Dans une zone en restructuration urbaine radicale, le long du boulevard périphérique (Porte Pouchet), la résidence Odalys City***, 148 chambres, déroule sa longue façade sur ce qui deviendra bientôt la place Pouchet. Le projet, livré en novembre 2017 après 23 mois de chantier pour un budget de 10,8 M€, s’inscrit dans un aménagement de ZAC porté par les urbanistes TVK et Michel Guthmann. Communiqué.
La proposition architecturale de l’agence Hardel Le Bihan répond à trois enjeux :
L’articulation d’une diversité d’espaces et d’échelles a priori difficile à faire cohabiter. Ce tissu distendu et hétérogène va de l’infrastructure «métropolitaine» du périf’ et des grands programmes tertiaires voisins à l’échelle plus humaine et habitée de la rue Rebière, en passant par le vaste espace public de la place qui remplace l’ancienne fourrière.
Le respect du confort visuel et de l’intimité des habitants des logements «Borel», à l’arrière de la parcelle. Le bâti vient s’enrouler autour de la barre Borel et limite la proximité entre les deux entités (résidence Odalys et barre de logements). Il ménage des vues lointaines, qualitatives, aux habitants des logements. Là où les façades des deux bâtiments sont les plus proches, le bâtiment est volontairement désépaissi : à partir du R+4, les chambres ne sont plus orientées vers les logements.
La pente du terrain a incité les concepteurs à scinder l’ensemble et à proposer un bâtiment bas qui participe à la mise à distance de la barre Borel : il est occupé par un grand commerce (bardage bois et toiture végétalisée). Un jardin a été créé entre les deux, avec des arbres plantés en pleine terre. À l’arrière, l’escalier de secours suspendu est une proposition architecturale à part entière qui offre aux logements un vis-à-vis dessiné.
La réduction de la réverbération acoustique sur la future place publique. Au lieu de générer une nuisance supplémentaire, la longue façade ondulée d’Odalys contribue au confort urbain en diffractant le son des véhicules.
L’onde a donc été conçue pour des raisons acoustiques mais aussi pour apporter un peu de volupté dans cet univers périurbain froid et impersonnel. Une écriture originale et considérée ici comme nécessaire, dans la production de l’agence parisienne coutumière d’un langage plus orthogonal.
La volumétrie du bâtiment et le traitement de son enveloppe permettent de répondre à ces trois enjeux. La forme en pointe au plus près du BP est également un signal qui matérialise la présence de la place en contrebas, tout en permettant de maintenir un niveau bas par courtoisie pour les habitations voisines.
Le programme d’Odalys induit une façade très longue et monofonctionnelle malgré la présence des commerces au RDC et de la salle de petit déjeuner au 6ème étage. Pour éviter la monotonie d’un alignement de très nombreuses fenêtres, celles-ci ont été associées par deux ou par trois et affichent en lisière du BP des fenêtres aussi grandes que possible.
A l’intérieur, les circulations sont caractérisées par des voiles de béton traité brut, sans peinture ni enduit. Une finition particulièrement résistante aux coups de valise, etc. Au milieu du bâtiment se trouvent les noyaux d’ascenseurs. Les longs couloirs sont éclairés naturellement grâce à une fenêtre au niveau de la cage d’ascenseur et aux extrémités.
Evolutivité du bâti et mutabilité des usages. Tous les murs séparatifs entre les chambres sont en cloisons, une volonté des architectes d’anticiper la mutabilité des usages. Ce sont les murs des couloirs et des façades qui sont porteurs, le reste des séparations sont des cloisons légères facilement démontables. En cas de changement d’affectation, il sera simple de réaménager de grands plateaux libres, etc.