m². Maître d’ouvrage : Miami Design District Associates. Budget $4M. Une architecture qui permet à l’artisanat de rejoindre la technologie de modélisation 3D, au cœur du nouveau quartier du Design District à Miami. Communiqué.
Les matériaux sont au centre des choix architecturaux de l’agence Tolila+Gilliland, avec la volonté de convoquer les cinq sens, d’oser une sensualité de la matière et d’offrir une perception sensible.
S’inspirant d’une part de l’architecture traditionnelle, l’art très coloré et graphique des premiers indiens de Floride, l’histoire art déco de Miami, les couleurs des cabines de plage, les végétaux et les minéraux de la région, mais aussi de l’art contemporain, Gaston Tolila et Nicholas Gilliland ont créé des motifs géométriques et développé des couleurs de références pour imaginer neuf bâtiments complétant un ensemble de soixante boutiques (art & design) et d’une dizaine de restaurants.
Plus de 70 000 pièces de briques de terre cuite émaillées ont ainsi été posées à la main avec la participation des Compagnons. Les variations de ces motifs sont renforcées par des nuances de couleurs qui viennent vibrer sous le soleil de Miami.
Le bâtiment anime une face de la nouvelle place piétonne, Paradise Plaza, de ce quartier émergent de Miami, que le magazine américain Vogue qualifie de «coolest neighborhood in America».
Du contexte au concept
En 2014, les développeurs du nouveau quartier du Design District à Miami demandent à l’atelier d’architecture Tolila+Gilliland à Paris d’imaginer un bâtiment neuf de commerces. Il s’agit de compléter un ensemble de soixante boutiques de luxe et d’une dizaine de restaurants dans un réseau de ruelles autour de dix-huit blocs totalisant 100 000 m² de commerces.
«Notre réflexion part de l’analyse des éléments contextuels comme l’architecture traditionnelle de Floride, l’histoire art déco de Miami, les couleurs des cabines de plage, les végétaux et les minéraux de la région. Beaucoup de ces éléments sont liés au climat particulier local, chaud et humide. Nous découvrons notamment l’art très coloré et graphique des premiers indiens de Floride, les couleurs caractéristiques des immeubles Art Déco de Miami Beach et de constater la présence de ce graphisme coloré dans l’architecture locale, jusqu’à aujourd’hui», explique Tolila+Gilliland.
«Nous développons ensuite ces références géométriques et colorées dans des dessins où nous réinterprétons ces motifs. Nous créons ainsi nos propres motifs et couleurs en référence d’une part à l’histoire locale et, d’autre part, à des références externes que nous cherchons dans l’art contemporain ou dans l’architecture européenne. Ces compositions sont travaillées d’abord de manière indépendante, puis à l’échelle des volumétries des commerces. Ces nombreuses tentatives donnent lieu progressivement à une interprétation formelle de ce travail graphique et à une recherche de moyens simples pour y arriver», poursuivent Gaston Tolila et Nicholas Gilliland.
Etude chromatique des volumétries
Le bâtiment abrite huit commerces différents, quatre au rez-de-chaussée et quatre à l’étage. La volumétrie générale se décompose en boites agglomérées qui permettent d’identifier indépendamment chacun des commerces, tout en gardant une unité d’ensemble. La volumétrie est pensée pour s’adapter aux différents parcours, depuis la place piétonne, par les escalators extérieurs et les escaliers intérieurs, jusqu’aux passerelles et terrasses du premier étage.
«Nous avons alors l’intuition de répéter un motif en losange, de le plier, et de tenter de générer tout ce système avec un seul module de base. Cette étape consiste à créer une épaisseur à cette composition, une troisième dimension, à donner du relief à cette façade pour avoir une variation de sa perception suivant les heures de la journée et les ombres correspondantes. C’est un jeu graphique qui se nourrit du climat local. Ce travail de bas-relief nous oriente assez vite sur la possibilité d’assemblage d’éléments, de briques, qui permettraient d’obtenir le résultat voulu», racontent-ils.
«Nous cherchons des géométries pour quelques briques, puis finalement une seule brique en 3D qui permette par différentes combinaisons d’assemblage et de rotation d’arriver à une diversité importante de texture de la peau de façade. En ajoutant des couleurs différentes à cette brique losange, nous arrivons à traduire la complexité géométrique et chromatique de départ. Un choix limité de couleurs est retenu, à la suite de nombreux essais, en travaillant sur des identités différentes à l’échelle des boutiques et en essayant de garder une unité d’ensemble», indique Tolila+Gilliland.
Les couleurs matérialisées par des briques de terre cuite émaillée qui sont étudiées pour pouvoir s’assembler en partie courante. Toutes les combinaisons sont représentées et modélisées dans un modèle 3D (sous le logiciel Revit). Aux limites, des briques spéciales sont ajoutées afin de répondre aux conditions particulières de début et de fin. D’autres éléments du projet sont également travaillés suivant le même système géométrique, comme les garde-corps métalliques ou la couverture des escalators. La géométrie triangulaire des briques est reprise, à la même échelle ou agrandie, suivant le tracé des lignes directrices.
Matériaux
La structure du bâtiment en acier avec remplissage en maçonnerie permet un large choix de technique de façade. La terre cuite émaillée a l’avantage d’être un matériau naturel, texturé, vivant sous la lumière, et qui peut se recycler facilement.. «Ici l’artisanat rejoint la technologie de modélisation 3D, puisque le choix d’une brique simple permet de la réaliser par un démoulage de terre cuite. La géométrie des différentes pièces contient aussi les contraintes de fabrication des moules et de démoulage facile des pièces. Les couleurs finales choisies sont également liées à la matière elle-même et aux possibilités de teinte du matériau par des pigments», concluent Gaston Tolila et Nicholas Gilliland
Le projet final est le résultat perceptible, dans la structure de sa façade, d’un processus de conception itératif et transdisciplinaire.