Le musée des Beaux-arts de Zi Bo, la capitale de la province du Shandong, dans le nord-est de la Chine, s’appelle le Great Wall Museum of Fine Art. Les murs en question sont ceux, immenses, d’une usine désaffectée en plein cœur de cette ville de quatre millions d’habitants. Conçu par l’inévitable Han Wenqiang, fondateur en 2010 à Beijing d’ARCHSTUDIO, la réhabilitation traduit l’obsession de l’architecte pour rendre public des espaces auparavant fermés et interdits. Communiqué.
Il y a une usine désaffectée, près de la gare de Zibo, qui se trouve derrière le centre-ville animé. A l’origine une usine pharmaceutique, elle fut inaugurée en 1943. Cependant, à cause de l’urbanisation, l’usine dut fermer et être relocalisée. Tout l’équipement fut enlevé, laissant une friche industrielle totalement vide.
Après avoir été abandonnée durant des années, l’usine vit désormais un tournant de son existence. Le potentiel d’une structure de longue portée et sa texture terreuse en avait fait un lieu utilisé par de nombreux artistes. Le site fut finalement transformé en musée d’art contemporain.
Le site, rectangulaire et d’environ 3 800m², comprend trois usines et quelques entrepôts de tailles inégales. Très peu d’arbres ou de plantes car un équipement de l’armée de l’air se trouve sous la dalle de béton.
Le parti pris architectural s’appuie sur la structure décentralisée des éléments industriels et la présence d’un espace extérieur fermé à fort caractère. «Nous voulions un dessein qui met en avant la relation entre extérieur et intérieur, qui renforce l’interaction humaine avec un environnement artistique. De plus, au travers de la flexibilité des espaces, nous voulions doter l’usine d’une vie urbaine ‘normale’», indique l’architecte Han Wenqiang.
Une voie de circulation, un couloir translucide, connecte l’intérieur et l’extérieur de l’usine, l’impression mécanique du lieu en étant modifiée. Cet espace lumineux, sensuel et multifonctionnel réunit une librairie, une salle de thé, un studio d’art, une salle de réunion et d’autres espaces, et donne ainsi son unité au complexe.
Le verre et des panneaux d’acier gris décorés reposent sur le sol, dedans et dehors, créant une ligne horizontale harmonieuse. «Nous avons conservé au maximum les caractéristiques originales du design industriel traditionnel avant d’y incruster un éclairage moderne et des murs d’affichage. A l’extérieur, le ciment et les pavés forment avec quelques arbres l’environnement qui coopère avec les espaces intérieurs», poursuit l’homme de l’art.
Avec le développement de l’économie et la rapide expansion de l’urbanisation en Chine, de nouveaux bâtiments sont bâtis jour après jour, tandis que de plus en plus d’anciens bâtiments traditionnels sont démolis. «Néanmoins, il y a de nombreuses façons de démontrer la pertinence d’un bâtiment et sa valeur pour la ville, et l’art est l’une de ces façons. Un espace d’art contemporain ne devrait pas uniquement servir de galerie mais devrait aussi pouvoir être un espace d’activités multiples, au service de plusieurs segments de la population. Il nous faut donc mieux convaincre les villes de rendre l’art plus proche de notre style de vie», conclut-il.
Traduction : A. L.
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