Au-dessus du glacier du Val Senales (Haut Adige, Italie), l’agence noa (network of architecture) a livré en 2020 l’observatoire Ötzi Peak, du nom de ce chasseur de l’âge du cuivre retrouvé-là plus de 4 000 ans après sa mort. L’option intégrale en acier autopatinable a permis de réaliser cet ouvrage spectaculaire.
Culminant côté italien à 3 251 m d’altitude, le glacier tyrolien du Grawand partage ses eaux entre la mer Noire via la vallée autrichienne de l’Ötztal et l’Adriatique via le Val Senales transalpin. En contrebas du sommet, une momie congelée fut découverte en 1991. Près de deux décennies plus tard, l’agence noa (network of architecture) basée à Bolzano et… Berlin a livré en 2020 une plateforme panoramique toute en acier autopatinable.
Homm(age) du cuivre
Jusque-là destiné aux alpages, le Val Senales fut « exploré » dans les années 1920 par quelques alpinistes et skieurs émérites sud-tyroliens. Le développement populaire des sports d’hiver durant les sixties fit du petit village de Maso Corto en aval une station courue à moins de 40 km de Merano.
Inauguré en 1975, un téléphérique permet de gagner le sommet du glacier dont le refuge fut plus tard remplacé par le Grawand Glacier Hôtel, point de départ d’une trentaine de kilomètres de pistes skiables. Le 19 septembre 1991, un couple de randonneurs découvre, à 3 606 m sur les pentes du Similaun proche, un corps gelé gisant dans la glace fondue du glacier. Supposant avoir affaire au cadavre d’un malheureux alpiniste, il le signale à la gendarmerie autrichienne et aux carabinieri italiens.
Dégagée quatre jours plus tard puis héliportée à Innsbrück, la momie révèle sur son site plusieurs vestiges archéologiques. Les scientifiques finiront par établir qu’Özti – l’homme de glace – était mort il y a… 4 546 ans, soit à l’âge du cuivre comme l’attestait la hache trouvée près de son corps.
L’Histoire s’étant ainsi invitée à quelques centaines de mètres d’un des plus hauts hôtels d’Europe, les autorités du Haut Adige décidèrent de bâtir au sommet du pic un « monument » d’où embrasser les cimes à 360 ° et observer en surplomb la pyramide de pierres signalant le tombeau glacé d’Ötzi.
Couronne des cimes
Fondée en 2010 à Bolzano – la capitale du Trentin Haut Adige – par Lukas Rungger (1977) et Stefan Rier (1979), l’agence italo-germanique noa traite de nombreux projets à vocation touristique et hôtelière. Retenue pour ce projet, elle a imaginé une intervention avec le minimum d’impact sur le site naturel et d’entretien ultérieur mais permettant aussi une mise en œuvre compatible avec le climat d’altitude.
L’option intégrale en acier autopatinable fut ainsi retenue pour une plateforme d’environ 80 m² réalisée à partir d’un caillebottis reposant sur une poutraison croisée n’offrant que six points d’ancrage pour un maximum de porte-à-faux.
En forme de haricot, les lames rayonnantes qui ceinturent sa périphérie en guise de parapet constituent un effet cinétique modulant en permanence la perception du paysage alentour lors du déplacement de l’observateur tout en allégeant celle de l’observatoire lui-même et des garde-corps de la rampe et des escaliers d’accès depuis la station supérieure du téléphérique lors de l’ascension.
Seuls en émergent la croix métallique préexistante autour de laquelle se love l’édicule et un parallélépipède de section trapézoïdale, prolongé d’un balcon vitré, dont la forme en entonnoir focalise instinctivement le regard du visiteur vers le modeste mausolée de pierres d’Östy. Des lettres découpées distillent avec élégance quelques « légendes ».
Préfabriqués en atelier, remontés sur la base chantier intermédiaire, les différents tronçons constructifs ont été hélitreuillés sur site où ils furent assemblés dans les délais impartis de mars à août 2020.
Article issu de la revue Matières (N° 9)
ConstruirAcier, l’association qui valorise l’architecture acier depuis 2008
Un musée, un stade, un centre commercial, une gare, un aéroport, des logements, un pont, un immeuble de bureaux, une maison, un entrepôt, une passerelle, une école… Tout, décidément tout, peut être construit en acier. Et ce n’est incontestablement pas un hasard si ce matériau le plus utilisé dans les pays industrialisés depuis le XIXe siècle a franchi haut la main les étapes de la transition écologique de l’orée du XXIe siècle… Architectes et concepteurs ne s’y trompent pas et misent sur le matériau acier pour conjuguer à l’envi performances techniques, efficacité et sens de l’esthétique.
ConstruirAcier proposent ainsi les Trophées Eiffel, lesquels contribuent à faire connaître des œuvres architecturales variées et significatives, réalisées tout ou partie grâce au matériau acier. Ils sont attribués par un jury indépendant à des œuvres construites en France, conçues par des architectes sans restriction de nationalité.
Ces prix s’inscrivent dans une perspective de promotion de l’architecture métallique et de ses concepteurs, architectes et ingénieurs. Ils ont aussi l’ambition de souligner les savoir-faire des entreprises de construction métallique et de métallerie et toutes les qualités du matériau acier.
En 2020, dix projets ont été récompensés dans les catégories Franchir, Architecture et Ingénierie, Habiter, Travailler, Apprendre, Divertir, Voyager, Innover, Restructuration et International.
ConstruirAcier, c’est aussi la Revue Matières, magazine de référence de l’architecture acier.
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