En juin 2021, l’agence parisienne Graal (Carlo Grispello et Nadine Lebeau) a livré à la ville d’Orly (Val-de-Marne), maître d’ouvrage, pour un budget de 1,2 M€ HT, une salle des fêtes de 630 m² pour trois salles modulables. Un volume capable simple, chapeauté par une toiture pliée en huit pans. Communiqué.
Le territoire d’Orly, connu essentiellement pour ses activités aéroportuaires, est avant tout un territoire habité. Le programme a pour ambition d’offrir aux Orlysiens un nouveau lieu festif et polyvalent à l’orée de l’aéroport et de la ville.
Le site semble un lieu à part, appartenant à la fois au grand paysage aéroportuaire et à l’intimité de cette frange de ville composée d’un tissu pavillonnaire et de bâtiments logistiques. Orienté face aux pistes, le terrain forme un promontoire autour duquel s’enroule en contre-bas une départementale très passante laissant des vues directes vers l’agitation lointaine des pistes.
Entre nappe pavillonnaire et enfilade de hangars logistiques, la nouvelle salle des fêtes s’affirme, par sa conception et sa construction, comme un hangar festif. À mi-chemin entre un ouvrage industriel préfabriqué bon marché et une maison ordinaire, le bâtiment se déploie suivant deux volumes cubiques de mêmes dimensions qui tentent de s’éloigner de la typologie du hangar pour s’approcher de l’échelle domestique de l’habitation.
Deux lectures du bâtiment s’offrent aux vues lointaines et proches par un jeu d’imbrications et de matérialités entre les volumes des salles, qui reprennent la typologie de la maison à deux pans, tandis que l’enveloppe métallique cubique répond aux hangars industriels contigus.
Conçue entièrement en ossature bois, la structure de la salle des fêtes forme un volume capable simple, chapeauté par une toiture pliée en huit pans.
L’alternance des portiques et des poutres en bois rythme l’intérieur des salles, laissant apparaître le système constructif qui compose le bâtiment. Celui-ci est complété de murs ossatures bois et de panneaux de toiture en bois structurel laissés également apparents. De profondes retombées de poutres franchissent les portées et guident les murs mobiles pour former de véritables alcôves acoustiques tout en offrant un vaste espace continu au sol.
L’enveloppe métallique constituant l’habillage du complexe de façade se prolonge au-delà du volume bâti et confère à l’ensemble sa dimension publique et institutionnelle, permettant à la salle des fêtes de renforcer sa présence dans ce paysage péri-urbain.
A travers sa teinte champagne, ses ondulations et ses perforations, le bardage en tôle ondulée thermolaquée offre une image changeante et renouvelée de l’équipement par des jeux de reflets et de transparence. En fonction de la lumière, de l’éloignement et du point de vue, qui est multiple sur cette parcelle en angle, le bâtiment crée un réel effet cinétique.
Pour s’adapter à la forme particulière de la parcelle en quart de rond et s’inscrire dans les servitudes aéroportuaires, les deux volumes de la salle des fêtes se déboîtent pour former une entrée abritée sur la façade nord.
Le bâtiment s’organise autour d’un large espace convivial et qui peut se moduler selon les besoins de ses occupants en se scindant en deux ou trois salles par des murs mobiles acoustiques. Ces trois salles en enfilade se déploient le long d’une bande de service logeant les entrées, les sanitaires, les offices, un bureau de gestion et les locaux techniques ; celle-ci est positionnée sur la façade nord de l’équipement en contact direct avec le parking et le parvis d’entrée.
Les espaces conviviaux s’ouvrent au sud par le biais de quatre larges ouvertures horizontales qui cadrent les pistes d’atterrissage tout en permettant un apport de lumière naturelle maitrisée. Elles sont complétées par deux ouvertures ponctuelles latérales, ainsi que par des exutoires positionnés au droit des quatre toitures à deux pans en panneau bois, permettant un apport de lumière zénithale.
Les luminaires et les baffles acoustiques positionnées le long des portiques en bois accompagnent les plis de la toiture, valorisant les espaces intérieurs. Ainsi, les volumes intérieurs, la lumière naturelle diffuse et le bois apparent confèrent aux salles une ambiance chaleureuse et domestique rompant avec le contexte « industriel » auquel l’enveloppe métallique se réfère.
Le sol en béton quartzé des salles s’inscrit dans le prolongement du béton désactivé clair utilisé pour le parvis et les terrasses, indiquant le statut piéton de ces espaces. La construction de la nouvelle salle des fêtes est aussi l’occasion de requalifier le maillage du quartier par la redéfinition du profil de la rue Parmentier, l’intégration de stationnements et la valorisation des cheminements doux longeant l’équipement.
Conçue à travers une grammaire dictée par une forte économie des moyens (moins de 1900 €/m²) la nouvelle salle de fêtes d’Orly reste généreuse par ses usages et son fonctionnement qui permettront à la commune d’accueillir de multiples événements sur un site aux accroches territoriales emblématiques pour Orly.